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Où il est question d’un coquillage invisible ou d’une oreille malade, d’une vieille dame mourante, d’une doctoresse curieuse, et de pensées inintéressantes extraites d’une journée partiellement inutile

Par Junkofrantic

Depuis trois semaines, un coquillage invisible m’emprisonnait l’oreille droite. Je ne commence pas ce texte ainsi pour faire de la pseudo-poésie, ce que j’entendais me rappelait le “bruit de la mer” dans les coquillages ramassés sur les plages africaines ou, plus clairement, les sons perçus quand on bloque en partie le passage de l’air dans le conduit auditif. C’était une sorte de souffle constant et caverneux. De plus, la douleur autour s’apparentait à celle d’un coquillage qui s’enfoncerait dans la chair, progressivement, un peu plus profondément chaque jour. Après avoir espéré une guérison sans intervention extérieure (pourquoi est-ce que ce qui survient sans raison apparente ne disparaîtrait pas de la même manière ? Cette croyance raconte l’histoire de ma vie, en tout cas celle de mes conneries, du moins en partie), j’avais finalement pris rendez-vous avec un spécialiste proche de mon domicile à 17h30, heure de mon retour chez moi d’habitude. Le matin même, on m’a “fortement recommandé” d’assister à une conférence au centre-ville, laquelle a modifié mon emploi du temps.

Me voilà confrontée à deux possibilités : si j’y vais directement, j’aurais une demi-heure d’avance ; si je rentre chez moi, j’aurais à peine le temps d’ouvrir la porte avant de repartir. En réalité, j’exagère un peu car je pouvais passer une vingtaine de minutes dans mon appartement sans me mettre en retard, mais la chaleur m’assommait depuis le lever du soleil alors je savais que la fraîcheur de mon salon et les bières glacées entassées dans mon frigo m’ôteraient la force de ressortir.
Je déambule donc autour de la porte du cabinet médical en cherchant quelque chose d’intéressant à faire dans les parages. D’abord, je constate que je ne suis jamais venue dans cette partie du quartier qui se situe pourtant à moins de dix minutes à pied de chez moi. Comme j’ai souvent “joué à me perdre” en marchant au hasard, c’est étrange que mes pas ne m’aient pas conduite là plus tôt, par accident. Ensuite, j’admets tristement qu’il n’y a rien à découvrir dans cet espace jusqu’alors inconnu. Le parc pour enfants est sans doute son principal attrait, du moins quand on a des enfants. Qui sait, tôt ou tard, je serais peut-être assise sur l’un de ces bancs pendant que ma fille hypothétique glissera sur un toboggan. Pour l’instant, je n’ai aucun moyen d’exterminer le temps, d’autant que j’ai terminé la lecture du seul livre présent dans mon sac. Normalement, je m’arrange pour avoir toujours un roman inachevé sur moi. Cette fois-ci, les vingt dernières pages consacrées aux “publications similaires” ont trompé ma vigilance, donc je ne peux même pas m’asseoir dans l’herbe pour lire. J’erre, désœuvrée et indécise, jusqu’à ce qu’un homme en voiture ouvre la vitre pour me demander combien je coûte, alors je décide qu’il est temps de cesser d’arpenter le trottoir.

En appuyant sur la sonnette, tandis que la porte s’ouvre très lentement devant moi, j’espère que quelqu’un se sera désisté et qu’ainsi il me sera possible d’avancer l’heure de mon rendez-vous. J’abandonne cette idée devant la salle d’attente bondée. Cependant, je constate que le lieu est assez inhabituel d’après mon expérience. Les murs sont blancs, dépourvus d’affiches de prévention comme de tableaux contemporains, il y a des fauteuils là où on s’attend à découvrir des chaise métalliques, mais c’est surtout le contenu de la petite table au centre qui m’étonne : ni magazine people, ni magazines féminins, même pas “Elle” ou “Madame Figaro” (indispensable chez un médecin d’habitude). Je vois : une collection de “Martine”, Le Nouvel Obs, Marianne et Télérama (je peux vaguement deviner les opinions politiques de la propriétaire), et… des livres !? Oui, des livres, tous en rapport avec la médecine : ouvrages à propos des cancers provoqués par l’environnement, des allergies dues à la manière dont nous maltraitons cette planète, romans qui se déroulent dans un milieu médical, etc.

