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L’Elu enterre les siens dans les Cavs.

Publié le 09 juillet 2010 par Vinz

La nouvelle est tombée cette nuit et à vrai dire, elle ne me surprend pas après le déroulement des playoffs : LeBron James a quitté les Cavaliers de Cleveland pour signer au Heat de Miami, où il rejoindra Dwayne Wade et Chris Bosh, autres stars de la brillante draft 2003.

cercueil

 

Amer constat.

Le constat était évident après les playoffs, une nouvelle fois décevants avec une élimination en demi-finale de conférence contre Boston : les Cavaliers ne sont pas capables de gagner un titre malgré leur deuxième meilleur bilan consécutif en saison régulière.

CLEVELAND_CAVALIERS_LOGO

Les causes de l’échec sont les suivantes : un coaching médiocre de Mike Brown, pas capable d’imposer son point de vue à LBJ et pas capable d’inverser des situations. Autour de James, une équipe vieillissante (O’Neal, Jamison), des joueurs sous-utilisés (Hickson pourtant bon en saison régulière mais qui n’a pas eu beaucoup de temps de jeu), des joueurs pas capables d’assumer leur statut d’arme offensive (Williams, Jamison…). Et un James qui vampirise le jeu des Cavs sans être capable de faire la décision quand il le faut, du moins régulièrement.

Dans ce contexte, rien de bien surprenant à ce que le natif d’Akron décide de voir ailleurs.

Le problème était quand même épineux. Si James voulait que l’équipe soit encore plus forte, il aurait fallu qu’il resigne au plus vite avec les Cavs. Ces derniers assurés de voir l’ »Elu » rester, auraient pu être actifs sur le marché.

Les changements à la tête de l’équipe n’ont pas convaincu James, s’il voulait l’être. Danny Ferry, le general manager, a été débarqué et Mike Brown a été remercié, remplacé par Byron Scott. C’était pourtant un gage d’ambition car Scott est un entraineur très respecté.

Si ce n’est Cleveland, ce n’est pas New York non plus !

En tout cas, tout le monde savait que LeBron James allait vampiriser le marché des transferts 2010. Quelques franchises avaient tout misé sur sa signature : les Knicks avaient dégraissé leur masse salariale pour obtenir la marge nécessaire à faire venir James plus une autre star. L’autre star est Amare Stoudemire, sans doute content de retrouver Mike D’Antoni. Malgré une campagne énorme à New York, tant pour les Knicks que les Nets, malgré les appels du pied des amis de James pour devenir le roi de ‘Big Apple’ (Par exemple, C.C. Sabathia, le lanceur des Yankees et ami de LBJ déclara en novembre qu’il viendrait aux Knicks), cela ne correspondait pas du tout aux ambitions du joueur. Point de reconstruction, James, qui n’a pas encore 26 ans, veut un titre et New York ne peut pas lui donner les moyens du succès dans l’immédiat.

C’est finalement à Miami que James a décidé de gagner ce titre. Le Heat était inquiet d’un éventuel départ de Dwayne Wade. Celui-ci a mis la pression sur les dirigeants pour faire un gros recrutement afin de redonner à la franchise les moyens de gagner un deuxième titre après 2006. La veille, le transfert de Chris Bosh, l’intérieur des Raptors de Toronto, était assuré. Et après quelques conversations avec les deux autres, LeBron James a décidé d’aller en Floride (malgré les conseils de Chris Paul, le meneur des Hornets de la Nouvelle-Orléans et un de ses amis). Il touchera quasiment le salaire maximal (moins de 20% que ce que les Cavs pouvaient lui offrir en vertu des règlements NBA).

Du coup, Miami redevient un sérieux candidat au titre. Mais la cohabitation de trois stars n’est pas simple : le partage des shoots sera un enjeu de la survie de l’équipe. Si Pat Riley reprend l’équipe en main, ce sera un meilleur gage de réussite mais n’oublions pas que Phil Jackson avait échoué avec le Big Four des Lakers (O’Neal, Bryant, Malone, Payton). D’autant plus qu’il faudra quand même entourer ces trois-là : Mike Miller a rejoint le Heat pendant que Pat Riley a expédié Beasley aux Wolves du Minnesota (contre un deuxième tour de draft, c’est dire que le Heat voulait s’en débarasser).

Désormais, LeBron James et Dwayne Wade porteront le même maillot tout en s'amusant... en attendant une éventuelle rivalité statistique.

Désormais, LeBron James et Dwayne Wade porteront le même maillot tout en s'amusant... en attendant une éventuelle rivalité statistique.

Amer et amertume.

Dan Gilbert n’a pas mâché ses mots envers LeBron James. Le propriétaire des Cavaliers parle de trahison et n’hésite pas à évoquer le narcissime du joueur, qui a réservé une heure d’interview sur ESPN pour annoncer sa décision. Plus encore, Gilbert évoque la lâcheté du joueur. Sans tabou, sans retenue. Pour lui, James a trahi l’Ohio, tous les fans et tout le monde… Mais il n’a pas su construire une équipe autour de lui. Pas faute d’avoir essayé non plus. D’autre part, le sentiment est d’autant plus amer que James a laissé croire beaucoup de choses à Gilbert, à tort ou à raison. S’il avait manifesté son intention de partir, l’équipe aurait fait le forcing sur d’autres joueurs. D’où une impression de lâcheté qu’on peut comprendre quand on abandonne une équipe en sachant qu’on attendait une décision positive pour lancer une politique de recrutement (Chris Bosh était d’ailleurs sur les tablettes).

