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Génération caillera ou simplement génération Sarkozy ?

Publié le 22 juin 2010 par Hmoreigne

 Qui arrêtera cette présidence ?” s’interrogeait déjà le 9 mars 2009 Edwy Plenel. La question est plus que jamais d’actualité. Le mandat présidentiel de Nicolas Sarkozy est indubitablement marqué par cet abaissement national souligné à répétition par Vincent Peillon. Un quinquennat marqué par le vaudeville, sentimental ou sportif, les conflits d’intérêts, les mélanges des genres et les entorses à l’éthique. Le tout sous une irresponsabilité érigée en mode de gouvernance. Car désormais on peut tout faire sauf, démissionner.

Qu’elle est loin la devise des philosophes des Lumières : “Honneur et Probité”. Alain Finkielkraut n’est pas Voltaire. Prompt à stigmatiser la génération caillera et l’esprit des cités, le philosophe des temps modernes est frappé en revanche de cécité lorsqu’il convient de s’attaquer aux puissants notamment à la classe politique.

Demandons à nos élites de la tenue mais ce n’est pas d’eux que vient le mauvais exemple” estime-t-il après avoir déclaré qu‘il y a des caïds dans l’équipe de France de football.

L’imbécile regarde le doigt quand le sage montre la lune. Question gosse mal-elevé et attitude de caïd, le Chef de l’Etat en est un bel exemple. La tenue tout d’abord. Ce côté “parvenu”, de nouveau riche qui exhibe son épouse et sa Rollex, revendique son goût du luxe et fait son caprice pour avoir un avion digne de son ego.

Pour le comportement, outre un langage truffé de fautes grossières de français, c’est la testostérone qui l’emporte. Un comportement de petit caïd qui derrière les dispositifs de sécurité fait mine de ne pas avoir peur de l’affrontement physique entre insultes et provocations, du Guilvinec au salon de l’agriculture.

C’est aussi, cette pseudo-décontraction qui cache une pure grossièreté telle l’écriture de SMS devant le Pape et les claques dans le dos aux autres Chefs d’Etat.

Il est temps de ne plus confier le destin de l’équipe à des voyous arrogants et inintelligents et de sélectionner des gentlemen” avance Finkielkraut. Question savoir-vivre, il y a pourtant à redire du côté du gouvernement. A défaut de servir la République, beaucoup ont choisi à l’image de leur mentor de se servir sur la bête .

Ceux qui exercent le pouvoir ont des travers mais n’en faisons pas des boucs émissaires de la turpitude sociale” continue le très courageux Finkielkraut capable dans un même temps de fustiger l’irresponsabilité et d’exonérer le pouvoir politique du naufrage collectif des valeurs qui font le ciment d’une société.

Irresponsabilité pourtant d’un exécutif qui lance un débat sur l’identité nationale dont on mesure aujourd’hui les traces dans une xénophobie rampante qui éructe son horreur d’une équipe nationale métissée. Irresponsabilité toujours des gouvernants lorsque, incapables de revisiter un système éducatif en plein naufrage, ils se contentent de pratiquer des coupes sombres dans les effectifs d’enseignants.

Pour lutter contre la déliquescence sociale, Finkielkraut suggère de réintroduire la civilité à l’école et il a raison. Mais, cet effort n’a de sens que s’il est suivi d’un retour de l’exemplarité de nos dirigeants politiques et économiques. Le syndrome Polanski n’est jamais bien loin. Celui d’une élite qui exige des autres des comportements respectueux de règles dont elles s’exonère.

Etrange époque en effet Monsieur le philosophe que la notre où l’on sent bien que nous atteignons un point de bascule. Dans une période tout aussi incertaine, 1848, Alexis de Tocqueville devant la Chambre des députés avait trouvé des mots qui restent d’actualité : “Sans doute le désordre n’est pas dans les faits, mais il est entré bien profondément dans les esprits“.

Un sentiment que partage à sa façon Roselyne Bachelot lorsqu’elle évoque à propos de l’équipe de France de football, “un désastre moral“. Pourtant, là aussi plutôt que d’assumer ses responsabilités voilà une ministre rabaissée au rang de pom-pom girl et/ou de super-nanny , oscillant entre coups de martinets et infantilisation de professionnels du sport forcément immatures car issus “des quartiers”. Une ministre qui trouve là l’occasion de s’acheter une conduite aprés sa gestion désastreuse de l’épisode de la grippe H1N1 et plus récemment aprés avoir placé son fils à l’abri du besoin dans une succursale du ministére de la santé.

Ce n’est pourtant ni d’apitoiement ni de déversement de bile à travers un événement sportif condamné à jouer les exutoires des malaises de notre société dont notre pays à besoin. C’est d’une volonté partagée de redressement national. A ce titre dans notre époque surmédiatisée, Nicolas Sarkozy apparaît tel qu’il est. Comme une erreur de casting.

Les images et les références sont parfois terribles. Sa tentative de récupération de l’épopée Gaullienne du 18 juin témoigne qu’à l’aune de l’histoire il est difficile pour un nain de mettre ses pas dans ceux d’un géant.

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