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Louise Nevelson

Publié le 22 novembre 2007 par Anne Malherbe
HEUREUSEMENT que François était là pour commenter ma précédente note!! VOUS FAITES QUOI, LES AUTRES????
... Sachez que sans soutien et sans communauté, moi, je ne fais plus d'efforts!!
Et, bon point pour François qui sera le chouchou du jour, il a trouvé la raison pour laquelle, aujourd'hui, je vous parle de Louise Nevelson, la fameuse, annoncée depuis plusieurs jours!
C'est que Louise Nevelson, eh bien, elle a traité d'une manière fort singulière, un thème aujourd'hui très à la mode, celui du cabinet de curiosités.
En fait, Louise Nevelson n'est guère connue en France, malgré des oeuvres conservées notamment dans la Donation Cordier, déposée au Centre Pompidou et aux Abattoirs de Toulouse.
Elle est née en 1899, morte en 1988; avec ses parents, elle a quitté très tôt sa ville natale de Kiev pour s'installer à New York, où elle a travaillé toute sa vie, à l'exception d'un voyage en Europe dans les années 1930, qui lui a fait découvrir le surréalisme.
Son travail prend place entre la fin des années 1950 et la fin des années 1980.
Et voici une oeuvre de Louise Nevelson:
Il s'agit de Sky Cathedral, daté de 1958.
Aucun artiste d'aujourd'hui n'a cette radicalité dans le traitement du "cabinet de curiosités", qui mêle ici une très grande inventivité à une extrême compacité.
En fait, ses sculptures sont pour la plupart faites sur le même modèle: des assemblages de casiers de bois, dans lesquels sont rangés des bouts de bois flottés comme des fragments d'objets manufacturés (pieds de lits, barreaux de chaises, ...), ou, pour reprendre la distinction des cabinets de curiosités, aussi bien les naturalia, recueillis dans la nature, que les artificalia, ouvrages humains.
Louise Nevelson voulait-elle explicitement traiter à nouveau frais le thème du cabinet des merveilles? Je n'en sais rien. Mais on trouve dans son travail ce qui en fait le charme, à savoir l'infini contenu dans le fini, l'univers entier transportable dans une boîte.
Il est frappant de constater aussi combien certaines de ses sculptures adoptent la forme de l'orgue, l'instrument universel, celui qui peut émettre et combiner toutes les sonorités possibles:
Seulement, chez elle (et c'est ce qui est fort), l'ensemble de la sculpture est recouvert de peinture noire. Ou bien, parfois, de blanc. Ou encore, enduit de peinture or (Dawn, 1962). Badigeon qui métamorphose les objets contenus dans les boîtes et leur fait perdre leur singularité:
Si le savoir alchimique était vivace au sein des cabinets des merveilles, on le retrouve ici, avec ses 3 étapes:
- l'oeuvre au noir, le creuset, là où tout se mêle et subit une transmutation
- l'oeuvre au blanc, étape de décantation
- l'oeuvre au rouge, où le matériau premier finit par devenir de l'or.
Mais ce qui me plaît surtout, chez Louise Nevelson, c'est que son art est aussi un art d'assemblage, où il s'agit de placer des choses les unes à côté des autres, de les faire tenir dans des casiers, et d'empiler ceux-ci, autant que cela est possible.
Et là, nous voyons apparaître l'autre modèle prégnant dans son travail, celui de la grande ville et des buildings.
Il y a assurément chez cette artiste le souvenir d'utopies constructivistes ou de celles qui ont été pensées par le Bauhaus: l'idée d'un art total, où sculpture, architecture et urbanisme ne sont que les 3 degrés d'un même art; où il s'agit aussi de penser une globalité.
Du coup, son travail en arrive à être inquiétant. Une pensée totalitaire, qui série, classe et range, se montre soudain à l'oeuvre.
Ce sont des sculptures d'ombre et de lumière: les objets contenus dans les casiers ne sont jamais complètement visibles, on en perçoit qu'un côté. Ils nous font glisser du mystère au malaise, de la suggestion poétique à une rigidité inflexible.
Si la seconde tendance domine à mesure qu'on avance dans la vie de l'artiste, la première reste malgré tout présente. D'une oeuvre à l'autre, on bascule vers l'un ou vers l'autre versant.
Si on peut parler du travail de Louise Nevelson par analogies (comparaison avec le cabinet de curiosités, comparaison avec la ville), il reste, en dernière instance, très hermétique, serré sur lui-même, austère.
... Parce qu'on vient tout juste de passer minuit, j'offre à ceux qui me lisent durant leurs insomnies, ou qui s'apprêtent à rejoindre Morphée, un viatique pour la nuit, ce Bagage de Lune, une mallette de rêves à garder avec soi

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