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Critique en avant-première : L'Autre monde (par Jango)

Par Jango
Critique en avant-première : L'Autre monde (par Jango)

Synopsis :

C'est l'été dans le sud de la France. Gaspard est un adolescent heureux qui partage son temps entre ses amis et sa copine, Marion. Mais Gaspard va rencontrer Sam et sa vie va basculer. Car Sam est une fascinante jeune femme qui cherche dans le jeu virtuel "Black Hole" un partenaire pour mourir.
Haut et CourtHaut et Court
Critique :
Ce n’est non pas à Cannes mais bien à Paris que j’ai pu découvrir samedi dernier, sur l’invitation de touscoprod le fameux « L’autre monde » de Gilles Marchand avec entre autre, Louise Bourgoin et Melvil Poupaud. L’autre Monde est un film ayant fait pas mal parlé de lui sur internet, notamment par le fait qu’il s’agissait du fer de lance de touscoprod, l’un des sites où les internautes peuvent devenir co-producteurs en finançant une petite partie du métrage. D’autre part, sa sélection hors compétition à Cannes a permis de mettre les projecteurs dessus, projecteurs soutenus par le buzz autour de la fameuse photo de Louise Bourgoin, nue dans une piscine. Une mise en avant qui sera bientôt renforcée par celle de Paris Cinéma, Festival au sein duquel sera projeté le film le 8 juillet prochain, soit une semaine avant sa sortie officielle.
A bien des égards, le projet était donc attendu pour de bonnes ou de mauvaises raisons. Pour ma part, c’est principalement le fait que le film annonçait mixer prises de vue réelles avec animation 3D qui m’intriguait et m’a poussé à aller le découvrir. En introduction de la projection, le réalisateur Gilles Marchand à qui l’on doit « Qui a tué Bambi » a expliqué ses motivations quant à l’écriture de cette histoire. Pour lui, réel et virtuel se mêlent au quotidien, notamment chez les jeunes qui utilisent l’informatique comme l’un des moyens de communication principal. La perception de l’autre à travers le prisme d’un avatar est donc bien différente de la réalité, et ce pseudo anonymat modifie qu’on l’admette ou non notre perception du monde.
Avec plus ou moins d’aisance, c’est ce que « L’autre monde » nous donne à voir. Un couple d’adulescents découvre, après l’avoir pris en filature, un mystérieux couple s’asphyxiant dans une voiture pour se donner la mort, et arrivent à sauver in-extremis la jeune femme, Audrey, interprété par Louise Bourgoin. De cette rencontre du garçon avec la mystérieuse et suicidaire Audrey va naître une passion étrange, presque malsaine. Au détour d’une discussion, il apprendre qu’Audrey est une habituée du jeu Black Hole (ersatz imaginaire de Second Life mais en version beaucoup plus noire et minimaliste) et va donc essayer de la rencontrer par ce biais.
Louise Bourgoin. Haut et CourtGrégoire Leprince-Ringuet. Haut et Court
A la base, en sortant de la salle, je pensais ne pas avoir aimé le film. Mon cerveau continuait de gamberger et après 2 jours de repos, je ré-évalue mon jugement à la hausse. Non pas que le film soit devenu d’un coup génial mais je crois en effet qu’il fait parti de cette catégorie un peu à part qui nécessite une seconde visualisation pour asseoir définitivement son jugement. Après réflexion, L’autre monde m’apparait comme nettement plus convainquant, tant par son histoire que par la manière de la raconter. Il y a tout d’abord ce jeune couple, archétype des années lycées mais finalement interprété sans caricature et avec une sincérité naturelle touchante, notamment la jeune Pauline Etienne, particulièrement juste. C’est à travers leur relation amoureuse que nait le malaise de Black Hole. L’amour naissant passionné va peut à peut chavirer suite à la passion dévorante de Gaspart sur Audrey, jeune femme mystérieuse, magnétique, provocatrice et pour couroner le tout peu pudique. Bref, une joyeuse compilation de tout ce qui passionnera un adolescent dans la fleur de l’âge.
Mais Audrey demeure bien inaccessible malgré une certaines facilité à la voir régulièrement. Le moyen le plus sûr, entré dans son monde, celui de Black Hole, un monde noir et blanc, triste et inquiétant. Ces passages virtuels demeurent au final bien peu nombreux et relativement court. Je veux bien entendre qu’ils furent long à réaliser mais n’allez pas croire qu’ils représentent 50% du film non, à peine 10%, maximum. Dès lors, ces passages au sein du jeu occupent une place presque anecdotique, et le reveal de la fin confirmera leur statut faussement central à l’histoire. Le monde virtuel est un prétexte à présenter une histoire qui aurait finalement bien pu s’en passer, l’intérêt du film étant de mon point de vue ailleurs. Qui plus est, le manque de réalisme n’arrivera que peu à convaincre les spectateurs de l’addiction du jeune Gaspard à cet univers virtuel.
http://medias.lepost.fr/ill/2010/03/12/h-20-1984066-1268387258.jpg
Sans être moralisateur (heureusement), L’autre monde met en garde contre « simple clic » qui permet de faire des choses à travers un personnage de pixels que l’on n’assumera pas dans la réalité. En jouant cette dichotomie Gilles Marchand nourrie mutuellement ses deux univers et les personnages qui y prennent part. La mort qui dans un vous ramène à la Plage Noire pour y recommencer une nouvelle vie…partie, vous amène directement au cimetière dans l’autre, et sans la possibilité de rejouer. Car il est bien là le cœur du film, la mort ! La mort par des couples de jeunes qui, unis dans un monde virtuel décident de mettre fin à leur jours dans le monde réel, ensemble, comme pour réaliser un acte héroïque.
Moderne sans être djeun’s, L’autre Monde est une approche maligne même si parfois peu crédible de ce grave problème de société. Bien sûr, on pourra trouver à redire 1000 choses sur ce film, que le montage est parfois un peu aléatoire, que l’on pourrait facilement couper 20 minutes, que l’entrée de Louise Bourgoin ressemble plus à une blague kitsch qu’à du cinéma mais au delà de ces erreurs, L’autre monde intrigue et nous maintient attentif.
Je conçois aisément que le film puisse laisser une impression mitigée car il n’est pas forcément simple et rapide d’accès. Mais il n’en demeure pas moins que son efficacité est là, même si elle réside à mon sens moins dans la forme (même si les paysages Marseillais sont joliment filmés) que dans le fond.
L’autre monde est une œuvre originale et intéressante qui mérite sincèrement que l’on s’y attarde, juste un peu plus que le temps de la durée du film.
http://www.crucq.fr/bj&mat/lautremondeap.jpg
Ci-après, la bande-annonce du film suivie d'un extrait :

L'autre Monde - Extrait Tu connais Black Hole
envoyé par waytoblue. - Les dernières bandes annonces en ligne.

Sortie officielle française : 14 juillet 2010

 

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