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Chomsky à Clichy-Sous-Bois

Publié le 31 mai 2010 par Uscan
C’était l’étape officieuse de sa tournée en France, loin de la foule qui s’est pressée ces derniers jours à Paris pour l’entendre au Collège de France ou à la Mutualité. Hier après-midi, ils étaient à peine plus d’une vingtaine à patienter dans le hall du lycée Alfred-Nobel, guettant l’arrivée de Noam Chomsky, le célèbre linguiste et militant, dont ils écorchent encore un peu le nom.
Je ne le connaissais pas avant, mais on a fait une réunion de préparation
, souffle un jeune homme.
Quand Noam Chomsky arrive, il s’installe sans cérémonie à l’une des tables disposées en U dans le hall. Les ados l’entourent. Petit tour de présentation. On commence par Aminata, Fatouma, Kartoum et Goundo, collégiennes venues avec les animateurs de la Maîtrise d’œuvre urbaine et sociale (Mous) de la Forestière, vouée à la démolition.
La Forestière, c’est une cité pauvre et sale, mais on s’y sent bien, explique l’une d’elles. On en a marre de voir tous les yeux sur nous.

De la marginalisation des banlieues, de la « mauvaise image » de Clichy, héritée de 2005, colportée en France et ailleurs, il est beaucoup question. Certains défendent leur ville, comme Farid, qui veut « montrer sa richesse culturelle ». Noam Chomsky, attentif, prend des notes, questionne un jeune homme sur la création du collectif AC Lefeu après les émeutes. Un lycéen lui demande « des idées concrètes pour améliorer la situation de la ville ». « Je suis venu ici pour apprendre, pas pour donner des solutions », répond le philosophe, affable, en anglais. Mais il livre tout de même des pistes de réflexion :
Ce que vous dites, je pourrais l’entendre de la bouche des jeunes des quartiers pauvres de Boston ou d’Argentine. Dans ma ville de Boston, il n’y a pas de couverture médiatique dans les quartiers populaires, sauf pour parler des fusillades ou des agressions. Les médias représentent l’élite.

Il évoque aussi le chômage, la « politique de nettoyage sociale » en Colombie… Mais, dit-il, « j’aimerais surtout savoir ce que vous pensez pouvoir faire ici. Comment amener votre richesse culturelle dans le centre de Paris? Comment améliorer les transports? » « Ce serait bien d’interdire les délocalisations à l’étranger et de délocaliser en banlieue », lance une jeune fille, qui, pour traduire son espoir de faire bouger les choses, utilise une jolie formule : « Un arbre qui tombe fait plus de bruit qu’une forêt qui pousse. » « J’ai beaucoup aimé cette image, tu ne m’en voudras pas si je te l’emprunte? » lui demande Noam Chomsky. « Je savais que cela lui plairait », note Pierre Pica, le linguiste à l’origine de cette visite. « Il a l’habitude de ce type de rencontre au Brésil, au Mexique… Clichy, c’était un lieu symbolique. » Muwasan, 20 ans, apprécie :
On a l’habitude depuis 2005 de voir débarquer des gens qui veulent donner des solutions sans savoir ce qui se passe à Clichy. Lui s’est vraiment intéressé à la ville.

Reproduction d'un article du Parisien ...

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