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Finie, l'hypocrisie

Publié le 17 juin 2010 par Malesherbes

Très peu de temps après son élection, comme un enfant impatient d’étrenner un nouveau jouet, notre Président s’était empressé de s’octroyer une phénoménale augmentation de salaire. Cette décision était de la plus extrême indécence au moment où tant de travailleurs sont sans emploi et où ceux qui ont la chance d’avoir un travail se voient accorder, lorsqu’ils en ont, des augmentations de salaire qui peuvent atteindre parfois le montant vertigineux de vingt euros par mois. Elle est encore plus inconvenante lorsqu’on réalise qu’il s’agit là simplement de son argent de poche, puisqu’il est logé (dans plusieurs résidences), nourri, vêtu, blanchi, véhiculé avec sa famille en berline, en hélicoptère, en avion de la République et qu’il se laisse même à aller à localiser des manifestations officielles à proximité de ses lieux de villégiature afin de voyager aux frais de la République.

L’explication alors donnée par ceux dont la principale fonction est de célébrer sa louange était que ces pratiques avaient déjà cours précédemment mais que sa Grâce auguste avait décidé d’en finir avec toute cette hypocrisie et de mener son mandat dans la vérité et la transparence. Vous avez, du moins je l’espère, été avertis des différentes dérives de certains de nos ministres : Boutin, Bachelot, Darcos, Dati, Estrosi, Joyandet et autres. D’après Le Canard enchaîné du 16 juin, le très juste et très équitable Eric Woerth, au vu de la publication la semaine précédente par ce même hebdomadaire de la lettre d’embauche de Christine Boutin, se serait écrié : « Je ne comprends même pas comment des documents comme ça peuvent sortir de mes services ». Il a sans doute oublié que le régime actuel a abjuré l’hypocrisie et pratique désormais dans une transparence absolue. Et, pour tenter de redresser une morale plutôt imparfaite, je me permets de lui signaler que, ce qui est incompréhensible, ce n’est pas que de tels faits se sachent, mais bien qu’ils se fassent.

Dans la même veine, M. Blanc vient de nous indiquer, suite aux révélations du même Canard enchainé, qu’une enquête allait être menée pour connaître la destination des cigares achetés avec une telle prodigalité. Là encore, je m’étonne de voir la pratique d’un gouvernement voué par son souverain à fonctionner comme une entreprise. La plupart de ces seigneurs, ayant travaillé dans le privé, devraient savoir le poste des notes de frais fait y l’objet d’une surveillance attentive. Les différentes dépenses sont classées par catégories, plafonnées selon leur nature, prises en compte seulement accompagnées de justificatifs et même les frais de réception et les cadeaux doivent être renseignés avec les noms et fonctions des destinataires. Ces notes de frais sont vérifiées au sein d’une ligne hiérarchique distincte et ne sont réglées qu’une fois approuvées. Les fraudes sont sévèrement sanctionnées et peuvent conduire au licenciement. Mais dans le monde merveilleux des incapables qui nous gouvernent, aucun souci. Quand le pillage vient à être connu, on enquête. On se croirait revenu au bon temps des épiciers de jadis où, le fils de la maison annonçant à son père qu’il s’absentait pour une partie fine, ce dernier lui disait : « sers-toi dans le tiroir-caisse et amuse-toi bien. »

On n’a pas supprimé l’hypocrisie, on lui a substitué la devise suivante : « je gaspille votre argent, sans honte aucune, misérables faquins ! »


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