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J'ai gouté pour vous...

Publié le 13 décembre 2007 par Aurélien Boillot

Breakfast In America

Encore l’Amérique, allez-vous me dire ? T pas “potible”! Et si, mais cette fois je m’en vais vous parler d’un petit bout d’Amérique que j’ai découvert dans le 5ème arrondissement de Paris.
Et pas de n’importe quel bout, puisqu’il s’agit d’un restaurant ou plutôt d’un « Diner ». En lieu et en place de cailles farcies servies sur son lit d’asperges de mer, je vais vous parler d’omelettes au bacon, de comptoir en métal inoxydable, de cheesacake et de serveuses en roller...
Oh, je sais que pour nombre de français cela reste de la junk food, mais on est loin (très très loin) de la médiocrité d’un fast food américain importé en France. Ici, je vous parle d’hamburger si gros qu’on ne peut décemment pas les manger sans utiliser ses couverts. Je vous parle d’un endroit chaleureux où les serveuses (d’origine anglaise, américaine bref anglophones) sont charmantes. Elles vous accueillent avec un sourire « ultrabrite » en faisant comme si vous leur avez manqué depuis toutes ces années où vous n’êtes pas (re)venus. Je vous parle d’un petit tourniquet qui jonche l’entrée de la cuisine où les serveuses accroches les commandes des clients. Je vous parle enfin du must du cliché des « Diners », tel l’Atlas cher à Parker Lewis, la fameuse cloche (une vraie pas une imitation façon McDo ou Starbeurkkkk) à muffins, brownies et j’en passe….

Alors oui, dans ces conditions, on a de quoi aimer l’Amérique. .
Histoire
Dans la culture américaine, le « Diner » est une institution. Historiquement, le « Diner » était des préfabriqués que l’on transportait d’un endroit à l’autre pour que cette installation serve de restaurant. La spécificité de ces établissements vient du fait qu’ils ont reflété le style « Wagons » restaurants des chemins de fer. Ah l’Amérique et sa conquête de l’Ouest, c’était une belle époque ! John Wayne, Jeronimo, les Strchoumpfs…
Classiquement, un « Diner » est habillé d’un comptoir, d’une salle tout en longueur et d’une cuisine située le long du mur arrière. Dans ces conditions, quel peut bien être le lien avec le style wagon ? Bien souvent, ce sont des trolleys ou des voitures des chemins de fer qui ont été convertis pour les entreprises qui ne pouvaient pas se payer un real « Diner ».
Côté inventeur, on attribue souvent la paternité des « Diners » à Walter Scott. A 17 ans, en cumulant son emploi de journaliste, il vendait des sandwiches la nuit aux ouvriers du journal ainsi qu’aux patrons des salles du room club. Quelques années plus tard, cette activité étant devenue tellement lucratives, qu’il mis fin à sa carrière de journaliste pour se lancer dans la vente de sandwiches dans un chariot hippomobile On peut lui accorder la naissance des ventes de sandwiches à emporter et par conséquent d’avoir engendrer des idées pour tous ces contemporains qui avaient le projet de créer un nouveau mode de restauration.
Reflet de la culture américaine
Ces endroits ont traversé les décennies avec leurs lots d’épreuves. On leur a prêté une mauvaise réputation dans les années 20, ils se sont relookés pour attirer la clientèle féminine en affublant le nom du « Diner » d’un « Miss » dans les années 30, ils ont été les rares endroits où l’on pouvait manger pour pas cher durant la dépression… Un vrai miroir de l’histoire des Etats-Unis.
A partir des années 50, le look des « Diners » va évolué. C’est sous cette nouvelle apparence - extérieurs métalliques, grandes fenêtres, tabourets rouges et des enseignes lumineuses style American Graffiti - que vont nous apparaître, à nous pauvres français, ces institutions. N’oublions pas que c’est dans ces restaurants familiaux que vont apparaître (malheureusement ndr) le drive-in, l’air conditionné, les néons et Le "Fonz" ! Les « Diners » vont ainsi renvoyer au monde entier l’image d’une américaine puritaine et propre tout au long des 50’s. Mais comme tout icône, elle ne résista pas au temps, et très vite cette image devint désuète et quelques peu vieillotte.
Avec les années 60, on assista à l’émergence de nouveaux établissements de restauration rapide. Pour les « Diners » ce fut le signe d’un certain déclin. Pour lutter contre cette nouvelle concurrence, les plus anciens « Diners » (d’apparence « bois et tissu ») ont cédé la place aux apparats des derniers « Diners » modernes fait de métal et de néon.
Au début des années 70, les 3 constructeurs de « Diners » ayant survécu à la crise des 60’s vont profiter d’un élan de nostalgie nationale pour insuffler une nouvelle jeunesse à leurs établissements. Dans ces derniers refuges de la culture américaine, on venait y chercher l’authenticité d’un way of life à jamais perdu.
De nos jours
Comme l’écrit mon confrère, l’excellent auteur Bill Bryson, aujourd’hui il demeure peu de vrais « Diners » au Etats-Unis. Une centaine tout au plus. Les autres sont des imitations ou de pales copies construits dans les années 80, où le prix du néon fluo était à son plus bas. Mais le filon reste juteux. Aujourd’hui, il y a même des musées consacrés à l’histoire des « Diners », pour le droit de mémoire des jeunes générations.
A l’image de « Breakfast In America », le seul vrai « Diner » parisien, ces restaurants sont chaleureux. Même s’il n’a pas l’apparence extérieure de ces cousins américains, on sait à l’avance que l’on n’y vient pas déguster des mets d’une grande qualité gastronomique. On vient y rechercher autre chose, de la convivialité, de la bonne humeur et une bonne dose de calories ! Je ne saurais faire autrement que vous recommander d’y passer un jour de déprime ou un dimanche matin pour aller « bruncher » entre amis.
Quelques recommandations : les blueberry pancakes avec du vrai sirop d’érable, l’omelette Connecticut, le 2x2, les bagels maison avec du Philadelphia, le Dr Pepper, le cheesecake façon New-York ou encore le burger maison : le BIA Burger à base de bacon et de sauce barbecue....
Enjoy your meal !!!

Ps : Breakfast in America. 17, rue des Ecoles. 75005 Paris.

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