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Définition, typologie et fondamentaux d’une communauté

Publié le 11 décembre 2007 par Christophe Ournaux

Le web 2.0 s’est imposé comme une réalité explosive avec d’une part l’avènement de nouveaux sites qui ont bousculé la donne et d’autre part l’appétence prononcé pour chaque site à se doter de fonctionnalités participatives. Cette évolution ne va pas sans une évolution des mots et des jargons. Ainsi, on parle actuellement beaucoup de communautés et de réseaux sociaux. Ces dénominations spontanément engendrées par quelques découvreurs et théoriciens se retrouvent très rapidement adoptées et ré-utilisées, avec plus ou moins d’à-propos et de pertinence. Au fil du temps, cela engendre une norme d’acception des termes parfois assez large. Aussi, je me suis posé la question de ce qu’est exactement une communauté, et en quoi elle se différencie ou pas d’un réseau social.

Dans un dictionnaire tout d’abord, le nouveau Petit Robert 2007, on obtient la définition suivante:
Communauté : n.f. « groupe social dont les membres vivent ensemble, ou ont des biens, des intérêts communs ».

Voyons du plus près ce que cela signifie. Dans une société où l’individu est complètement émancipé et affranchi des anciennes normes, il se retrouve subitement dans un contexte de compétition où chacun se mesure, se compare et s’évalue par rapport aux autres. Dans son effort pour exister au milieu de la masse, l’individu cherche à se différencier en valorisant ses différences et en construisant son propre mythe. Mais en dépit de cet effort de singularisation, il se trouvent rapidement à grande échelle des individus qui partagent avec lui certaines caractéristiques. Se reconnaissant dans ce groupe et dans un élan social inné, l’individu recherche alors paradoxalement le soutien de ses alter-egos qui légitimisent sa démarche unitaire. Ainsi se crée un groupe social dont les membres partagent des intérêts communs. Dans le contexte d’une communauté en ligne, ce groupe social ne peut exister que parce qu’un certains nombres d’outils de publication, de discussion, d’évaluation, et de partage ont permis de développer virtuellement un système de communication véhiculant des valeurs et des intérêts communs auxquels adhère le groupe.

Ainsi, sur la base de la précédente définition, je proposerai pour les communautés en ligne : « groupe social virtuel organisé autour de fonctionnalités de nature à faciliter les échanges en son sein et dont les membres partagent des intérêts communs ».

Voyons maintenant quels sont les différents types de communautés que l’on est amené à trouver sur le net.

En recoupant différentes tentatives pour classer les communautés, pour ma part j’identifierai 4 types de communautés :

1° - Les communautés d’intérêt : ce sont les plus courantes. Elles sont essentiellement thématiques et permettent de partager des informations. Il n’y a pas d’enjeu “supérieur”. Ce type de communauté est peu “compact”, les liens y sont distants, les relations faiblement personnelles et la majorité des membres y est peu impliqué et ne participe qu’épisodiquement. Les communautés sur les thématiques de la musique, des peoples ou de la mode illustrent parfaitement cette catégorie.

2° - Les communautés d’apprentissage: elles ont vocation a encourager des échanges de savoirs de type maitre/apprentis, où un groupe d’experts partage ses connaissances avec l’ensemble des amateurs. Typiquement, les contributeurs et administrateurs de Wikipedia appartiennent à une même communauté d’apprentissage. Ce type de communauté est très prolifique : les membres sont très actifs et reviennent très souvent. Cette forte implication engendre un fort sentiment d’appartenance. Le groupe développe des normes fortes et structurantes.

3° - Les communautés de pratique : elles travaillent aussi dans le domaine de la connaissance mais orientées vers la réalisation d’un but, l’amélioration ou la réalisation d’un projet d’envergure. Typiquement, il s’agit souvent de communautés professionnelles ou fonctionnant quasiment comme tel puisqu’il emprunte souvent le formalisme de l’entreprise et sont très préoccupés par les outils et les méthodes.

4° - Les communautés d’identité : elles reposent sur un sentiment d’appartenance fort du fait d’une adhésion pleine et entière à une identité ou un statut assumé et/ou revendiqué. Ce type de communauté engendre d’importants échanges car l’investissement personnel de ses membres peut y être très fort. Typiquement, les associations, les mouvements idéologiques et politique et les minorités engendrent souvent ce type de communautés.

Ensuite, voyons quelles sont les caractéristiques spécifiques que l’on retrouve d’une communauté à une autre :

1° - Les membres se reconnaissent entre eux et développent rapidement un sentiment d’appartenance, plus ou moins fort selon le type de communauté. Ce sentiment, soutenu par l’activité de la communauté et attisé par les outils mis à disposition, engendre plus ou moins d’implication des membres.

2° - L’implication des membres produit des stocks et des flux. Qu’il s’agisse d’échanges d’emails, d’édition de contenus ou de partage de matériaux, la communauté repose d’une part sur un stock et d’autre part sur des flux, favorisés par les outils communautaires mis à disposition des membres,

3° - L’ensemble de ces stock et flux engendrent une valeur telle pour les membres qu’ils suscitent de nombreuses visites ultérieures, la notion de valeur étant très disparate selon le type de communauté.

4° - Ces visites successives vont engendrer des affinités telles qu’elles vont favoriser l’émergence de micro-réseaux au sein même du réseau global de la communauté.

5° - L’activité des membres va établir progressivement leur rôle réel dans la communauté et finalement son statut. Phénomène largement observé dans les forums, il émerge des leaders, des experts, des contradicteurs, des animateurs, des bouffons, …

Enfin, voyons les fondamentaux requis pour lancer une communauté :

1° - Un site et des fonctionnalités spécifiques : une identité graphique adaptée à la cible, une ergonomie irréprochable et des outils spécialement développés ou adaptés aux besoins des membres pour faciliter la collecte de stocks, la génération et le maintien de flux.

2° - Un vrai dispositif d’amorçage : il faut éviter le syndrome de la discothèque vide en s’appuyant d’emblée sur un premier stock de contenus pour initier les flux, sur un réseau identifié préalablement, ou sur des prescripteurs, par le biais d’un concours ou d’une campagne virale, …

3° - Valoriser l’activité : mettre en avant les contributeurs les plus actifs, encourager les participations, récompenser les leaders, …

Pour conclure sur les réseaux sociaux et les communautés, il s’agit donc bien de dispositifs fonctionnels distincts, bien qu’une communauté puisse héberger des réseaux sociaux, et que les réseaux sociaux développent fréquemment des communautés.


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