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(UK) Doctor Who, series 5, episode 12 : The Pandorica Opens

Publié le 26 juin 2010 par Myteleisrich @myteleisrich
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Première partie du double épisode final, The Pandorica Opens réunit les différents fils conducteurs de la saison autour de la fameuse boîte mythique, tandis que la "prophétie" annoncée se réalise. Surprenant par son intensité et sa richesse, tant dans son contenu que dans ses tonalités, c'est un petit bijou d'épisode qui nous est offert par Steven Moffat. Le tour pris par ce fil rouge se révèle être une initiative ingénieuse, si bien qu'au sortir de ces 40 minutes proprement jubilatoires, le téléspectateur n'espère qu'une chose : que la seconde partie s'inscrive dans cette droite lignée et que Doctor Who conclut sa saison 5 sur un magnifique finale à la hauteur d'une saison 5 qui aura recelé de scènes et dialogues mémorables.

(Pour l'occasion, je vous avoue qu'il m'a été difficile de trier parmi mes screen-captures, mais profitons plutôt pleinement de cet avant-dernier épisode.)

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Le pré-générique constitue à la fois une forme de bilan et un bel hommage à l'ensemble de la saison et aux personnalités extérieures qui ont pu bouleverser le quotidien du Docteur. L'épisode s'ouvre en effet sur un long passage de témoins, entre les différents protagonistes majeurs croisés depuis dix épisodes, afin de faire parvenir au Docteur un objet qui ressemble fort à un avertissement.

Tout part de Vincent Van Gogh, figure décidément incontournable, dont la perception particulière des choses lui permet de recevoir des images traumatisantes, qu'il retranscrit dans un tableau. Ladite peinture est découverte, quelques décennies plus tard, par les Alliés, durant la Seconde Guerre Mondiale et, authentifiée comme un Van Gogh, arrive jusqu'à Churchill, qui identifie immédiatement le destinataire du message contenu dedans. Le Premier Ministre britannique ne réussit cependant pas à contacter le Docteur à travers son téléphone "spatio-temporel", mais il tombe en revanche sur River Song  dans sa prison. Le temps d'une évasion et d'une récupération de tableau plus tard, avec cambriolage dans un musée et rencontre avec Liz X, l'inoubliable "bloody Queen", et voilà River en route pour établir un contact avec le Docteur afin de lui remettre cet objet qui traverse les siècles, les millénaires même, sous l'impulsion de ses amis.

Pour le téléspectateur qui assiste à cette union, par-delà le temps et l'espace, d'inconnus dont le seul dénominateur commun est le Docteur, cette introduction s'apparente un peu à une récompense pour l'intégralité de cette saison 5. Au-delà de la trame narrative utilisée en fil rouge, c'est l'occasion de souligner à quel point tout s'emboîte et chaque pièce du puzzle paraît naturellement prendre sa place.

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Finalement, River "vandalisera", dans son style inimitable, la montagne sur laquelle est supposée inscrite la plus vieille écriture de l'univers, donnant rendez-vous au Docteur dans l'Antiquité, dans une Angleterre à l'époque occupée par les romains. Sous ses atours de Cléopâtre (rien de moins), l'énergique aventurière a établi ses quartiers dans le camp militaire d'une légion.
Elle remet  alors (enfin) la tableau au Docteur. Si le message exprimé y est inquiétant, cela n'apprend rien à ce dernier qu'il ne connaîtrait pas déjà sur le sort du Tardis. L'explosion qui va déstabiliser l'univers, créant ces failles spatio-temporelles que l'on subit depuis le début de la saison, le Docteur en connaît déjà l'origine : son vaisseau. La peinture de Van Gogh en est une représentation. Sans en donner la cause, elle contient cependant une indication spatio-temporelle supplémentaire, cette Angleterre antique.
Mais bien plus que ce qu'il sait ou devine, ce qui inquiète le Docteur, c'est ce qui semble lui échapper avec constance. Si l'appel de cette boîte mythique qu'est la Pandorica est parvenu jusqu'à Van Gogh, comment se fait-il que lui, Time Lord, n'est rien ressenti ? Comment se fait-il qu'il ne perçoive toujours rien alors que nombre de ses ennemis semblaient, cette saison, connaître un élément qui demeure insaisissable ? Il lui manque une pièce fondamentale du puzzle, et il en est chaque épisode plus conscient et plus inquiet. C'est pourquoi "tout cela n'a pas de sens" semble la réplique résumant l'état d'esprit de nos héros durant tout cet épisode déjà passablement agité. D'autant plus que la Pandorica n'est qu'un volet d'une énigme manifestement plus vaste. Le Docteur reste ainsi interdit en découvrant l'arrivée en sauveur, semblable à un parfait soldat romain, d'un compagnon pourtant tombé au champ d'honneur, Rory. Le jeune homme apparaît fidèle à lui-même, vivant, mais... romain. Les interrogations s'enchaînent, sans que le Time Lord ne parvienne à apporter la moindre réponse. C'est une certaine frustration qui culmine ainsi dans un épisode où tout paraît finalement, a posteriori, avoir été une agitation aussi stérile qu'inutile.
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Construit de manière diablement efficace, le mystère s'épaissit au fil de l'épisode, le Docteur étant de plus en plus conscient que quelque chose cloche. Les questions autour de la situation d'Amy, laissées en suspens en début de saison, refont surface avec plus de force : qui était cette enfant curieuse perdue dans cette grande maison... Amy qui a toujours eu une passion pour la période romaine - ou plutôt, les romains - et dont l'histoire préférée de jeunesse était celle portant sur la boîte de Pandorre. Est-ce que cela ne peut être qu'un simple hasard si nos voyageurs se retrouvent dans cette époque fantasmée par la jeune femme, confrontés à un mythe, la Pandorica, qui rappelle étrangement cette légende terrienne ?

