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Brigitte Bardot et Sarkozy dans "Le Mépris"

Publié le 07 juillet 2010 par Hermes

Brigitte Bardot et Sarkozy dans
C’est l’été.
A paris, Woody Allen commence son tournage avec Carla Bruni. Chaleur et paroles de cinéma.
Il faut revoir –et, plus encore réécouter, cette scène du Mépris de Godard quand Michel Piccoli et Brigitte Bardot parlent cinéma : écoutez ces paroles dans le contexte de maintenant… Imaginez.
Ils parlent d'aujourd'hui. Merveilleusement. Dans la cruauté de l'amour, du pouvoir, des paroles qui se déposent en strates étrangères les unes aux autres. Mais si imbriquées dans leur différence que tout transparaît : de l'écart entre un corps, une parole, deux êtres et une musique.
Et surtout de ce grand écart de la parole, du réel et du cinéma : le pouvoir.
On parle fesses dans une métaphore de l'argent, de l'ennui, de la solitude, du mal de vivre.
Au même instant, Brigitte Bardot sort du silence et de ce cinéma qui l’avait tant blessée.
Elle parle aujourd'hui dans un texte à l'AFP de… Sarkozy !
"La trace du passage au pouvoir de Nicolas Sarkozy est d'une négativité et d'une médiocrité inquiétantes."
"Vous, et vos ministres aussi inutiles que lâches, à la limite de la malhonnêteté et du ridicule, n'arrivez pas et n'arriverez plus à satisfaire la population française qui vous a élu en 2007 croyant dur comme fer à vos promesses non tenues ! »
Ces deux phrases détruisent le socle du sarkozisme.
Même si on a lui souvent reproché sa proximité avec le Front National, il est exceptionnel que Brigitte Bardot parle politique au-delà de son « terrain de chasse »(!) : la cause animale.
Mais voici qu’elle s’en prend nommément au Président de la République et au gouvernement. Une première !
Or, qu’on le veuille ou non , BB est une figure tutélaire, une icône, un symbole.
Qu’on l’aime ou qu’on la haïsse, sa voix a la force de celles qui traversent toutes les autres dans les mythologies qu'elle incarne.
C’est la voix rêvée de tant d’entre nous, au-delà du bien et du mal. L’autre versant de Johnny.
Ces voix qu'on peut haïr, mais aussi chargées d'innocence, d'un destin dont elles ne voulaient peut-être pas, mais qui fut le leur et qui donna notre monde. La voix de BB - elle ne rebondira sans doute pas dans les médias "traditionnels", bien pensants" et "à la botte"- elle donne aujourd'hui une beauté cruelle au "mépris".
Le mépris plus fort que la haine.
Godard démystifie le cinéma, c'est à dire qu'il en montre poétiquement - et dans ses rouages - toutes les ficelles.
Mais le même jour de cette colère de BB, France 2 nous fournit une extraordinaire leçon de manipulation de l'image : Le journal de 13h00 nous donne la réalité d'une intervention de Sarkozy. Des mots hachés, de longs trous pour trouver les mots et un Président inapte.
Le soir à 20h00, la même séquence est recomposée, sans trous, sans silence, retravaillée par le montage. Miracle du mensonge et de la propagande.
Regardez la différence si vous le pouvez et plus jamais vous ne croirez à l'éthique de ces journalistes-là !
Rendez nous Godard. Vive la Suisse !


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