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Dizzy on The French Riviera

Publié le 14 juillet 2010 par Assurbanipal

Dizzy on the French Riviera.

Un album Philips réédité par Verve.

Concert enregistré au 3e festival international de Jazz d'Antibes Juan-les-Pins en juillet 1962.

Dizzy Gillespie: trompette, voix

Leo Wright: flûte, saxophone alto, voix

Lalo Schifrin: piano, arrangements

Chris White: contrebasse

Rudy Collins: batterie

Pepito Riestra: percussions

Elek Bacsik: guitare électrique

" Quand je pense par derrière moi à des journées de bonheur parfait, ce furent presque toujours des journées d'été; autant dire qu'il y avait quelque bain là dedans " (Paul Morand, Bains de mer, 1960).

Sur la Côte d'Azur (French Riviera disent les Anglais et les Américains), Nice fut lancée par les Anglais (une ville au bord de la Mer Méditerranée aux doux hivers et qui se nomme Nice ne pouvait que les enchanter), Antibes Juan-les-Pins beaucoup plus tard, dans les années 1920, par les Américains et notamment par Francis Scott Fitzgerald, l'auteur clef du Jazz Age. Il n'est donc pas étonnant qu'Antibes Juan-les-Pins fête cette année les 50 ans de son festival de Jazz, le plus ancien de France.Il n'existe en France métropolitaine que deux statues d'hommes noirs et il s'agit de deux Jazzmen américains. Sidney Bechet à Antibes, ville en l'honneur de laquelle il composa " Dans les rues d'Antibes " et Wynton Marsalis à Marciac. Etonnant, non?

En cette année 1962, les trompettistes de Jazz ne vont pas bien fort. Louis Armstrong ronronne, Booker Little et Clifford Brown sont morts, Miles Davis se cherche. Chet Baker a déjà des problèmes avec la brigade des stups. Certes Donald Byrd, Lee Morgan, Freddie Hubbard font le bonheur des fans de Blue Note. C'est bon mais pas renversant. Pendant ce temps là, Dizzy Gillespie est au sommet de son art. Après le be bop et l'afro cubain, il est passé à la Bossa Nova. Surtout, il a repéré un jeune pianiste arrangeur argentin Lalo Schifrin que Las Vegas, Hollywood, New York s'arracheront bientôt. Même si vous ne connaissez rien ni au Jazz, ni à la musique, vous connaissez au moins le générique de " Mission impossible " et la musique de la publicité des bas Dim, deux oeuvres impérissables de Lalo schifrin. Dès 1963, Lalo partira voler de ses propres ailes, très loin, très haut. Pour le remplacer, Dizzy choisira comme pianiste, Kenny Barron. Encore une bonne pioche.

Par ce bel été 1962, donc, Dizzy Gillespie débarque à Antibes Juan-les-Pins et se croit au Paradis. La mer, le soleil, les jolies filles en bikini, un public joyeux et nombreux, des bons musiciens à foison. En chemin, il en ajoute deux, le Cubain Pepito Riestra aux percussions qui a déjà fui le régime castriste, pas si cool qu'il le prétendait et le Gitan Elek Bacsik qui, la même année, avec Michel Gaudry à la contrebasse accompagnait à la guitare électrique Serge Gainsbourg dans son album le plus Jazz, " Confidentiel ".

Le résultat est au delà de nos espérances. Un antidépresseur non remboursé par la Sécurité Sociale, qui ne se périme jamais. Un bain de mer et de soleil garanti en toute saison. Juliette Gréco danse avec M. le maire d'Antibes. Gilles Perrin, 9 ans, le fils de Mimi, vocaliste des Double Six, tient les partitions pour qu'elles ne s'envolent pas. Il y a du Jazz, du Cubain, de la Bosssa Nova, du Tango, de la chaleur humaine, de la vie, de la joie, du jeu. Dizzy et Lalo emmènent le groupe à des sommets de puissance vitale.

Peut-être que les bruits de mer, de vent, d'enfants ont été ajoutés. Peut -être même les applaudissements l'ont-ils été. Peut-être que cet album n'a pas été enregistré en concert à Antibes-Juan-les-Pins. Certains esprits aigris et persifleurs le prétendent. Même s'ils me le prouvaient, je ne les croirai pas. Ce serait perdre la foi en la vie et en la musique.

Il existe une photographie de Dizzy Gillespie à Antibes Juan-les-Pins en 1962 jouant tête baissée, le pavillon de la trompette plongé dans la Mer Méditerranée. Si quelqu'un a enregistré ce concerto pour trompette marine, je suis preneur.


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