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colloque logistique :appréciation

Publié le 02 juillet 2010 par Egea

Un correspondant m'envoie ce message que j'ai plaisir à vous faire partager, car il pose de bonnes questions sur la logistique marine, et sur le retex technique O. Kempf

J'ai particulièrement apprécié la diversité des présentations et la qualité des intervenants. Un grand bravo pour l'organisation.

Enfin, je voulais également vous faire part d'une constatation (peut-être erronée, mais qui ne demande qu'à être corrigée), d'une interrogation et vous faire une demande

1- J'ai tout d'abord pris conscience de la raison pour laquelle le gros de l'armée de terre ( à l'exception des troupes de marine et des légionnaires si marginalisés alors) avait délaissé ce domaine pendant la guerre froide, entièrement tournée vers "l'ultime avertissement", et donc se contentant de maintenir ses stocks. Je sais par expérience qu'il en allait de même pour l'armée de l'air.

La situation de la marine était cependant différente, en raison de la nature juridique de la mer où les forces des 2 blocs se croisaient en permanence.

Presque toute ma carrière (72 à 98) s'est déroulée pendant cette période, dont 20 ans dans les forces sous-marines d’attaque. L'ennemi prioritaire était bien le sous-marin soviétique, que nous cherchions à localiser en permanence, en particulier en Méditerranée. Il y maintenait environ 6 unités dont 1 à 2 sous-marins nucléaires lance-missiles tactiques destinés à attaquer les portes-avions de la sixième flotte US, eux-mêmes chargés de suppléer à la faiblesse aérienne du "ventre mou de l'alliance".

Dans ce cadre, nous travaillions la majeure partie du temps en procédure OTAN, avec nos alliés. Notre organisation logistique était donc celle de l'OTAN qui fonctionnait parfaitement pour les rechanges, vivres réparations en escale ou recomplétement en combustibles et autres consommables.

2- La réponse à la question sur le retour d'expérience m'a laissé sur ma faim, et je n'ai pas voulu approfondir pour ne pas monopoliser la parole. La "procédure qualité", demande la constitution d'un dossier des non-conformités que seul le retour d'expérience peut fournir lorsquelle est appliquée à une organisation comme la logistique.

C'est la deuxième réunion à laquelle je participe où j'entends des responsables de l'armée de terre dire que fournir des informations tirées de l'expérience opérationnelle aux industriels est impossible pour des raisons de protection du secret. L'argument ne me parait pas recevable. Rien n'empêche de blanchir ces informations avant de les fournir à l'industriel pour qu'il puisse modifier les systèmes qu'il fournit de façon à les rendre efficaces dans les conditions réelles d'utilisation. La date et le lieu d'un incident sont de peu d'importance pour lui. S'il tire des informations qui lui sont fournies qu'un missile a pu être tirée en Afghanistan, ce ne sera pas un scoop. En revanche, si plusieurs missiles ont les mêmes problèmes techniques, il pourra être à même d'y remédier, à la grande satisfaction des futurs utilisateurs.

Il en va de même de l'analyse détaillée des opérations logistiques pour pouvoir en tirer des enseignements susceptibles de les faire évoluer et de pouvoir en faire profiter l'ensemble des forces. Après tout, les études des stratégistes comme Mahan, Saxe, Jomini ou Clauzewitz ne sont que du retour d'expérience.

Ma question est donc: est-ce qu'il n'existe réellement aucune organisation centralisée de recueil et d'analyse systématique du retour d'expérience technique, opératif et tactique dans l'armée de terre ?

Merci de me corriger si mon interprétation des choses est erronée.

En raison de l'intérêt de ce colloque, et vu sa qualité, je vous suggère de le rééditer en trois parties distinctes: niveau stratégique et conceptuel, niveau opératif et niveau tactique avec, au moins pour la première, une approche historique pertinente.

Bien sûr, la vision stratégique impose de prendre du recul et ne peut donc qu'inclure les trois domaines (terre, mer air). Si la guerre sur terre a beaucoup baissé en intensité sur le front de l'ouest de fin 1940 à juin 1944, la bataille de l'Atlantique a atteint un niveau d'acharnement particulièrement féroce pendant cette période. Et c'étaient bien pour maintenir les flux logistiques entre les deux continents. Eût-elle été perdue, il n'y aurait pas eu de débarquement en France et l'URSS se serait probablement effondrée.

Bravo Zulu (félicitations selon le code des signaux navals OTAN)


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