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Changements climatiques : comment la France se prépare à l'inéluctable

Publié le 06 juillet 2010 par Bioaddict @bioaddict

Se préparer à l'inéluctable

Changements climatiques : comment la France se prépare à l'inéluctable

La loi 2009-967 du 3 août 2009 de programmation relative à la mise en oeuvre du Grenelle de l'environnement, prévoit, dans son article 42, qu'un plan national d'adaptation pour les différents secteurs d'activité devra être préparé pour 2011. Il rassemblera des orientations ambitieuses sur des sujets aussi divers que la lutte contre les inondations et l'adaptation des zones littorales, l'évolution des forêts, la question de l'eau et l'adaptation de l'économie.

" Nous ne subissons pas encore les conséquences adverses du réchauffement. Aussi le message a-t-il du mal à passer. Pourtant, même s'il est difficile de prédire où et comment ces conséquences se réaliseront, on en connaît les grandes lignes : inondations dans certaines régions, sécheresse et accès à l'eau plus difficile dans d'autres, vagues de chaleur à répétition, risques de cyclones plus intenses, fonte de glaciers de montagne, accélération de la perte de la biodiversité, diminution des rendements agricoles au-delà d'un certain seuil de réchauffement, conséquences sur la santé. Il faut renoncer à cette idée très dangereuse que, le moment venu, on trouvera une solution miracle. C'est maintenant qu'il faut passer à l'action !" Jean Jouzel, vice président du GIEC


Chantal Jouanno a reçu, mardi 15 juin 2010, le rapport des groupes de travail sur le Plan national d'adaptation au changement climatique. Au total, 200 recommandations sur des sujets aussi divers que la lutte contre les inondations et l'adaptation des zones littorales, l'évolution des forêts... Sur la base de ce rapport, une consultation publique en ligne sera organisée à la rentrée.

De l'avis unanime des experts du GIEC, le changement climatique est déjà en cours et ses effets commencent à entrer en action. Le message des scientifiques ne laisse pas de place au doute quant au sens de ces changements même s'il existe encore des incertitudes sur son ampleur.

Oui, des changements profonds sont désormais inéluctables, quels que soient les efforts de réduction des émissions de gaz à effet de serre qui pourront être déployés, du fait de l'inertie du système climatique. Ceux-ci vont affecter de nombreux secteurs : agriculture, tourisme, pêche, aménagement du territoire, bâtiments et infrastructures, protection des populations... En ce sens, la question du changement climatique a cessé d'être une question strictement scientifique concernant un avenir lointain pour devenir un enjeu actuel de politique publique.

Les changements climatiques sont ainsi déjà perceptibles et leurs effets commencent à impacter des territoires, populations, activités.

Un rapport du groupe interministériel " impacts du changement climatique, coûts associés et pistes d'adaptation " a été rendu public en septembre 2009, donnant des éléments montrant l'importance des impacts du changement climatique et des coûts ou des opportunités pour la France.

Ce rapport met en avant, à l'horizon 2050 et 2100:
· des pertes pour le secteur agricole, à cause des épisodes de canicule et de sécheresse, qui annuleront l'effet positif de l'augmentation de productivité des plantes avec l'augmentation du CO2 atmosphérique ;
· un manque de ressource en eau dans les zones déjà en situation difficile ;
· en Languedoc Roussillon, 140 000 logements et 10 000 entreprises qui seraient touchés par une élévation d'un mètre du niveau de la mer ;
· un patrimoine de routes nationales évalué à 2 milliards d'euros qui serait touché par une élévation d'un mètre du niveau de la mer ;
· une extension des zones touchées par le retrait-gonflement des argiles à cause des
sécheresses amenant des dommages sur les habitations multipliant par 3 à 6 les coûts
actuels de tels dégâts ;
· des gains en matière de consommation d'énergie bien que le développement de la climatisation soit un facteur limitant de ces gains.

