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Le RH Book : un press book low cost pour les petites boîtes

Publié le 17 juin 2010 par Plumard

Depuis toujours, l’agence dans laquelle je travaille prospère discrètement, sans claironner l’arrivée de chaque nouveau client. Le bouche-à-oreille : voilà le moteur de son développement. Pourtant, il faut bien l’avouer, entendre parler de son travail, de son agence, c’est agréable. Surtout quand c’est pour en vanter, pêle-mêle, la créativité, la performance, le dynamisme, le professionnalisme…

Pour espérer obtenir des retombées aussi favorables sur son activité, il y a bien sûr les relations presse. C’est d’ailleurs ce que nous conseillons à nos clients. Mais il existe une méthode bien moins coûteuse et presque aussi efficace : compiler les meilleurs passages des lettres de motivation qui vous sont quotidiennement adressées.

Les descriptions qu’on peut y lire de l’agence sont-elles parfaitement objectives, venant de personnes qui ne nous connaissent pas ? C’est une question qu’on est en droit de soulever. Remarquez tout de même qu’autant de témoignages allant dans le même sens finissent par constituer un indice, si ce n’est une preuve…

Pour achever la démonstration, voici un petit extrait de ce que pourrait être le RH Book de l’agence qui m’emploie (les extraits sont authentiques, mais anonymisés) :

« (…) Un groupe performant, auquel je serai particulièrement fier d’appartenir. » Thomas, septembre 2009

La réponse fictive du DRH (fictif lui aussi) : « En effet : si la succursale de Lille connaît un développement fulgurant et fait beaucoup parler d’elle, n’oublions pas d’évoquer nos implantations en Chine, en Allemagne et au Moyen-Orient, qui réalisent également des performances remarquables. Pour ton stage, Thomas, on te rappelle quand on est côtés en bourse, parce qu’on voudrait que tu sois vraiment, vraiment fier de nous. »

« Je vous sollicite car je sais que dans une entreprise ayant une renommée telle que la vôtre, je pourrais acquérir des compétences et des pratiques au contact de professionnels reconnus. » Clément, septembre 2009

La réponse fictive du DRH : « Clément, on ne te connaît pas bien, mais une personne qui a autant soif de reconnaissance est forcément promise à un bel avenir dans la publicité. Si tu te reconnais, fais-nous signe. »

« Mon choix s’est tout naturellement porté sur votre entreprise, qui, en cette période de crise, a su rester populaire et dynamique. La confiance renouvelée de vos clients en est la preuve la plus pertinente. » Leopold, septembre 2009

La réponse fictive du DRH : « Leopold, tu es probablement jeune et tu connais mal le monde des agences de pub’. Qualifier une agence de « populaire » est une offense grave. Pour les prochaines lettres que tu enverras à nos concurrents, nous te conseillons plutôt : « vous avez su rester une agence élitiste et pointue, avant-gardiste, audacieuse, révolutionnaire… ». Et tant qu’à faire, ne parle pas de la crise… certains en garde de très mauvais souvenirs ! »

« L’agence X est une agence de qualité, qui sait extraire le meilleur de ses clients et de ses collaborateurs. (…) La qualité de vos campagnes de communication, votre philosophie et votre savoir-faire ont confirmé mon désir d’intégrer votre équipe, et de développer mes connaissances à vos côtés. » Marine, septembre 2009

La réponse fictive du DRH : « Marine, c’était jusqu’ici un secret bien gardé, mais il doit y avoir une taupe parmi nous qui te l’a révélé : en effet, nous torréfions tous nos clients, pour en extraire le meilleur. D’ailleurs, il est très rare qu’une fois torréfiés, ils refusent de signer nos devis (dont le montant est bien entendu en rapport avec la grande qualité de nos campagnes de communication). »

« Votre entreprise présente les critères requis pour la formation envisagée. » Nicolas, avril 2010

La réponse fictive du DRH : « Nicolas, ce que tu nous expliques ne nous étonne pas du tout. Et pour cause : notre business plan est réalisé en collaboration avec Monsieur l’Inspecteur d’Académie, et ce dans le but de coller aux attentes des nombreux étudiants de la région. »

« C’est en tombant sous le charme de votre site internet que m’est venue l’idée de vous envoyer ma candidature. » Pauline, avril 2010

La réponse fictive du DRH : « Il y a quelques années, pour faire craquer les filles, il fallait faire de la guitare. Aujourd’hui, il faut être webmaster. Les temps changent. »

« Votre savoir-faire, le large éventail de vos activités et de vos clients, le professionnalisme qui émane de votre site web m’incitent à postuler spontanément. Votre entreprise existe depuis 1991, ce qui me conforte dans ce choix. » Aurélie, mai 2010

La réponse fictive du DRH : « Aurélie, pour en savoir davantage sur nos activités, vous feriez mieux de visiter notre site Internet, plutôt que de consulter notre fiche sur 3615 VERIF. Désolé pour cette réponse qui nous est venue… spontanément. »

« Au delà de sa grande réputation, votre agence m’a séduite par sa simplicité, son sens de l’esthétisme, sa vision nouvelle et innovante ancrée dans la culture d’aujourd’hui, ses méthodes de travail, et sa grande diversité dans vos créations. » Sandra, janvier 2010

La réponse fictive du DRH : « Sandra, figure-toi que nous sous-traitons à un cartomancier tout ce qui relève de la stratégie. C’est sans doute pourquoi notre vision est si nouvelle et ancrée dans la culture d’aujourd’hui. Malheureusement, notre graphologue nous a déconseillé ta candidature. C’est le problème des sciences occultes : ça finit toujours par se retourner contre toi. »


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