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Clientélisme : à l’approche de 2012, les enchères montent à droite

Publié le 03 juillet 2010 par Citerne

Clientelisme a droite, presidentielle 2012Trois décisions sans lien a priori entre elles pointent toutefois vers une même direction : le retour à grande vitesse du clientélisme à droite à l’approche de 2012.

La TVA réduite dans la restauration

Cette mesure phare de Chirac – que ce dernier ne sut jamais mener à bien – mais que son successeur arracha de Bruxelles est sur la sellette depuis plusieurs mois, en raison de sa faible efficacité, et de son coût exorbitant. En effet, sur les engagements des restaurateurs d’une baisse des prix de 3% et de créations de 20 000 emplois, peu a été respecté. La baisse des prix constatée par l’INSEE sur un an ne fut que de 1,2%. Quant au nombre de créations d’emplois, à 21 700 emplois, il n’est que d’un tiers supérieur au nombre de créations de postes en rythme normal, à 15 000 emplois.

Le tout pour un coût estimé à 2,35 milliards d’euros, à un moment où la lutte contre le déficit s’affiche comme la priorité brûlante du moment.

Le débat fait d’ailleurs rage au sein du gouvernement même : François Baroin a en effet qualifié cette mesure de « très très grossse niche », avant d’être désavoué par sa ministre de tutelle Christine Lagarde, beaucoup plus politique que son benjamin de ministre, et de devoir revenir à des sentiments plus électoralistes.

Résultat : la mesure ne sera pas réexaminée avant…la prochaine présidentielle. A titre de comparaison, et pour prendre la pleine mesure des choix – discutables ? – du gouvernement, on notera que les économies liées à la suppression de 100 000 postes dans la fonction publique devrait rapporter 3 milliards d’euros, soit légèrement plus que le coût annuel du cadeau aux restaurateurs (2,35 milliards), lui maintenu. De là à dire que ce que l’on ne donnera pas aux fonctionnaires ira chez les restaurateurs…

L’amendement LeFur et l’élevage porcin en Bretagne

Le cas de l’élevage porcin en Bretagne est lui aussi significatif. Un amendement du député Marc Le Fur (UMP, Côtes-d’Armor), adopté en commission des affaires économiques, propose en effet d’alléger la réglementation applicable aux installations ou extensions d’élevages. La conséquence de cet amendement est qu’il deviendra possible d’implanter des exploitations d’élevage porcin jusqu’à 2 000 têtes, contre 450 actuellement.

Et ce, à un moment où le gouvernement vient d’affecter à la lutte contre la pollution des algues vertes, dues majoritairement aux nitrates provenant des élevages, la somme de 134 millions d’euros sur 5 ans.

Traiter le problème d’une main et faciliter de l’autre sa réapparition, voilà qui s’apparente fort à la politique du pompier pyromane.

Le recul du gouvernement sur les déserts médicaux

Le tableau ne serait pas complet sans le dossier des déserts médicaux. Roselyne Bachelot, en froid avec les médecins sur plusieurs aspects de sa loi « Hôpital, Patients, Santé, Territoires » (HPST) vient en effet tout bonnement de battre retraite en rase campagne, cédant aux revendications des médecins. Ces derniers réclamaient la suppression des pénalités financières prévues contre les médecins refusant de prêter main forte à leurs confrères des zones sous-médicalisées (pénalités pouvant aller jusqu’à 3 000 euros par an), ainsi que l’abandon de déclarations obligatoires pour les médecins de leurs absences, une autre mesure prévue dans la loi.

Beau geste de solidarité de Mme Bachelot envers les médecins.

Qu’ont en commun ces trois dossiers ? Certes, si les montants en jeu varient, les populations visées ont toutes le bon goût d’être des réservoirs de voix stratégiques pour la Droite : les restaurateurs – traditionnellement à droite et grands « faiseurs d’opinion » – les médecins, et les agriculteurs, laminés par la chute des cours des matières premières et chez qui Sarkozy pâtit en plus d’un fort déficit de popularité.

La majorité, estimant que ces quelques centaines de milliers de voix nécessitent bien un effort collectif, n’hésite pas à y affecter les moyens nécessaires, y compris financiers. Ce qui est beaucoup plus facile à faire quand on dispose de l’argent public et qui est exactement ce que l’on appelle du clientélisme : l’usage du bien commun à destination de quelques-uns.

Woerth a beau être hors jeu dans son rôle de trésorier de l’UMP, la chasse aux voix pour 2012 a bel et bien commencé !



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