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Sombre peuple - Marie Christine Bernard

Par Venise19 @VeniseLandry
Sombre peuple - Marie Christine BernardJe commence à comprendre pourquoi j’ai toujours des réticences devant un recueil de nouvelles ... ma mémoire ! Je ne sais pas qu’est-ce qui se passe en moi, mais aussitôt le recueil déposé, il est presque aussitôt oublié. Même un que j’ai beaucoup aimé comme celui-ci et ses 13 nouvelles.
Aujourd’hui, où je me propose de vous dire pourquoi j’ai aimé, j’ai dû relire en diagonale une bonne partie des nouvelles, en fait, à peu près toutes les courtes. Tandis que « Cromwell » de 52 pages sur 195 pages, environ un quart de Sombre peuple, de celle-là je me souviens parfaitement. Eh, que je m’en souviens ! Je ne l’ai pas que lue, je l’ai tremblée, elle m’a fait oublier que j’étais dans le fictif. Comme si c’était la réalité, parce que justement, cela aurait pu l’être. J’ai pris le cas de ce couple si semblable, parce que dépareillé, tellement à cœur ! Ma seule déception, la fin de ce presque « roman » tombe abruptement, à la manière nouvelle. Le temps se précipite, les événements aussi, et malheureusement, je n’ai pas compris le punch de la dernière ligne. Suzanne (Entre les lignes) a lu et aimé Sombre peuple et se serait perdue à Cromwell.
Si je ne me souviens pas des histoires assez pour les relater, je me souvenais nettement de l’impression de lecture des premières nouvelles que j’ai préférées aux dernières. Je m’étais alors passé la remarque « comment une écriture peut couler aussi parfaitement, et comment des histoires peuvent être aussi bien tournées ? ». Nos méninges, les miennes en tout cas, ont de la difficulté à croire à la perfection ! À ma relecture rapide avant cette rédaction, j’ai renoué avec le plaisir des histoires. Les émotions varient autant que les sujets, on bondit du tragique au léger sans changer de ton (un peu comme les pince-sans-rire). C’est d’ailleurs ce que j’aime chez cette auteure, comme les conteurs de nos veillées d’antan qui jonglaient avec les faits cocasses ou horribles, elle manie le verbe avec une solidité et un recul qui laisse le lecteur face à lui-même. J’aime ces auteurs qui savent s’effacer derrière l’histoire de leurs personnages, et Marie Christine Bernard sait tenir cette distance.
J’imagine qu’il faut que je le dise, le thème rassembleur se veut la différence, jusqu’à la marginalité. J’en ai complètement fait fi, j’ai même préféré l’oublier. Peut-être est-ce parce que pour moi la différence va de soi. Il faut de tout pour faire un monde, même des extrêmes que je ne trouve pas si extrêmes, c’est seulement de la couleur déposée sur un « Sombre Peuple ».
Je vous laisse avec le père Stone :
« Il était gras, dans tous les sens du mot, de la racine des cheveux jusqu’aux orteils. Les épaules larges et voûtées, la panse velue, les mains courtes aux ongles toujours noirs, les petits yeux sombres enfoncés dans leurs orbites, la bouche molle et lippue, le nez épaté, Évrard Stone n’était pas ce qu’on peut appeler un bel homme. --- Page 45 « Vie et mort de Louis-Seize Stone ».
À savourer :
"Les heures ne supportent pas d’être comptées. Aussitôt, qu’on commence à le faire, elles s’échappent et fuient, de plus en plus vite". --- Page 150 « Cromwell ».
Commentaire de lecture de Suzanne "Entre les lignes".

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