Le Docteur ne croit pas aux coïncidences. Mais il est contraint de continuer à réagir en fonction des évènements, sans avoir réellement d'emprise sur eux. Nos trois voyageurs découvrent ainsi les premiers la Pandorica, dont l'ouverture progressive envoie un signal semblable à une surpuissante balise de localisation à travers le temps et l'espace. Encore une inconnue de plus à l'équation qui se joue, car de la légende qui entoure la boîte, le Docteur ne connaît que quelques bribes, qu'il n'avait considéré que comme pure fiction jusqu'à présent.

Cependant, l'évidence s'impose d'elle-même : ce qu'elle contient potentiellement doit assurément attiser la convoitise, pouvant peut-être rompre l'équilibre des forces au sein de l'univers. Or, pendant combien de temps la Pandorica, en amorçant son processus d'ouverture, a-t-elle émis son signal ? Lorsque River scanne l'espace terrien, une fois à Stonehedge, elle découvre, effarée, une planète assiégée de toute part par des vaisseaux... représentant plus ou moins toutes les races que le Docteur a eues à affronter jusque là.

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The Pandorica Opens défie nos réflexes Whonesque, en s'imposant comme un épisode atypique. En effet, il renverse les canons scénaristiques, remettant en cause cette figure du Time Lord souvent quasi-omniscient. Rien ne paraît avoir de sens et le Docteur est, exceptionnellement, incapable de comprendre le tableau d'ensemble qui se dessine sous ses yeux. Il convient de souligner l'admirable maîtrise narrative d'un récit où la tension monte peu à peu jusqu'à la fin. Cette multiplication des questions conduit, de façon naturelle, aux révélations contenues dans un cliffhanger, haletant autant que frustrant, qui laisse le téléspectateur trépignant devant sa télévision.
Si presque toutes les races contre lesquelles a pu se dresser le Docteur se retrouvent en orbite autour de la Terre, ce n'est pas seulement pour offrir au téléspectateur une explosion finale à la mesure du challenge ainsi posé. En effet, soudain, ce sont toutes les certitudes de l'univers whonesque qui vascillent quand est dévoilée la réelle machination à l'oeuvre, prenant à rebours nos anticipations les plus folles. Imaginez l'inimaginable. Une alliance. Entre des êtres que tout opposerait a priori. Pour sauver l'univers de l'anéantissement et, surtout, d'une non-existence effrayante. Une union contre la cause identifiée de leur perte : le Docteur. Ou plutôt son Tardis, dont l'explosion est à l'origine de cet Armageddon. Par une ambitieuse et brutale ironie, les rôles s'inversent le temps d'une aventure : le sauveur du monde devient son bourreau, tandis que les exterminateurs traditionnels s'emploient à sauver son existence. Quoi de plus jubilatoire et innovant que cet ultime twist scénaristique, superbement amené par Steven Moffat ?
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The Pandorica opens est au final une aventure rythmée, dont le point fort réside surtout dans la richesse d'un contenu attrayant et subtile, maniant, avec une versatilité divertissante, une diversité volatile des tonalités, enchaînant ruptures de rythme et renversements incessants. Cela donne au final des scènes proprement jubilatoires, qui sont un vrai plaisir à suivre.

Parvenant à passer sans accroc du rire aux larmes, de la détente au drame, cet épisode est habilement ciselé. La re-introduction de Rory illustre parfaitement cet irréel passage de l'euphorie à la déception. Si le jeune homme joue les sauveteurs avec panache, les retrouvailles n'ont rien du rêve espéré. Le Docteur met quelques minutes (dans son style inimitable) à se rendre compte de la situation, tandis que les souvenirs d'Amy ne reviennent pas instantanément de manière miraculeuse, quand son regard croise celui de son ex-fiancé. Finalement, Rory s'attèlera à abattre la barrière de l'oubli, pour, malheureusement, finalement mieux nous offrir de déchirants adieux, lorsque tout est révélé.

Enfin, en attendant la suite, il faut souligner que l'épisode recèle de passages mémorables, dans lesquels Matt Smith peut s'en donner à coeur joie, dans un rôle souvent lunaire à souhait, mais démontrant également un panache hors du commun, comme lors de son discours à l'attention des vaisseaux aliens survolant les lieux. 

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Bilan : Episode jubilatoire, sachant passer du rire aux larmes en un instant, The Pandorica opens est une véritable réussite. Cette alliance, inattendue, de tous ses ennemis contre le Docteur, au nom d'une cause commune que le Time Lord partage en réalité, bouleverse les vérités de l'univers Whonesque. Ironique et paradoxale redistribution des cartes que cette conclusion, alors que dans le même temps, River perd le contrôle du Tardis, ne pouvant empêcher l'évènement peint par Van Gogh, redouté toute la saison, de se réaliser.

Ne reste à espérer qu'une chose : que la seconde partie soit dans cette même veine ! Réponse ce soir.


NOTE : 9,5/10


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