pouvoir d'achat ou pouvoir de vivre ?

La question est piégée puisque la conquête de meilleurs revenus, aussi indispensable soit-elle pour vivre ou survivre dans cette société, alimente le système lui-même. (...) un salaire ouvrier permettait au début au début du XXème siècle de faire vivre toute une famille. Un siècle de combat plus tard , il faut désormais deux salaires !

Nous ne demandons aux salariés de se serrer un peu, beaucoup, passionnément ou à la folie la ceinture, mais d'inventer des enjeux de lutte qui n'en fassent pas les complices du système.

Une trop grande inégalité nourrit la course au toujours plus. Apprendre à vivre avec moins suppose de tendre vers une égalisation des conditions. Les humains ne sont pas des anges et l'envie constitue un ressort psychologique essentiel. Nous devons mettre des limites au gout du luxe, de la possession, du paraitre si nous voulons inventer d'autres façons de vivre.

Le mirage de l'augmentation sans fin du pouvoir d'achat cache soit la volonté de s'approprier les fruits de la croissance, soit un aveuglement entretenu par le système. Ce mirage est aussi une façon de se satisfaire d'une mal-vie durant les années de vaches maigres.

Nous devons toujours opposer à la logique du pouvoir d'achat celle des droits sociaux. Il faut certes revisiter ces droits et les redéfinir autrement. Comment faire pour qu'ils ne se mettent pas à fonctionner dans un cadre qui les dénature ? (...) Cette logique des droits sociaux est la seule à même de permettre de ne plus penser en termes de consommation, mais d'usages spécifiques socialement et écologiquement compatibles.

Une solution possible réside dans la défense et l'extension de la sphère de la gratuité. Uniquement celle du bon usage défini démocratiquement.

Tous ces extraits sont issus de La simplicité volontaire contre le mythe de l'abondance de Paul Ariès. Un bouquin que nous conseillons et sur lequel nous reviendrons.