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A Bali, le climat est incertain

Publié le 10 décembre 2007 par Willy
A Bali, le climat est incertain
Par http://www.liberation.fr/

Samedi à Manille (Philippines). Photo Reuters

Réunir un maximum de nations autour d'un projet commun destiné à réduire le réchauffement climatique... C'est l'enjeu de la réunion internationale indonésienne qui entame lundi sa deuxième semaine de négociations. Petit tour des montagnes restant à gravir, à la mi-temps du sommet. Christian Losson LIBERATION.FR : dimanche 9 décembre 2007 Nusa Dua (Bali, Indonésie), envoyé spécial

1 Les négociateurs dans le dur

Bali, ces plages de sables fins, et son sablier qui s’écoule… Le sommet ne vise pas à accoucher «d’un accord pleinement négocié sur le changement climatique», comme le martèle Yvo de Boer, le patron de la conférence et secrétaire exécutif de la CCNUCC (Convention cadre des Nations unies sur les changements climatiques). Non, l’idée est plus pragmatique. Tracer une feuille de route de négociations devant être bouclée au plus tard fin 2009.

Les scientifiques du Giec, prix Nobel de la paix 2007 ont déjà déblayé le terrain. Ils appellent à diviser par deux d’ici 2050 (80% pour les pays industrialisés) les gaz à effet de serre (GES) pour limiter le réchauffement à 2°C. Comment embarquer tout le monde dans le train des négociations, y compris les pays du Sud, qui ne veulent pas sacrifier leur développement sur l’autel du climat?

Si des dizaines de milliers de personnes ont manifesté ce samedi à travers le monde, à l’appel du réseau Global climate campaign, pour demander des mesures audacieuses, les discussions entamées à Bali le 3 décembre s’avèrent laborieuses. Et les rares décisions prises restent très techniques. Or, le moteur des conventions climats carbure aux décisions politiques…

2 Les ministres dans le pipeline

En attendant le bal des limousines à venir, on peut toujours se consoler et faire un tour de taxi solaire avec Louis Palmer, un Suisse qui boucle son tour du monde sans essence, via Bali. Ou rire un bon coup en écoutant le vicomte Monckton of Brenchley, «négationniste» du réchauffement climatique selon les ONG et ex-conseiller du Premier ministre britannique Margaret Thatcher, ce samedi: «Il n’y a pas de changement statistiquement significatif du réchauffement global.»

 

Mais voilà, l’urgence est ailleurs. «Trop de questions non réglées sont encore sur la table, souffle Yvo de Boer. Le menu risque d’être indigeste» pour les ministres de l’Environnement. Ils se retrouvent mercredi et jeudi, avant leurs conclusions, vendredi. Ou samedi, si le sommet jouent les prolongations.

Il faut donc mettre les bouchées doubles lundi et mardi pour «déblayer» les problèmes. Pour mieux faire passer les plats, le secrétaire général des Nations unies Ban Ki-moon et l’ancien vice-président américain Al Gore – qui doit recevoir demain à Oslo son prix Nobel de la paix – sont invités au banquet. Sans parler de la pléthore de stars, qui devra trouver un guide pour s’orienter dans le labyrinthe d’événements en marges de l’événements…

3 Les fossés qui divisent les Etats

Dans cette partie d’échecs, la division se poursuit sur l’échiquier des négociations.
Entre pays industrialisés: l’Europe pointant du doigt le boulet nord-américain, qui n’a pas ratifié Kyoto et tente de promouvoir son propre agenda sur des bases d’engagement volontaires…
Entre pays du Sud: les pays les moins avancés, dont les petites îles comme Tuvalu, n’ayant pas envie de disparaître sous les flots pendant que les gros émergents (Chine, Inde, Brésil, etc) joue la carte du troc. Et tentent de négocier un deal sur le transfert de technologie contre un engagement à tempérer leurs émissions….
Entre, plus classique, le Nord et le Sud, les premiers ayant une responsabilité historique à assumer dans la «pollution climatique». Les seconds étant invités par les nations industrialisées comme le Japon, le Canada ou les Etats Unis, à rejoindre le mouvement.
Sans parler des bisbilles entre ONG, délégués et experts. Exemple, parmi tant d’autres, de projets suscitant la controverse: REDD, pour «Réduction des émissions issues de la déforestation et de la dégradation». Le but: être payé pour ne pas déboiser. Un enjeu majeur pour le monde, qui échoue à freiner la déforestation, responsable de 20% des émissions de dioxyde de carbone (CO2), soit davantage que toutes les industries de transport. L’idée consiste à donner à un arbre un prix correspondant non pas à sa valeur une fois coupé mais au carbone qu’il stocke en restant en vie. L’Indonésie, 3e pollueur mondiale, escompte récolter 2 milliards par an si un tel deal voit le jour.

 

4 L'Amérique du Nord dans le collimateur

Droit dans ses bottes. Le négociateur en chef américain présent à Bali l’a martelé pour les sourds et les malentendants. Oui, Washington proposera son propre plan de réduction des émissions de gaz à effet de serre en 2008. Non, il ne s’engagera pas dans les jours à venir en faveur d’objectifs contraignants. «Nous ne sommes pas prêts à le faire ici», serine Harlan Watson.
Un processus parallèle de discussions a été lancé en septembre par George W. Bush, qui a invité à Washington 16 autres «grandes économies» dont la Chine et l’Inde pour s’entretenir d’un futur programme international de réduction des émissions de GES. Harlan Watson l’assure: la décision définitive devrait être annoncée lors d’une réunion au milieu de l’an prochain. «Rien d’autre que de tels pourparlers parallèles pour court-circuiter les négociations sous l’égide de l’ONU», enrage un diplomate européen.

Bien qu’ayant ratifié Kyoto, le Canada figure aussi en tête de liste des désormais «bad states». Toronto est sous le feux des critiques depuis que le premier ministre – libéral – Harper a affirmé, fin novembre, que le Protocole de Kyoto était une «erreur». L’Australie, de son côté, a rejoint le camp des éclaireurs du climat: Canberra a signé le fameux pacte…

(1) Le Protocole de Kyoto de 1997 fixe à une trentaine de pays industrialisés signataires l’objectif d’une réduction de 5% en moyenne des émissions de GES par rapport aux niveaux de 1990 dans les cinq prochaines années.

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