Plus loin encore, Gilbert accuse LeBron James d’avoir lâché la série contre Boston. Peut-être sous-entend-il que James se serait ainsi justifié de son départ de Cleveland par l’incapacité à battre les Celtics…

Les Knicks aussi peuvent se mordre les doigts. Leur stratégie a été foirée d’avance tant c’était gros comme une maison. Ils se sont retrouvés grosjean comme devant et c’est mérité, tant cette franchise va n’importe où depuis presque une décennie. Aux Knicks, on a laissé partir David Lee contre Ronny Turiaf (de Golden State) et on parle éventuellement d’une arrivée de Tony Parker, bien que celui-ci n’ait pas encore envie de quitter le Texas.

Les Bulls ont été plus prudents à l’égard de James et Wade. Ils sentaient que James n’allait pas bien cohabiter avec Derrick Rose et ils n’ont pas senti non plus que Wade voulait revenir chez lui. Du coup, ils ont fait signer Carlos Boozer.

Cleveland ville maudite.

Gilbert ajoute que la malédiction de Cleveland suivra aussi James et assure que les Cavs gagneront un titre avant lui. Rappelons que la ville attend un titre majeur depuis 1956. Cette année-là, les Browns remportèrent un troisième championnat consécutif de la NFL (avant la fusion de la NFL et l’AFL qui a amené notamment à la création du Super Bowl dans les années 1960). Mais le destin des Browns a été moins brillant ensuite. L’équipe n’a jamais atteint le match ultime, échouant à trois reprises en finale de conférence dans les années 1980. En 1996, l’équipe a même été délocalisée à Baltimore où elle a été renommée les Ravens (gagnant un SuperBowl en 2001). En 1999, une nouvelle franchise est créée à Cleveland, reprenant le nom des Browns.

La malédiction a frappé évidemment les Indians. Ils attendent un titre depuis 1948 et ils n’ont disputé que trois Séries Mondiales sur les 62 dernières saison (1954, 1994 et 1997 toutes perdues). Dans les années 1990, le Jacobs Fields affichait complet à chaque match et sans une bourde, les Indians auraient gagné la Série Mondiale de 1997. Depuis c’est la misère ou presque, surtout après l’échec contre Boston en 2007.

Dan Gilbert le propriétaire des Cavaliers, particulièrement remonté contre LBJ. S'il veut gagner quelque chose, je lui conseille de racheter les Indians (parce que Larry Dolan est aussi nul que Jim Dolan le patron des Knicks) dont la masse salariale est la moitié du contrat proposé à James.

Dan Gilbert le propriétaire des Cavaliers, particulièrement remonté contre LBJ. S'il veut gagner quelque chose, je lui conseille de racheter les Indians (parce que Larry Dolan est aussi nul que Jim Dolan le patron des Knicks) dont la masse salariale est la moitié du contrat proposé à James.

Les Cavaliers n’ont jamais réussi grand-chose. Cependant, ils ont atteint la finale NBA en 2007, balayés par les Spurs de Tony Parker, élu MVP de la série finale. Avec le départ de James, c’est une nouvelle longue traversée du désert qui se profile. Dur dur pour une ville déjà largement touchée par les restructurations industrielles dans les années 1970-80 et par la crise des subprimes qui a jeté à la rue des milliers de personnes. Le Quicken Loans Arena était un des rares lieux de joie de la ville.

Un Cave à Miami. Quelle suite ?

Bien entendu, le prochain retour de l’Elu dans la ville sera attendu avec sa nouvelle équipe. Comment les fans vont-ils considérer ce départ ?

James sera-t-il toujours le King autoproclamé ? Pas évident lorsqu’on sait qu’à Miami, c’est Dwayne Wade le maître des lieux. Y aller, c’est une façon de reconnaître son incapacité à porter une équipe sans avoir l’aide d’une voire de deux stars. Kobe Bryant a dû changer son jeu et son état d’esprit pour gagner à nouveau, ce qui l’a rendu plus fort (bien que je n’apprécie pas vraiment le joueur).

En tout cas, la saison prochaine redistribuera les cartes. Cleveland sera rayé pour un moment. Miami redevient un candidat plus que légitime à l’Est, en concurrence avec Orlando, Boston (qui a fait resigner Allen et Pierce), Chicago et peut-être Atlanta si l’équipe franchit le cap qu’elle a dû mal à passer en séries. A l’Ouest, il n’y aura rien de nouveau semble-t-il.

Si le marché des transferts a déjà donné lieu à des mouvements d’importance, il est loin d’être terminé.

Quant à Cleveland, il va falloir faire avec une équipe totalement déstructurée. Sans James, il reste Jamison, Mo Williams, peut-être Ilgausksas, sacrifié à l’hiver sur l’autel des demandes de James pour faire venir Jamison. Byron Scott aura du boulot. Mais il a quelques bons joueurs : Hickson, Varejao mais ça ne fait pas forcément une équipe ultra-compétitive, pas pour gagner un titre.

Mais pour la cité du lac Erié, l’obscurité sportive tombe à nouveau sur la ville. Les Cavs vont mettre un moment à digérer l’ère James, les Browns sont en pleine reconstruction sans qu’on sache où l’équipe va et les Indians sont au fond de la cave (avant-dernière équipe de la Ligue Américaine) avec une politique de reconstruction sur quatre ans.


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