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Interview de Juno Lips

Publié le 06 juillet 2010 par Guillaume Joubert

junolips

Juno Lips a sorti son premier EP en début d'année après un an d'existence. On y retrouve un style accrocheur, moderne, et c'est donc avec un certain intérêt que nous retrouvons aujourd'hui Nicolas, chanteur et fondateur de ce groupe prometteur, pour une interview. Vous pourrez au fil de l'interview écouter l'intégralité de l'EP "MMIX".

En juin 2008, tu décides d'arrêter le groupe Marizibill, plutôt pop, pour créer Juno Lips, afin dis-tu, de revenir aux fondamentaux du rock. Pourquoi ce virage ? La pop t'ennuyait ?

Disons plutôt que j'ai eu envie d'avoir les coudées plus franches par rapport à ce que pouvait proposer Marzibill en terme de méthode de travail, un désir de me sentir plus autonome, plus libre d'écrire et de composer comme je l'entendais ; de faire exister quelque chose de plus personnel en somme.

Sinon par rapport aux fondamentaux du rock, peux-tu nous expliquer ce que tu entends par là ?

Les débuts du rock on été marqués à mon avis, autant par l'attitude des musiciens d'alors que par la nouveauté du son proposé. Aujourd'hui, être révolutionnaire sur le plan du son ou du genre musical n'est plus trop possible. C'est donc plus du côté de l'attitude et du discours que je situe les fondamentaux du rock. Aujourd'hui, il est encore possible d'être sans concessions sur des questions de société, de politique, ou de philosophie par exemple. Les fondamentaux du rock, c'est refuser le politiquement correct quel qu'il soit.

J'ai lu dans une précédente interview que tu composes seul à l'aide de ton ordinateur et qu'ensuite tu les fait connaître aux musiciens de Juno Lips. Tu peux nous expliquer un peu plus comment cela fonctionne ? Comment on passe d'un montage sur ordinateur, aux instruments ?

Aujourd'hui, la base du travail se fait en effet sur ordinateur, à partir de mes compos perso ou des idées de David (le guitariste). La suite se fait en répète lorsque tout le monde a pris connaissance de notre travail de "maquettage". C'est là que cela devient très intéressant, puisque c'est à ce niveau que tout le monde propose ses idées d'arrangements, de structures etc..... Mais pour répondre à ta question plus simplement, pour passer des maquettes aux instruments, ben, faut jouer les morceaux quoi.....

Est ce que c'est ce passage de l'ordi aux instruments qui donne le côté electro ?

Non au contraire. L'électro est donné par les machines et le matériel de Fred. Il propose différentes textures sonores sortant de ses processeurs magiques, des arpèges, des ambiances etc.....C'est donc l'apport de l'ordinateur et des synthés dans les sonorités des instruments traditionnels du rock, qui donne le côté électro.

Finalement tu apportes beaucoup à Juno Lips alors pourquoi avoir créé un groupe plutôt que se la jouer solo ?

Parce que j'aime l'idée d'avoir une bande avec qui partager ce genre d'aventure qu'est un groupe de rock. Mais de toute façon, à la base, même si aujourd'hui les choses ont évolué d'une manière que je n'imaginais pas il y a un an de par l'implication de tous les mecs qui jouent dans Juno Lips, c'est vrai que ce groupe est quand même un projet personnel.

Expliques nous un peu ce nom, ce qu'il signifie et ce qu'il a de rock.

Ce nom a plein d'explications différentes, mais la première est la référence à la mythologie romaine. Junon (Juno en anglais) est la reine des dieux et la reine du ciel, mais c'est surtout la mère de Vulcain, Dieu des Forges et du Feu et de Mars, Dieu de la guerre. Juno Lips, c'est donc les lèvres de Junon, qui engendrent le feu et la guerre dans une optique de construction. Cela rejoint ce que je te disais sur les fondamentaux du rock, parce qu'aujourd'hui, il y a des attitudes, des modes de pensées, des discours à créer, et que l'Art en général et le rock en particulier sont des moyens d'y parvenir.

julo lips
J'aimerai aussi que tu nous présentes chaque membre avec leur parcours et une petite anecdote sur chacun d'eux.

Bien, donc comme tu l'auras remarqué, nous sommes 5 dans Juno Lips. Il y a David Ponzoni, guitariste, alias "Riffman", l'homme qui compose plus vite que son ombre. Y'a aussi Romain Speiser, batteur et choriste, alias "la chose", un fêlé du kick et Frédéric Bry, le mec des machines alias "Hollow Man". Pour ce qui est de la basse, nous sommes actuellement en transition, donc je ne peux pas t'en dire plus, sinon que je fais un petit clin d'oeil à un certain Martin du groupe "You Call It A Time". Par ailleurs, concernant d'éventuelles anecdotes, je n'en ai maleureusement à ce jour, aucune qui soit racontable à une heure de grande écoute...

Revenons à l'origine, comment s'est monté Juno Lips et comment expliques tu ce succès aussi rapide ? Puisque seulement 1 an après sa création, le groupe a eu de beaux succès, en étant par exemple sélectionné dans la catégorie découverte du Time 2009, mais aussi en étant remarqué sur OUI FM.

