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Guillon et Porte: fin de la récréation

Publié le 26 juin 2010 par Xylophon

Stephane Guillon et Didier Porte officiaient tous les matins sur France Inter au journal de 8H00. C'étaient des voix qui savaient redonner crédit à un ton abrasif devenu aujourd'hui rare. C'était un parlé différent, un regard décalé, et si parfois le rire n'était pas au rendez-vous, il y a avait toujours derrière ces chroniques la justesse d'un point de vue.

Ces troublions du paysage médiatique sont donc désormais portés disparus. La direction de France Inter a mis en effet fin cette semaine à ces intermèdes trop dérangeants. On a parlé d'attaques personnelles, de vulgarité. Les vrais raisons sont ailleurs.

Si effectivement le billet de Guillon sur D.S.K n'était pas très subtil, si le portrait de Villepin par Porte insultant N.Sarkozy pas très recherché, les deux chroniques ne justifient pas à elles seules, l'éviction des deux humoristes.

Nommés par le pouvoir, la décision de Jean-Lus Hees et de Philippe Valls apparait comme une hérésie décomplexée. Hérésie car comment demander à des humoristes de suivre une ligne éditoriale alors que par essence leurs métiers se situe à la frontière, à la limite de ce qui peut déranger.

Décomplexée ensuite car cette décision ne pouvait apparaitre que comme le résultat de la nomination de Jean-Luc Hees par N.Sarkozy à la tête de la maison ronde. Le vrai courage pour faire taire les critiques aurait justement été de conserver ces poils à gratter du PAF. Au lieu de cela, Valls et Hees apparaissent encore plus aujourd'hui comme des serviteurs à la botte de N.Sarkozy.

Ex soixante-huitards, pourfendeurs des liberté de la presse, ils en sont arrivés pour gagner une place à céder sur leurs valeurs premières. Valls, ex patron de Charlie Hebdo, journal satirique par excellence, dénonce aujourd'hui ce qu'il défendait hier.

France Inter, c'était la différence, c'était cette liberté de ton qu'on ne retrouve pas dans les radios commerciales comme Europe 1 et RTL. N'ont pas que sur les radios concurrentes, les journalistes étaient moins qualifiés, mais il y avait à France Inter une identité à défendre.

Radio nait de l'après guerre, placée jusqu'en 1975 sous la tutelle de l'ORTF, France Inter se retrouve aujourd'hui en plein questionnement sur son avenir. Assurant par son statut, une mission de service public, le pouvoir politique s'y est donné le droit d'y fixer également sa ligne éditoriale, remettant en question non seulement le travail journalistique, mais également les morceaux d'humours qui écornaient de temps en temps N.Sarkozy et sa cour.

Jean-Luc Hess, le patron de Radio France, parlait de "misère humaine" à propos de ces satires hebdomadaires. Il y a pourtant des gens dans cette France en crise, qui vivent une misère économique et sociale au quotidien et qui prenaient plaisir à ces billets qui dénonçaient les abus et les travers de notre système politique et médiatique.

Si la mission première de France Inter est sans doute d'informer, celle de divertir et de faire réfléchir n'en est pas moins importante en ces temps de rigueur.

Mais on vit actuellement une "misère politique" telle que désormais sur les radios du service public on aura des choses similaires, semblables, uniformes: une misère politique aggravée par des dirigeants, qui pour prendre place dans ce système de cour, ont eux même cédés à cette "misère humaine" dont ils aiment tant dénoncer les effets...

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