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"Poète et paysan" Jean-Louis Fournier

Par Manus

Après avoir écrit le très controversé roman "Où on va, papa ?" éd. Stock, 2008, prix Fémina, Jean-Louis Fournier, dans une toute autre veine, mais pourtant écrit avec le même sang, aborde un sujet inhabituel.

"Poète et Paysan" éd. Stock, éd. 2010, est un sujet autre, certes, mais dont les racines puisent pourtant leur source dans sa vie intime.

Cet auteur possède une authenticité d'écriture, qui me semble-t-il, ne se rencontre que très rarement dans le milieu littéraire.  

Sa façon d'écrire reflète le prolongement de son tempérament : phrases courtes, simplicité des mots, et pudeur dans la description des émotions.  Une impression de tomber dans un texte brut, rocailleux, où la terre et la pluie nous heurtent de leurs maux pointus.

Une façon de s'exprimer qui traduit un homme franc, au caractère un peu mélancolique, soutenu par une sensibilité infinie.

Étonnamment, les phrases de son récit tracent des lignes droites sur les pages du livre; est-ce un signe que l'homme était plus destiné à suivre son penchant pour le monde de l'art évoluant à Paris, que pour une vie de paysan, quelque part dans un endroit perdu au Nord, où il lui était arrivé par mégarde, de labourer de son tracteur des sillons partant en tous sens dans le champ ?

Vers les années soixante, un jeune homme parisien, destiné à une carrière de producteur de cinéma, amoureux de littérature, tombe éperdument amoureux d'une fille de paysan, vivant à Paris le temps de ses études.

Sur un ton qui ne laisse aucun doute au lecteur, Fournier introduit son histoire : il est paysan chez ses futurs beaux-parents, par amour pour cette jeune femme, et il se demande chaque seconde ce qu'il fout là.

Nous sommes plongés, dès les premières pages, dans un monde rural qui nous ouvre à la vie de ferme; le sol glaireux sur lequel les bottes s'encrassent, les bêtes et leurs regards bovin, l'ambiance conviviale de la ferme dont le pilier est une femme qui vit en harmonie avec la nature qui l'entoure, ainsi qu'en rythme avec la météo et les saisons.

Le travail du parisien en stage à la ferme s'égrène au fil des pages; la pitié nous saute à la gorge lorsque l'auteur lutte de toutes ses forces pour s'impliquer dans les travaux, pour maîtriser son stress lors de toutes ses bourdes - un tracteur tirant une remorque de betteraves et qui s'emballe dans une pente -, pour nous entraîner peu à peu, dans cette vie si opposée à sa nature propre. 

Nous l'aimons d'emblée, l'auteur.  D'avoir eu le courage de se sacrifier au nom de l'amour d'une femme.  De renoncer à ses rêves les plus fous pour partir s'enterrer là où son coeur bat.

Vraisemblablement, Jean-Louis Fournier nous relate une partie de sa vie intime, cet amour vache, qui, à force, nous incite à nous poser la question suivante : comment a-t-il (encore) osé écrire un tel livre ?

A toute histoire d'amour, il y a une fin.  Qu'elle soit happy ou tout simplement End.  

Mais, quoi qu'il en soit, par cette simplicité de ton et l'authenticité de l'écriture, ce livre mérite d'être lu.  Car cette histoire n'est pas anodine, et l'auteur prend des risques.

Panthère.


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