Aujourd'hui, le line-up de Juno Lips est stable, mais il a intégralement été modifié par rapport à celui du début, au gré des rencontres musicales (belles rencontres) et des affinités plus ou moins solides. Nous avons désormais une équipe susceptible de fournir le travail nécessaire à nos ambitions, et concernant ce que tu appelles un succès rapide, ben je te répondrais qu'il faut relativiser quand même un peu beaucoup, parce que même si c'est vrai que nous avons eu la chance de participer à pas mal de trucs intéressants, nous restons à ce jour un groupe indépendant à la recherche de son public.

Juno Lips a justement signé chez LMG Productions, un label indépendant. Qu'est ce que cela vous apporte de plus, que si vous étiez totalement autoproduit ?

Je dirais qu'on peut se la péter auprès des meufs, mais à part ça......Non en fait, cela apporte un soutien logistique indéniable, et bien des contacts qu'il nous serait impossible d'avoir par nous même. D'ailleurs, je fais un petit clin d'oeil à mon pote Cédric, le directeur de LMG, un mec courageux avec qui on a envie de bosser et de faire partager les projets.

Peux-tu nous parler de tes textes, de comment tu écris, et surtout de ce qui t'inspires ?

Le thème central de la quasi totalité de ce que j'écris concerne un phénomène qui me tient particulièrement à ceour, et qui est une source inépuisable d'inspiration : la servitude volontare,. L'ensemble de nos petits arrangements avec nous-même, toutes les petites lâchetés que nous nous pardonnons, les mensonges, les renoncements, les faiblesses etc....que nous préférons au courage qu'il faudrait pour être des humains plus....sains d'esprits. Je dis sous des formes différentes qu'à mon avis, la Révolution est d'abord individuelle et qu'elle réside essentiellement dans le fait d'avoir les couilles de dire "NON".

Juno Lips est donc signé sur ce que l'on nommera une structure à taille humaine. Est  ce que c'est important pour toi, et cela permet t'il au groupe de préserver toute son indépendance ?

Ben en fait je ne peux pas vraiment te dire, je n'ai jamais été signé ailleurs. J'imagine quand même qu'il doit être possible de bosser avec un minimum d'intégrité dans les grosses structures, du moins je le souhaite. Par contre c'est vrai que chez LMG, nous sommes libres à 100 % et qu'à ce jour, je n'ai pas à m'en plaindre.

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Votre premier EP s'intitule MMIX...Qu'est ce que signigie ce nom ?

MMIX, c'est 2009 en chiffres romains tout simplement.

L'EP est donc un vrai succès, qui vous permet de vous faire connaître, en vue de faire de plus en plus de scène et de prévoir la réalisation d'un premier album. Es-tu fier de cet EP, et ce succès actuel correspond t'il à l'ambition que tu avais en créant Juno Lips ?

Cet EP correspond à un renouveau musical personnel, donc j'en suis très fier. Et je peux même te dire qu'il dépasse de loin mes ambitions, puisque la seule chose qui comptait pour moi c'était que ce premier disque de Juno Lips existe.

Au niveau création, où en est le groupe aujourd'hui. Avez-vous à ce jour le nombre de compositions nécessaires pour la réalisation d'un album ? Si oui qu'est ce qu'il vous manque pour le réaliser ?

Oui, nous avons aujourd'hui le minimum en terme de morceaux pour enregistrer un album, mais comme d'autres arrivent chaque jour, avec à chaque fois des petits trucs en plus, nous préférons faire mûrir un peu tout ça de façon à faire un disque cohérent. En fait, l'album n'est pas vraiment à l'ordre du jour, nous avons beaucoup de choses à faire avant.

J'ai lu, toujours dans une précédente interview, que tu considérais que le rock indépendant se portait bien. Pourtant il ne vit que grâce aux webradios, radios et labels associatifs, enfin souvent grâce à des bénévoles, cela reste donc assez fragiles. En tant que chanteur, et membre d'un groupe, comment vois-tu l'avenir du rock indépendant et peux-tu nous dire de quoi il a besoin pour perdurer ?

Premièrement, le rock existe dès qu'il est joué, que ça soit au Zénith de Paris, dans une cave ou dans ta chambre. Ce n'est pas parce qu'il n'est pas diffusé qu'il n'existe pas ou ne se porte pas bien. Ce qui compte, c'est que des gens aient envie de créer, d'être des artistes. Après, qu'on soit diffusé ou pas, qu'on en vive ou pas, c'est déjà une autre question. Deuxièmement, notre sphère composée de milliers de groupes indés et d'autant de radios, webradios, fanzines, E-Zines tout aussi indés, n'est pas fragile, mais au contraire riche de sa diversité, et plutôt astucieuse par manque de moyens, et même si elle est extraordinairement fluctuante et aléatoire, elle permet quand même aux artistes d'être authentiques, et pas formatés par le besoin de vendre à la masse.

Bon, ben merci à toi, je te laisse donc le mot de la fin.

Merci aussi à toi ! Tu bois quelque chose ?

Ok, à la tienne !

 


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