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Une République irréprochable

Publié le 06 juillet 2010 par François Collette

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Une ‘République ir-ré-pro-cha-ble’, c’est ce que promettait sans rire mais avec une conviction grande comme ça et, surtout, beaucoup de bagou le candidat Sarkozy en 2007.

Une république irréprochable ! On croit rêver alors qu’il y a trois ans on se disait « enfin ». 

Les coups de canif dans le contrat moral de la République ne se comptent plus et ce n’est pas la dernière révélation à Mediapart de l’ancienne comptable de Liliane Bettencourt qui va calmer le jeu : Nicolas Sarkozy aurait aussi – avec toutes les réserves d’usage – profité des largesses de la milliardaire de Neuilly-sur-Seine pour financer sa campagne présidentielle alors qu’Eric Woerth était déjà le trésorier de l’UMP.

La saga Woerth-Bettencourt, associée par le hasard du calendrier à la réforme des retraites, est le catalyseur de la défiance des Français (et assimilés comme moi) envers la classe politique d’une république affaiblie et que certains n’hésitent plus à qualifier de bananière. Cette défiance s’exprime pleinement dans le sondage réalisé début juillet par Viavoice pour Libération : deux tiers des Français (64%) jugent les dirigeants politiques «plutôt corrompus». Seuls 29% des personnes interrogées pensent le contraire.

Ce désaveu est immense chez les ouvriers (74 pc) et les employés (73 pc), autrement dit chez la majorité des Français, ceux qui crachent le plus douloureusement au bassinet social et fiscal. C’est gravissime quand le peuple n’a plus confiance dans ses institutions.

Restons toutefois les pieds sur terre, toutes les époques de la vie politique ont connu des dérives du pouvoir et les critiques des citoyens qui s’ensuivent. Selon les baromètres de la Sofres, les détracteurs de la classe politique n’étaient que 38 pc en 1977 puis 46 pc en 1990 mais 65 pc en 1991 après dix ans de mitterrandisme avant de retomber à 58%, ce qui est tout de même énorme, en pleine chiraquie en 2002. 

Le phénomène n’est donc pas neuf et Martine Aubry tombe quelque peu dans le populisme cher à Ségolène Royal quand elle crie haro sur le sarkozysme en l’accusant d’avoir «abîmé la République».

Alors, que faire pour rendre la République irréprochable ? Le chef suprême Sarkozy, avec 35 pc d’opinions positives et les rumeurs tueuses qui le pointent, en a-t-il les moyens ? Pas sûr, et forcément s’il devait s’avérer que lui aussi a dérivé. A l’UMP, les thuriféraires sont de moins en moins nombreux et de plus en plus isolés dans la masse des élus qui ne disent mot mais baissent la tête. 

La crise de régime n’est pas loin.


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