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Eh bien, la suite

Publié le 17 décembre 2007 par Anne Malherbe
Stéphanie, tu me pardonneras, hein?, mais il semble que je me sois égarée entre la pharmacie et la Fnac, tellement égarée même que je ne suis finalement pas du tout allée à la Fnac.
En revanche ma migraine s'est volatilisée, ce qui veut dire que je dois donner une suite à mon histoire. Heureusement, cette suite existe: certains d'entre vous la connaissent, PUISQUE ILS Y ETAIENT.
Mon histoire s'est donc passée à La Louisiane, vieil hôtel un peu pourri — ce qui est un élément essentiel. Seulement, si vous vous voulez vérifier, vous avez intérêt à avoir quelques minutes à perdre entre deux cadeaux chez Taschen ou chez la Marquise de Sévigné, car après la fin de la semaine, l'hôtel sera en travaux.
Et donc tout indice aura définitivement disparu.
Comme vous savez, j'avais un rendez-vous vendredi soir, jour qui, vous l'aurez noté, est particulièrement propice aux histoires étranges (comme les mardis matins).
L'avantage, c'est qu'il n'y avait pas grand monde à l'hôtel, et donc il y avait de l'espace pour TOUT voir. Mais là, il devient nécessaire que je vous prouve ma bonne foi, parce que vous allez penser que je vous raconte des salades. Donc je résume l'exposition.
En gros, il y avait des chambres un peu glauques et minables. Et dans chacune de ces chambres, des artistes avaient installé des oeuvres.
En général, la mise en scène des chambres était plus ou moins classée X.
Mais il y en avait des plus trash que d'autres, comme une où l'on pataugeait dans un bain de sang.
Il y avait aussi une chambre SM, aux murs recouverts de plastique noir.
Dans d'autres chambres, on ne voyait RIEN, car c'était de l'art conceptuel: c'est-à-dire qu'une photocopie était posée sur le bureau, par exemple.
Et dans une autre, il y avait des cerfs allongés tout raides dans des lits jumeaux, avec un bandeau noir sur les yeux.
Et puis il y avait la "chambre des filles", que je cite en dernier, puisque c'est là qu'avait lieu mon rendez-vous à plusieurs.
Dans cette chambre des filles, notamment, un revolver en céramique était abandonné sur la table de chevet.
Moi, ce jour là, j'avais décidé d'être sage, c'est-à-dire que je regardais tranquillement les oeuvres accrochées au mur, car en général j'aime bien ce qui me saute à la figure, ou alors ce qui m'attire dans la contemplation et la rêverie. Et j'évite de déchiffrer les photocopies conceptuelles posées sur des tables, car ça me fait mal aux yeux.
J'étais donc très sage, c'est-à-dire d'absolu parti-pris.
Lors de ce rendez-vous à la chambre des filles, il y avait un certain nombre de personnes que je connaissais, et il y avait quelqu'un que je ne connaissais pas.
C'était une femme, plutôt petite et charnue, qui m'observait tandis que je sélectionnais soigneusement ce devant quoi je m'arrêtais et ce que j'évitais. En fait, je ne sais pas si elle observait ce que j'observais, ou si c'était à cause de ma robe rouge.
A un moment, elle vint m'interrompre: "Venez, il faut que vous montre quelque chose".
A vrai dire, cela m'ennuyait, car je devais rejoindre mes amis, qui étaient en train de boire du champagne avec Bruno Robert.
Et puis, les hôtels moisis me perturbent un peu, car c'est un outil romanesque on ne peut plus éculé pour servir de décor à des histoires effrayantes — et les outils romanesques éculés finissent par se vérifier dans la réalité.
J'avertis néanmoins mes amis: "Je vous rejoins dans cinq minutes pour le champagne".
Comme j'avais déjà bu un White Russian, il me semblait que le champagne pouvait attendre.
Et je rejoignis la dame, qui portait des talons hauts et surtout des bas avec la couture visible derrière, comme pendant la guerre.
Il faut savoir que l'hôtel s'organise en deux ailes qui communiquent, c'est-à-dire que chaque étage forme un couloir qui tourne. Encore une histoire de couloir, allez-vous penser. Mais non, car cette fois, il ne s'agit pas de couloir, mais de plafond.
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Oups, il faut que je vous laisse, mon appartement est en train de prendre feu ....
Je reviens
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