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Tour de France 2010 : sprint houleux, coups de casque. Renshaw out. Explications

Publié le 17 juillet 2010 par Julien Holtz

Les funambules du Tour ont failli se retrouver au tapis, Mark Renshaw auteur de gestes inconsidérés se retrouve exclu du Tour de France. Les clés pour comprendre, le débat … Réflexion n°2 sur passionveloblog.com autour des sprints du Tour 2010.
Le Tour de France est une formidable loupe grossissante sur le comportement des coureurs cyclistes. Les suiveurs plus ou moins spécialisés y vont de leurs commentaires et animent un débat qui souvent remonte aux oreilles des premiers concernés : les coureurs.
Ma première réflexion à propos des sprinters date d’un article du samedi 10 juillet 2010 à propos de l'émotion de Mark Cavendish pour sa première victoire sur le Tour 2010 ou j’évoquais un mélange de funambulisme, de prise de risque quasi inconsidérée et de stratégie d’équipe.
Le sprint est un moment sur la course qui cristalise une fulgurance de tensions, d’excitation pour les coureurs et les spectateurs. Les coureurs sont sur un fil et doivent donner toute la puissance qu’ils ont en eux pour se dépasser individuellement et enterrer les concurrents.

Cyclisme - Tour : Cavendish, la passe de trois
A l'issue d'un combat houleux entre les Columbia et les Garmin, Mark Cavendish a su tirer les marrons du feu pour s'imposer. C'est la 3e victoire d'étape du Cav' sur ce Tour et la 13e étape au total.

Des faits et des explications

Deuxième événement donc : Jeudi 15 juillet, le peloton arrive à 500m de la ligne d’arrivée lorsque nous sommes soudainement pris de palpitations derrière notre écran télé ou notre ordinateur : Mark Renshaw, le poisson pilote de Mark Cavendish vient tout bonnement de « péter un câble ».
Jusque-là sur le Tour de France, nous avions vu les chutes à répétition à Bruxelles et Spa. Et aussi 2 espagnols se friter après le passage de la ligne à l’arrivée d’une étape de plaine avant le Jura. Mais là c’est pendant le sprint et c’est de la même veine que le jet de gourde de Tom Steels en 1997 voir la vidéo qui lui avait valu une mise hors course).
Mark Renshaw mène l’allure en tête du peloton pour emmener puis lancer son sprinter Mark Cavendish, c’est son « poisson pilote ». (Il est chargé d’accélérer l’allure du peloton jusqu’au point de rupture en produisant un premier sprint. Tout est donc fait pour que Mark Cavendish n’ait plus qu’à jaillir, donner 20 coups de pédales et lever les bras en passant la ligne.)
Mark Renshaw est remonté sur sa droite par Julian Dean, le Néo Zélandais de la Garmin Transitions. Dean a réussi à passer une épaule devant Renshaw et on voit clairement sur les images qu’il a même le coude devant. Quelques dixièmes de secondes plus tard, Mark Renshaw commence à s’appuyer contre Dean. Puis on le voit donner des coups de casque contre lui, son casque et son flan gauche.
Comment analyser la situation, comment décrypter et expliquer ce que nous voyons ?
Je n’ai pas besoin de lire les mots de Renshaw dans la presse pour vous livrer quelques hypothèses fort probables. Mettons dans la peau de Renshaw et essayons d’imaginer les scénarii de réponses auprès des journalistes :
•   « Le sprint c’est la guerre, et je n’ai aucune raison de laisser le passage à un coureur qui veut me le forcer, j’ai ma place préférentielle, je la garde, peut importe ce qu’il m’en coute ! »
•   « Julian Dean est en train de m’enfermer et m’emmène vers les balustrades, j’ai peur, et je n’ai pas d’autre moyens que le repousser en tentant de lui faire peur »
•   « J’ai fait mon boulot, Cavendish a gagné. Personne n’est tombé, c’est le principal ! »

Les réactions publiques

Mark Cavendish (vainqueur de l’étape) sur letour.fr
«Mark a bataillé avec Julian Dean pour m’ouvrir la porte et me permettre d’y aller. Je pense que Julian a mis son coude, et si Mark ne l’avait pas repoussé, il y avait des risques qu’ils tombent tous les deux. Il a juste fait tout ce qu’il a pu pour me mettre à l’abri des problèmes. J’ai de la chance d’avoir un gars capable d’aller jusqu’à la limite pour moi. Il a une maîtrise incroyable de son vélo et c’est un régal de suivre sa roue jusqu’à l’arrivée, et de se retrouver dans une position idéale. »
Tyler Farrar (sprinter team Garmin Transitions) dans le journal L’Equipe du 16/07
«(À propos de Cavendish). Il est parti sur la gauche, je me suis mis dans sa roue mais Renshaw m’a tassé sur les barrières, j’ai du lui mettre la main sur le dos, sinon je tombais. Cavendish, lui, a sprinté proprement. Félicitations.
C’est du cyclisme, pas de la boxe ! Je suis plus frustré qu’en colère. Vu ce qu’à fait Renshaw, c’est normal de l’exclure. Le sprint c’est déjà assez dangereux comme ça, il faut que les coureurs se respectent entre eux. Heureusement que Dean a su garder son calme. »
Allan Peipper (THR) sur letour.fr :
« Je viens d’apprendre la disqualification de Mark Renshaw, et je n’arrive pas à y croire. Et Farrar ? Il est autorisé à rester dans la course ? Je ne comprends pas. L’autre jour nous avons vu un coureur en poursuivre un autre avec une roue à la main ! Aujourd’hui il n’y a pas eu d’agression de ce type. Farrar a bougé et a poussé Renshaw dans les barrières, donc il était obligé de se défendre, il n’avait pas le choix. Je ne pense pas que Cavendish puisse gagner sans Renshaw, mais nous verrons.
En tant que coureur amateur, le sprint n’est pas ma tasse de thé, je suis toujours un peu tendu quand je vois un sprint en direct, notamment sur le Giro, car les routes italiennes sont étroites et sinueuses. Je redoute les chutes violentes et massives. De mauvais frissons et le cœur qui bat soudainement plus fort. Quand je vois, sur notre circuit autour de l’hippodrome de Longchamp à Paris, les coureurs gicler en haut du faut plat pour sprinter, je suis bien content de rester dans les roues. Je préférais nettement avoir les jambes pour attaquer en puncher ou en poursuiteur au kilomètre comme l’a déjà fait un Cancellara ou comme pourrait le faire un Chavanel des grands jours.
Aux dernières nouvelles, Mark Renshaw s'est excusé auprès des organisateurs. « Je regrette mon geste », a déclaré le coureur australien lors d'un entretien téléphonique avec Jean-François Pescheux, le directeur de course.

Et vous ? Que pensez-vous du comportement de Mark Renshaw ? Et dans l'ensemble, des risques pris lors des sprints ?


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