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Forum franco-israélien: le cinéma à l’honneur

Par Mickabenda @judaicine

Judaiciné-Yaël Abecassis par Xavier NATAFAu théâtre Suzanne Dellal de Tel Aviv se jouait ce lundi une scène bien particulière. En tête d’affiche, les acteurs Stéphane Freiss et Yaël Abecassis, ainsi que la réalisatrice israélienne Keren Yedaya. Détrompez-vous, ils n’étaient pas réunis pour jouer, mais pour participer au forum franco-israélien sur la démocratie qui s’est tenu pendant trois jours dans ce centre culturel, au coeur de Neve Tzedek. Au programme, une heure et demi de débat et d’échange sur un thème précis: le cinéma comme lieu de contestation de la société. L’occasion, aussi, d’établir des liens entre le septième art français et israélien.

Face à l’actualité brûlante qui secoue l’opinion, ce panel est l’un des rares à être resté neutre. Les personnalités invitées pour ce colloque ont su défendre leur art et leurs valeurs avant tout autre chose. Stéphane Freiss le premier. « A la différence des intervenants qui sont présents aujourd’hui et qui sont directement ancrés dans les faits et la réalité, j’ai la chance de pouvoir véhiculer autre chose qui est l’émotion. Par l’émotion et par le rêve, on arrive aujourd’hui à être davantage crédible.» A l’étiquette d’artiste « engagé », il préfère celle d’acteur « concerné ». Ce forum, qui donne la parole à la fois à des politiques, des journalistes et des écrivains, permet à chacun d’exprimer son opinion et d’obtenir un raisonnement plus complet sur les défis que posent l’idée de démocratie, et ce aussi dans le domaine artistique. Le metteur en scène Katriel Schory s’est livré à un tour d’horizon du cinéma israélien. Il a évoqué une réelle mutation des productions israéliennes davantage basées sur des histoires personnelles, prenant de plus en plus la forme de documentaires, qui racontent avec force et courage une réalité encore trop dissimulée. « Le cinéma israélien ose, il prend des risques et a l’honnêteté d’aller jusqu’au bout de sa démarche, et cela, plus qu’en Europe. » Mais si la volonté de changer le visage du cinéma israélien est là, des films comme « Lebanon » ou « Valse avec Bachir » n’ont pas connu le succès escompté à l’intérieur du pays. Ils ont eu, par ailleurs, un véritable écho à l’étranger. Yaël Abecassis, actrice principale dans le film de Radu Mihaileanu « Vas, vis et deviens » a été directement concernée. « Quatre millions de personnes ont vu « Vas, vis et deviens » en France. En Israël, le film a été un échec.» La réalisatrice Keren Yedaya, réalisatrice du film « Jaffa », qui avait défrayé la chronique à sa sortie, apporte un élément de réponse. « Les gens n’ont pas envie de revivre une histoire douloureuse. En tant que créatrice, je me dois de toucher le plus de gens possible. Le cinéma est avant tout un art pour les masses. » A la différence du cinéma français, les films israéliens sont vite « épinglés » comme films « politiques » à partir du moment où ils s’intéressent aux citoyens et à leurs souffrances. Si le public reste encore à convaincre, le dialogue est toutefois ouvert. « Le public doit être conscient qu’on ne peut pas toujours raconter de jolies histoires, notre travail vient des tripes. Nos films sont souvent les projets de toute une vie. On s’investit personnellement. ». Le succès a plusieurs visages, celui du box-office et des récompenses n’est peut-être pas le plus important. « Adjami », le film de Scandar Copti et de Yaron Shani a rassemblé 180 000 spectateurs en Israël. Une victoire pour Katriel Schory car, parmi eux, plus de la moitié étaient des arabes israéliens, une population qu’il fallait toucher. C’est davantage dans cette prise de conscience que le cinéma israélien veut œuvrer. Concernant leur carrière, les acteurs sont unanimes sur leurs projets. C’est en Israël qu’ils conçoivent leur avenir. Stéphane Freiss se dit très attaché culturellement à cette terre. Quant à Yaël Abecassis, la question ne fait pas l’ombre d’un doute. « Je suis d’abord israélienne, actrice après. Je suis revenue travailler ici car c’est mon lit, c’est ma vie. Mon travail peut permettre de changer les mentalités. Car le cinéma, c’est le miroir de la réalité et en même temps, le chemin des alternatives. » Source : www.guysen.com

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