Si j’avais été seule dans cette pièce, j’aurais sans doute pris un “Martine” par nostalgie, mais je distingue bien trop de regards posés sur moi, sur mes 29 ans et 9 mois précisément, pour oser redécouvrir une collection destinée aux enfants. Au bout du compte, je parcours distraitement des quatrièmes de couvertures, des premières phrases, des dernières phrases… Ce faisant, je songe qu’installer des bibliothèques dans les lieux hospitaliers serait une bonne idée. On y passe généralement plus de temps que prévu et il est souvent difficile de s’en évader par la pensée. Puis je regarde les personnes autour de moi, qui ne lisent rien, peut-être déçues de ne pas avoir accès aux dernières frasques des stars, photos floues à l’appui… Non, finalement, ce concept ne fonctionnerait pas forcément. Les gens préfèrent se divertir sans réfléchir dans ces circonstances. A m’entendre, de toute façon, il faudrait mettre des bibliothèques partout. D’ailleurs, il y a longtemps que je n’ai pas reparlé, avec mon amoureux, de notre projet d’ouvrir un bar-bibliothèque-musique, dans lequel il préparerait ses divins cocktails, tandis que je proposerais les derniers bon livres à découvrir (pour la musique diffusée, nous serions tous deux responsables, alternativement). Cette idée est née un soir d’ivresse, mais ce n’était pas intégralement une blague puisque nous avions regardé le prix des locaux à vendre à Lyon. C’était avant son départ en Irlande.

A son retour, pour commencer, il nous faudra organiser notre cérémonie de non-mariage. Il me reproche de ne pas rédiger la liste de mes invités. Je ne trouve pas grand monde à inviter, en dehors de mes amis bien sûr. Sa famille comprends 200 personnes, il y en a 3 dans la mienne. De plus, l’une d’elle, ma grand-mère, prend le mariage trop au sérieux pour festoyer en l’honneur d’un non-mariage. De toute façon, elle sera probablement morte d’ici là…
La veille, ma mère m’a appelé : “tu sais que ma mère a fait un malaise il y a une quinzaine de jours ?” Stupéfaite, j’ai répondu : “euh non, pas du tout puisque personne ne me l’a dit !” Elle a repris tranquillement : “bon, et bien voilà, et elle a refait un malaise. Cette fois on dirait que c’est très grave, elle est en observation à l’hôpital mais son état est alarmant”. “Qu’est-ce qu’elle a exactement ?” ai-je voulu savoir. Son soupir était si intense qu’il a fait crépiter le combiné. Après un bref silence, ma mère m’a mal résumé : “une tonne de trucs, comme elle vit seule elle s’alimente de façon malsaine, apparemment elle a énormément de carences sans parler du diabète, elle n’arrive plus à marcher, et surtout elle est désespérée. Bref, je sais que ça t’emmerde de lui parler, mais je te téléphone pour que tu l’appelles, ça lui fera plaisir, elle en a besoin… Je suis sérieuse”. Il était inutile d’insister ainsi, je savais déjà que la situation était grave, sinon personne ne m’aurait prévenue. On m’a annoncé que mon grand-père était “un peu malade” quand il lui restait trois semaine à vivre, que mon chat précédent “n’était pas en pleine forme” au moment où il mourait, etc. En règle générale, pour m’épargner, on ne me révèle rien, et ce perpétuel mensonge par omission m’exaspère depuis que je suis en âge de percevoir ce que ressentent mes proches, même si j’agis de la même manière vis à vis de mes parents.

