Magazine France

Sarkozy et ses grandes illusions

Publié le 16 juin 2010 par Juan
Sarkozy et ses grandes illusionsL'une est fragilisée sur son front intérieur, l'autre est en panne d'idée. Les deux s'agacent et se méprisent. Angela Merkel et Nicolas Sarkozy ont voulu faire bonne figure lundi dernier, après l'annulation de leur rencontre une semaine plus tôt. Au passage, Angela a eu raison du projet de gouvernance économique de Nicolas Sarkozy.
Sarkozy avale sa cravate devant Merkel
Nicolas Sarkozy a rencontré Angela Merkel. Il était temps. Lundi, ils se sont mis d'accord sur un projet de taxation des transactions financières qu'ils veulent défendre lors du prochain G20. Une promesse de plus, une promesse pour rien. La finance mondiale tremble... de rire. Nicolas Sarkozy n'a même pas été capable d'instaurer une quclconque taxe significative sur les opérations boursières. En août 2009, il promettait déjà de défendre au G20 du mois suivant une  «taxe assise sur les bonus distribués dont le produit alimenterait les systèmes de garantie des dépôts». En France, la super-taxe sur les super-bonus des traders, adoptée très tardivement (en décembre 2009) rapporte peu. Cravate bleu sombre, veste trop grande, le ton sérieux et le poing rythmant ses propos, Nicolas Sarkozy a lancé lundi soir, lors de sa micro-conférence de presse commune avec son homologue allemande: «Plus que jamais l'Allemagne et la France sont décidées à parler d'une même voix, à assumer des initiatives communes pour donner à l'Europe les moyens de ses ambitions légitimes.» Il a promis que cette future taxe serait «appliquée de la même façon en France et en Allemagne». Plus que jamais, il est bien seul à croire en ce qu'il dit. Le monarque a du abandonner son idée d'institutionnaliser l'eurogroup, qui rassemble les 16 Etats de la zone euro, pour afficher un semblant de gouvernance économique commune. Angela Merkel, lundi soir, a enterré l'idée du président français d'une seule phrase: «L'Europe n'est pas le continent le plus dynamique contrairement aux ambitions du traité de Lisbonne. Il ne faut pas créer de nouvelles institutions mais être plus pragmatiques et opérationnels».
Autre recul, Nicolas Sarkozy a dû accepter le principe de sanction contre les Etats européens aux finances défaillantes. Le Monarque français souhaitait afficher une gouvernance économique commune mais sans s'engager sur des mesures de sanctions. Angela Merkel voulait l'inverse : elle a eu partiellement gain de cause, puisque les Etats jugés laxistes seront privés de droits de vote au Conseil européen.
Enfin, Sarkozy et Merkel sont restés très évasifs quand un journaliste leur demanda de comparer leurs plans de rigueur respectifs. La potion allemande est amère, avec près de 80 milliards d'euros d'économies attendues en 4 ans. Cet exemple est mauvais pour le président français. Il a laissé samedi dernier son premier ministre expliqué les 100 milliards d'euros d'amélioration des comptes publics français d'ici 2013 viendraient pour moitié de ... la croissance retrouvée.  
La France défiée par l'Europe
A ce propos, la Commission européenne a émis des doutes sur la faisabilité du plan français. Elle a demandé mardi au gouvernement français de préciser ses mesures d'économies. «Les mesures soutenant la stratégie de consolidation ont besoin d'être spécifiées» ont précisé les services d'Olli Rehn, le commissaire en charge des affaires économiques et monétaires; la Commission doute des prévisions de croissance et des rentrées fiscales du gouvernement Sarkozy. Samedi dernier, le premier ministre expliquait à deux cents nouveaux adhérents de l'UMP qu'il escomptait 50 milliards d'euros d'amélioration annuelle des recettes fiscales pour atteindre l'objectif de 3% du PIB de déficit public en 2013. Visiblement, cet optimisme n'est pas partagé à Bruxelles.
Lundi, François Fillon promettait encore de réduire certains «avantages» du personnel politique en matière de retraites. En déplacement en Norvège, il a lâché quelques (fausses) confidences devant quelques représentants de de la communauté française, à l'ambassade de France: «Le temps des efforts est devant nous». Sans blague ? Ou encore : «Nous allons aussi supprimer un certain nombre d'avantages qu'avaient certaines catégories de Français, y compris dans le monde politique (...) Ils ne le savent peut-être pas tous, il faut leur annoncer avec douceur.» En revanche, il a démenti que la taxation des hauts revenus était abandonnée, comme certains journaux s'en faisaient l'écho le week-end dernier: «Il y aura une contribution qui permettra à ceux qui sont les plus fortunés de notre pays de participer au financement des retraites».
En rentrant à Paris, il a prévenu les parlementaires UMP que les ministres ne seraient prochainement plus autorisés à toucher leur retraite de parlementaire. Il a fallu le «scandale Boutin», la semaine dernière, pour en arriver là. Sur cette affaire, comme sur d'autres similaires tels l'utilisation de jet privé par les ministres Estrosi et Joyandet, le gouvernement réagit à la pression médiatique pour aménager les petits avantages de ses élites. Deux poids, deux mesures ?  En revanche, Fillon s'est bien gardé de reprendre à son compte la proposition de Valérie Pécresse, sa ministre de l'Enseignement supérieur,  de publier la liste des personnalités en mission pour le gouvernement ou l'Elysée et leur rémunération correspondante.
Mercredi, le Canard Enchaîné publie une nouvelle information qui agacera François Fillon: Christian Blanc, secrétaire d'Etat au Développement de la région-capitale, est accusé par l'hebdomadaire satirique de s'être fait payer pour 12 000 euros de cigares aux frais des contribuables, et n'en a remboursé que 3 500 euros... jeudi dernier. L'homme est déjà sous le coup d'une investigation des services fiscaux sur ses précédentes déclarations de revenus. Ce gouvernement est exemplaire !
Le gouvernement, pingre avec pôle emploi
L'an dernier, l'Etat a économisé 187 millions d'euros sur le dos de Pôle emploi. Vous avez bien lu. La convention tripartite qui définit la dotation publique à l'organisme de gestion du chômage, issu de la fusion ANPE-ASSEDIC le 1er janvier 2009 prévoyait 1,360 milliard d'euros par an de 2009 à 2011. Mais en 2009, l'Etat n'a versé que 1,173 milliard d'euros, soit 187 millions de moins que prévu.  L'Unedic non plus n'a pas versé la totalité de sa dotation prévue à Pôle emploi l'an dernier: 542 millions d'euros sur 2,9 milliards restent à verser. A la différence de la dotation de l'Etat, cette dernière somme reste acquise à Pôle emploi et sera bien versé. Le gouvernement de Sarkofrance, en revanche, a joué les pingres au plus fort de la crise.
Autre information, publiée par l'Insee le 15 juin, le pouvoir d'achat des Français a progressé de peu en 2009. L'institut a enregistré une hausse de 1% du revenu disponible des ménages français (salaires, prestations sociales, épargne, revenus de loyers, etc), un ralentissement notable par rapport à 2008 où il avait progressé de 3,2%. Le pouvoir d'achat a lui cru en moyenne de 1,6%, après une quasi-stagnation l'année précédente (+0,4%). En fait, cette hausse modeste s'explique par le fort ralentissement de l'inflation cette année-là : les prix n'ont augmenté que de 0,6% en 2009, contre +2,9% en 2008. Pour gagner «plus», rien de tel qu'une baisse des prix ...
Ami sarkozyste, où es-tu ?

|

Retour à La Une de Logo Paperblog