Le réchauffement climatique figure aujourd'hui parmi les principales préoccupations des Français, inquiétude légitime face à des impacts majeurs qui se précisent au fur et à mesure des avancées de la recherche scientifique et qui pourraient amener alors à faire évoluer certaines de nos pratiques et comportements.

A lire : Changements climatiques : non, les français ne sont pas écolo-sceptiques!

En revanche, l'échéance lointaine des effets majeurs du changement climatique, les incertitudes quant à la quantification des impacts et peut-être la croyance d'être plus à l'abri que bien d'autres territoires font que la question de l'adaptation au changement climatique n'est pas encore totalement appropriée.

On a pu récemment constater que notre sensibilisation et nos comportements face aux risques climatiques peuvent encore être améliorés. Si dans le cas précis de l'épisode Xynthia rien n'indique qu'il y ait un lien avec le changement climatique, on peut estimer en revanche que les dégâts occasionnés préfigurent bien les impacts possibles de la hausse future du niveau de la mer. Cette actualité montre que la prise de décision en contexte de crise est complexe et qu'il convient d'anticiper ce genre de situation en amont.

C'est dans cette optique que se place la réflexion sur l'adaptation de la France au changement climatique : bien que les effets sensibles du réchauffement ne soient attendus que dans plusieurs décennies, les questions complexes qu'il y aura à gérer (problèmes comme opportunités) sur des décisions structurantes à l'échelle de plusieurs dizaines d'années comme les infrastructures ou l'urbanisme doivent être anticipées dés maintenant.

Le 8 décembre 2009, Chantal Jouanno, secrétaire d'Etat chargée de l'Ecologie, a ainsi lancé la concertation pour l'élaboration du plan national d'adaptation aux changements climatiques sur le modèle du Grenelle Environnement.

A lire aussi : Grenelle 2 de l'environnement : ce qui va changer dans nos vies

Ce rapport lui a été remis le 15 juin dernier, en présence de Paul VERGES, président de l'Observatoire national sur les effets du réchauffement climatique (ONERC), par les présidents des trois groupes de travail, Michel HAVARD, député du Rhône, Jean JOUZEL, climatologue et membre du GIEC, et Martial SADDIER, député de Haute Savoie.

Ce rapport propose plus 200 recommandations sur des sujets aussi divers que la lutte contre les inondations et l'adaptation des zones littorales, l'évolution des forêts, la question de l'eau, la préservation de la biodiversité, l'adaptation de l'économie...

Au-delà des recommandations spécifiques, les groupes de travail ont également souligné que la politique d'adaptation doit davantage passer par l'intégration de l'adaptation dans les politiques actuelles plutôt que par la création d'une politique spécifique, cloisonnée du reste des politiques publiques. Cette politique devra être construite à l'échelle nationale et déclinée à l'échelle territoriale afin de proposer des solutions adaptées aux contextes locaux.

Sur la base de ce rapport une consultation publique en ligne sera organisée entre septembre et octobre ainsi qu'une consultation en régions. Une table-ronde se réunira fin octobre pour partager l'ensemble des résultats et commencer le travail de rédaction du plan national d'adaptation qui sera adopté en 2011, tel que prévu par la loi Grenelle 1.

Découvrir les images des groupes de travail qui ont contribué à l'élaboration du plan national d'adaptation aux changements climatiques

Quelques mesures préconisées par les groupes de travail :