Je me suis servie un verre de whisky, j’ai écouté les glaçons se fendre sous l’alcool, j’ai allumé une cigarette, puis j’ai composé le numéro de la chambre d’hôpital. Au bout de deux sonneries, ma grand-mère a décroché sans me reconnaître : “c’est qui ? Je ne comprends pas qui vous êtes”. J’ai répété plusieurs fois : “c’est moi mamie, ta petite-fille…” Alors son ton m’a paru relativement enjoué : “ah ma minote comme c’est gentil d’appeler, je suis à l’hôpital mais je n’osais pas te prévenir.” “Je sais je sais, mamie”. Durant toute la conversation, j’étais confrontée à des sentiments ambivalents. J’ai haï ma grand-mère pendant toute mon adolescence pour d’excellentes raisons, mais au fur et à mesure que je la vois diminuer, ma rancœur se fond dans la pitié. Ce n’est plus qu’une très vieille dame qu’il faut aider, après tout, quoi qu’elle ait fait dans sa vie.

Elle m’a demandé des nouvelles de mon amoureux, comme toujours. J’ignore pourquoi il lui a plu dés le premier regard, quand mes parents se sont contentés de l’accepter à contre-cœur. Pourtant, ma grand-mère n’apprécie pas les gens en général, elle a une “nature haineuse” selon sa fille, c’est-à-dire selon ma mère. Elle l’avait du moins. Bref, je la renseigne à son sujet, lui qui s’intéresse à elle autant qu’à son premier slip (non, en fait, je pense que son premier slip est bien plus important à ses yeux). Je la rassure : “oui il reviendra dans moins de deux mois, puis nous vivrons ensemble”. Elle insiste : “et vous allez vous marier et avoir des enfants ensuite, quand même, depuis le temps !?” Je souris légèrement, consciente du décalage générationnel, avant de répondre : “en tout cas, on parle d’avoir un enfant, oui” (vraisemblablement, ce n’est pas la situation idéale pour lui annoncer notre non-mariage en prime). Elle a l’air rassuré et précise : “je serais heureuse d’avoir une petite-petite-fille avant de mourir”. Je réplique : “j’en serais heureuse aussi mamie”, puis je comprends que je suis sincère… C’est incroyable : pourquoi aurais-je envie que mon enfant vive la même chose que moi avec elle ? Et pourtant, je le pense.

La fin de sa vie, je l’ai souhaitée par le passé. Je me rappelle aussi d’un immense sentiment d’injustice lors du décès de mon grand-père maternel : pourquoi disparaît-il et pas elle, alors que c’est elle la méchante, celle à qui personne ne tient viscéralement ? Maintenant que je vois venir sa mort, je ne suis plus sure de ce que je ressentirais si elle se produisait, ou quand elle se produira, très bientôt de toute évidence. Elle s’est bonifiée en vieillissant, ou alors je suis devenue plus tolérante, sans doute un peu des deux. Au delà de ce constat, il y a le fait qu’après elle, il ne me restera plus que mes parents, personne d’autre “du même sang”, sinon des centaines de cousins que je n’ai plus côtoyés depuis l’enfance, lorsque je n’avais pas encore de souvenirs. Autrefois, dans un passé quasi mythique, j’avais une grande famille, laquelle s’est auto-détruite à la mort de mon grand-père paternel, pour mes dix ans très exactement, à cause d’une vague histoire d’héritage que je n’ai jamais clarifiée. “C’est mieux ainsi”, m’a-t-on répété, alors soit, mais lorsque je rencontre les oncles, tantes, neveux, nièces, etc. de mon amoureux, il me semble qu’avoir autant de personnes sur lesquelles compter est agréable, malgré tout.
Enfin c’est ainsi en tout cas, que ce soit positif ou non, “so it goes” diraît l’autre. Après avoir reposé le téléphone sur son socle, j’ai pris un second verre, avant de passer la nuit à bavarder avec diverses personnes sans jamais parler de ma grand-mère, tandis qu’elle occupait mes pensées, et plus tard mes cauchemars.

