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Ne jamais cesser de se battre

Publié le 25 juin 2010 par Patriciaturcotte
NE JAMAIS CESSER DE SE BATTREUn dicton populaire mentionne: « Ce n’est pas vraiment ce qui nous arrive qui est important, mais bien ce qu’on va faire avec ce qui nous arrive. » Éveillé aux petites heures du matin suite à une situation ambigüe, autant sortir des boules à mites à travers ce partage.

Quand l’élève est prêt, le Maître apparaît

Je suis inscrite depuis plusieurs années sur la liste d’attente en vue d’obtenir un logement à prix modique (HLM). Hier midi, je reçois par le biais du courrier, une lettre de l’Office Municipal de l’Habitation ( OMH ) m’informant que l’on m’assigne un HLM disponible dès maintenant. Celle-ci mentionne qu’un règlement dans la loi stipule qu’en cas de refus, je serai pénalisée sur la liste d’attente pour une durée d’un an. Je m’empresse de téléphoner au bureau pour vérifier si le logement disponible est bien situé au premier étage. Une bonne nouvelle attendue depuis si longtemps. Hélas, elle ne dure que quelques brèves secondes.

La responsable m’avise que le logement se trouve au troisième étage et sans aucun ascenseur. Je ne peux faire autrement que de le refuser immédiatement sans même songer à le visiter, en précisant bien la raison majeure de mon handicap physique. Peu importe, je suis informée que je serai quand même pénalisée, puisque la loi c’est la loi. La travailleuse précise que pour être considérée comme une personne handicapée physique à l’OMH, il faut se déplacer en fauteuil roulant.

Pénalisée à cause d’un handicap physique

Une prescription médicale est insérée à mon dossier d'admissibilité de l’OMH, pour indiquer que je dois habitée au premier étage s’il n’y a pas d'ascenseur, en raison d’un handicap physique. Fort heureusement, je ne suis pas sur un fauteuil roulant, puisqu’il n’y a aucun logement adapté pour les personnes à mobilité réduite, habitant à Saint Georges (Québec).

Les handicaps n’ont pas d’âge

Étant toujours autonome à travers les limitations physiques pas toujours apparentes au premier coup d’œil, il est donc possible pour moi de loger encore dans un loyer ou un HLM traditionnel. Je ne suis pas éligible à un HLM situé au centre-ville de Saint-Georges et à proximité de tous les services, puisqu’il faut être âgée de 55 et plus pour y avoir accès. Même âgée de 54 ans et comme bien d’autres citoyens, la réalité de ma vie quotidienne est exactement semblable à celle d’une personne âgée de 75 ans.Par chance, mon cœur est aussi jeune que celui d'une femme de 25 ans.

Mon seul loisir, et en même temps une prescription médicale, c’est de prendre obligatoirement une marche de trente minutes par jour. Depuis deux ans, il est souvent nécessaire d’entrecouper cette marche par une pause de vingt minutes. Encore faut-il que je trouve un banc disponible en plein cœur de la rue, ou encore, en me rendant au restaurant du coin pour siroter un café avant de repartir ? Parce que le seul endroit où je peux me rendre à pied est bien le bout de ma rue, et souvent, je dois revenir en taxi. Mon budget ne me permettant pas de me payer plus de deux transports adaptés par mois, vous comprenez mieux pourquoi je vis au quotidien comme une bohémienne ou une vagabonde.

En ce qui concerne les marches d’escaliers, il y en a cinq dans le logement où je demeure actuellement. Tout en me tenant après la rampe et en utilisant ma canne, je les escaladent comme un enfant de deux ans ou comme un aîné de 85 ans, c’est-à-dire, en posant les deux pieds sur la même marche. Il n’est donc plus question de prendre un logement au troisième étage. Même en période hivernale, je dois bien souvent demeurer une dizaine de jours entre les quatre murs de mon loyer, exactement comme les aînés et les personnes handicapées en fauteuil roulant ou autres handicaps.

Ce sera encore plus désolant la prochaine fois que l’on m’assignera un HLM au premier étage et situé loin de tous tous services. Vu la détérioration lente mais évidente de ma condition physique, je me verrai de nouveau dans l’obligation de le refuser pour les raisons indiquées plus-haut. Puisque ce genre de limitations physiques n’est pas pris en considération pour l’instant dans les lois de l’OMH, autant ne plus rêver en couleurs et continuer de payer un logement à plus de 60% de mon revenu.

Partager pour faire changer les choses

Heureusement, je possède encore mon vieil ordinateur pour mon second loisir de l’écriture, même si ce dernier est à la veille de rendre l’âme. En attendant, cela me donne l’occasion de partager la dure réalité des aînés et des personnes handicapées de tous les âges. Rien ne survient pour rien dans la vie. Et, si j’ai eu l’audace de me placer la tête sur le billot à travers ce texte, ce n’est surtout pas dans le but de me plaindre de mon sort. Parce que la vie m’a appris par la souffrance hélas, de bien grandes leçons. Aujourd’hui, je suis au courant que l’on peut grandir et vivre dans l’harmonie.

À la retraite forcée depuis l’âge de 33 ans, j’ai eu à maintes occasion le temps d’appliquer deux proverbes, soit de vivre un jour à la fois et de prendre le temps de vivre. Autrefois, lorsque mon sommeil était coupé suite à ce genre de situation de stress, je prenais un comprimé d’Ativan pour calmer l’anxiété, ou encore, une pilule de Restoril pour mieux dormir. Depuis plusieurs années, grâce à lathérapie par l’écriture, je me lève du lit et je couche quelques paragraphes de ces expériences, sur le clavier de l’ordinateur.

Hier en fin d’après-midi, j’ai lancé un appel téléphonique à l’agent de presse du député Libéral Robert Dutil, pour savoir si cela serait possible de ne pas être pénalisée à cause d’un handicap physique. Non pas pour obtenir un traitement de faveur, mais pour le motiver à faire modifier ce règlement de loi auprès du Ministère de l’OMH. Voilà mes nouveaux pas d’actions pour mener une fin de vie plus joyeuse, constructive et réaliste en même temps. Je suis convaincue que ce témoignage contribuera à changer des choses dans ma vie personnelle, mais aussi, à faire améliorer des choses dansla communauté et dans la société.

Patricia Turcotte © Le 25 juin 2010


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