* Biodiversité : Expérimenter l'adaptation sur des territoires volontaires ;
* Ressources en eau : Favoriser les économies d'eau dans tous les secteurs et par tous les usagers
* Risques naturels : Développer des méthodes d'évaluation de l'impact et de l'efficacité des mesures de prévention que l'on envisage de prendre pour permettre une analyse coûts bénéfices ;
* Santé : Faire évoluer les plans nationaux de prévention et de soins pour faire face aux conséquences sanitaires engendrées par les événements extrêmes ;
* Agriculture : Orienter la recherche et le développement vers des systèmes agricoles plus adaptés au changement climatique ;
* Energie : Garantir que les valeurs de référence utilisées dans les contrats de service public restent bien adaptées dans un contexte de changement climatique
* Infrastructures : Passer en revue et adapter les référentiels techniques pour la construction, l'entretien, l'exploitation et la sécurité des systèmes de transport
* Tourisme : Etudier de façon prospective la transformation du tourisme face aux changements climatiques ;
* Urbanisme : Prendre en compte les effets du changement climatique dans les documents d'urbanisme ;
* Financement : Intégrer l'adaptation aux changements climatique dans les critères d'éligibilité des investissements à des financements publics et privés, afin d'exclure les projets " mal-adaptés " ;
* Gouvernance : Mener une réflexion sur les conditions de l'acceptabilité par la population des décisions sur l'adaptation ;
* Information : Définir une stratégie de communication sur l'adaptation en direction du public, en liaison avec des professionnels du secteur ;
* Recherche : Créer une Fondation pour la recherche à l'adaptation en lien avec le volet climat de l'alliance ALLENVI (Alliance nationale de recherche pour l'Environnement) et sur le modèle de la fondation pour la biodiversité...

Lire le rapport (la liste des recommandations commence à la page 136)

Lire les fiches des 202 recommandations de la concertation nationale

Ainsi, le changement climatique est en cours, et nous en constatons déjà un certain nombre de conséquences qui ne feront que s'amplifier dans l'avenir. En un siècle, la terre s'est réchauffée de 0,74 °C et le niveau moyen des océans s'est élevé de 17 cm (avec une nette accélération depuis 1993). En France, le réchauffement a été de 1,1 °C.

Les travaux menés à l'échelle internationale, notamment ceux du Groupe intergouvernemental d'experts sur l'évolution du climat (GIEC), soulignent que même si tout doit être mis en oeuvre pour éviter les dérèglements climatiques projetés (notamment par le contrôle des émissions de gaz à effet de serre), ces dérèglements sont inévitables en raison de l'inertie du système climatique et demandent de notre part une adaptation. L'adaptation au changement climatique peut se définir comme notre capacité à ajuster nos systèmes naturels ou humains en réponse à des phénomènes climatiques ou à leurs effets, afin d'atténuer leurs effets néfastes ou d'exploiter leurs effets bénéfiques.

Espérons maintenant que notre gouvernement fasse les bons choix...

Christina Vieira


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LES COMMENTAIRES (1)

Par jipebe29
posté le 14 juillet à 01:05
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Il est clair que la gestion au plus serré des énergies fossiles et la recherche de nouvelles sources d'énergie sont des enjeux importants. Mais se préoccuper de l'adaptation au changement climatique sur la seule base des travaux du GIEC, qui ne sont guère crédibles, car, notamment, résultant d'un mélange de science et de politique, ne me semble pas très raisonnable. Pourquoi les travaux qui dérangent ne sont pas pris en compte par le GIEC? Pourquoi le GIEC a-t-il basé ses travaux sur une hypothétique relation de causalité CO2 --> température, démentie par les observations du passé climatique de notre planète? Pourquoi avoir une confiance aveugle dans les modèles du GIEC, alors qu'ils sont réalisés avec des hypothèses limitées, des choix arbitraires (par exemple la rétroaction positive) et qu'ils ne prennent pas en compte la dynamique des échanges d'air et d'énergie et se limitent à une vision statique des mécanismes climatique? Pourquoi considérer qu'une température globale a un sens, alors qu'il y a des secteurs qui se réchauffent et d'autres qui se refroidissent? Pourquoi les modèles du GIEC ne parviennent pas à expliquer l'Optimum Médiéval (que le GIEC a tenté de masquer)? Pourquoi ces modèles n'expliquent-ils ni les taux de CO2 de 410 ppm dans les années 1942, ni la stagnation des températures depuis 2001?

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