Cependant, quarante-cinq minutes après mon arrivée, alors que je repense à ce qui précède en donnant l’impression de lire, la porte de la salle d’attente s’ouvre sur une femme d’âge mûr vêtue d’une blouse blanche. Comme tout le monde, elle écorche soigneusement mon nom de famille (sérieusement, j’ai toujours l’impression que les gens le font exprès sachant qu’il se prononce tel qu’il s’écrit). Parfois, je me demande ce que je ressentirais si ce dernier était énoncé correctement par un inconnu, il s’agirait d’une expérience inédite en tout cas. Ceci dit, c’est pratique, quand j’entends : “Mademoiselle Qqquaitchou-quaique…” je mets fin à la séance de torture en proclamant “oui c’est moi !” et j’ai toujours droit à un regard reconnaissant. Ensuite l’interlocuteur veut systématiquement savoir : “votre nom vient d’où ?” D’une voix rendue atone par l’habitude, je réponds : “c’est corse”. Alors je suis obligée d’entendre : “ah c’est très beau la Corse !” Ouais surement, il paraît, enfin comment dire, je n’y suis jamais allée et je m’en fous, mais bref, si ça te fait plaisir j’acquiesce posément… Je sais que tu veux surtout être aimable donc autant l’être aussi, même si tu n’as peut-être jamais déposé ne serait-ce qu’un orteil sur cette île. Je vante donc la beauté sauvage de la Corse et décris le petit village dans lequel mes ancêtres reposent (finalement, on m’en a tellement parlé que j’ai quasiment l’impression d’y être allée), en rejoignant la salle de consultation.

Celle-ci me paraît immense, pleine d’espaces de rangement. Je me sens minuscule en m’asseyant dans une pièce aussi vaste. J’explique mes symptômes à la dame, qui ouvre son logiciel et construit mon dossier médical : “célibataire ? vous vivez seule ?” Oui, globalement. “Votre métier ?” “Bibliothécaire.” Elle s’exclame : “ah c’est bien ça comme métier”. Aussi attendue que la remarque à propos de la beauté de la Corse, il y a celle qui accompagne mon statut de bibliothécaire. Tout le monde trouve ça “bien”, même les gens qui n’ont jamais fini un seul livre dans leur vie. Je suppose que c’est amusant dans le fond. Ce n’en est pas moins lassant. Ensuite, comme une machine, elle débite : “marijuana ? Cocaïne ? Ecstasy ? Héroïne ?” Je réponds négativement, sans préciser “du moins pas depuis longtemps”, mais mine de rien, pour une fois, je ne me sens pas coupable, tant ma consommation de drogues est devenue rarissime. Je remarque qu’elle ne me demande pas où j’en suis avec l’alcool, question qui serait bien plus pertinente en ce moment, à dire vrai. Je m’interroge tout de même sur l’utilité de ces informations pour guérir mon oreille.

Une idée en appelant une autre, je me souviens du matin pendant lequel j’ai visité un appartement à louer avec mon père, avant d’atterrir dans celui que j’occupe actuellement. J’étais face à une propriétaire qui posait de multiples questions : “à quelle heure vous avez l’habitude de vous coucher et de vous lever ? Est-ce que vous avez beaucoup d’amis ? De quelle manière vous nourrissez-vous ?” etc. Mon père avait fini par lui rétorquer calmement : “et vous ne voulez pas aussi savoir combien de fois par jour elle va pisser dans une journée et comment elle se torche le cul après avoir chié ?” Ce n’était pas très raffiné, mais la mâchoire pendante et les yeux exorbités de la proprio m’avaient fait rire, assez pour qu’en sortant, je lance à mon père : “bien envoyé !” Il avait conclu : “c’est con parce que l’appartement était bien, mais avec une propriétaire emmerdeuse comme elle, tu n’aurais jamais été tranquille”. Je n’imite pas mon père face à la madame en blanc, mais je la trouve tout de même trop curieuse.

Après avoir tapoté plein de renseignements inutiles, elle m’annonce : “on ne vous l’a peut-être pas dit, je suis en tarif 2, mais si vous avez une mutuelle vous serez remboursé intégralement.” “J’ai une mutuelle professionnelle, sauf que je dois la renouveler depuis un an. Enfin bref, tant pis sinon”, lui dis-je. Elle reprend : “pour les malades séropositifs, j’offre des soins entièrement remboursés en revanche”. Que puis-je répondre ? “Désolée, je ne suis pas séropositive” ? C’est assez irréaliste. Peu importe, elle me soigne et constate : “vous savez que ce que vous avez ne touche que les enfants normalement ?” Euh non… Je ne sais quoi ajouter. En tout cas, je ressors en ayant retrouvé mon audition. Je me sens revivre, maladie enfantine ou pas, et même le bruit des klaxons devient rassurant d’une certaine manière.

En me rapprochant de mon appartement, je constate, comme souvent, que ma nuit de sommeil sera sans doute brève : il y a déjà plusieurs individus amassés sur la place et dans les escaliers, armés d’alcools et d’herbe, alors qu’il fait encore jour. “Il faut que je déménage” est une phrase que je prononce pour moi-même depuis un an, de plus en plus souvent. La première fois que je l’ai énoncée, c’était sur un ton ironique, désormais c’est une urgence. Je dois m’en aller avant d’étriper la foule, car mon environnement a changé hélas. Et quand après une nuit peuplée par les chants de jeunes gens ivres, alors que les cernes balafrent mon visage, j’entends : “au moins, ton quartier est vivant”, j’ai envie d’étrangler mon interlocuteur jusqu’à qu’il ressemble à une aubergine violette et boursouflée.

Je n’ai pas envie de partir, j’en ai besoin. Mon appartement me manquera car je l’ai aimé dés l’ouverture de la porte, au premier regard, mais mon amoureux a raison : en vivant à deux on pourra avoir bien mieux de toute façon. En attendant, j’ai la jambe lourde et la peau moite tandis que j’entre chez moi, accueillie par les miaulements de bienvenue du Chat. J’observe, découragée, les cadavres de bouteille sur la table et les mégots sur le carrelage. “Ouais, faudrait que je me reprenne en main un de ces jours, ça ne peut plus durer comme ça”, me dis-je pour la forme, pour me justifier, pour m’illusionner, tout en décapsulant ma bière. J’observe avec une attention inutile le trajet alambiqué d’une traînée de vin rouge sur le canapé : elle a pris la forme d’une étoile. Pendant ce temps, au téléphone, une amie d’adolescence me dit : “donc ton but, quand il rentrera, c’est de devenir propriétaire, d’arrêter de fumer et de fonder une famille ? Désolée, je n’arrive pas à t’imaginer toute sage avec ton amoureux, dans un grand appartement, avec un bébé sur les genoux et un verre d’eau à la main… Tu peux toi ? C’est l’avenir qui te correspond ?” Je balbutie des phrases interrompues entre deux silences interminables, et finalement j’explique : “je crois que je n’ai plus trop le choix, il faut que quelque chose change quoi qu’il en soit, mais on verra bien… Il rentre dans deux moins maintenant, et alors on verra. Au fond je n’en sais rien, j’attends de voir pour savoir.” Sur un ton exaspéré, elle se lamente : “de toute façon tu n’es jamais sure de rien… Mais ça va, à part ça ?” “Oui, ça va même avec ça d’ailleurs, j’attends la suite, plutôt tranquillement au fond, du moins tout au fond.”


Gr†LLGR†LL - …sLOwLickiN… (wayne)


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