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Bon préfet, mauvais préfet

Publié le 07 juillet 2010 par Delanopolis
On connaît le "good cop/bad cop" des films hollywoodiens, où un méchant flic et son gentil collègue se relaient pour cuisiner le suspect. Depuis quelques semaines, Delanoë se sent un talent de scénariste de polar. Le préfet de Paris, Daniel Canepa, se voit attribuer le rôle du gentil et Michel Gaudin, le préfet de police, incarne le méchant. En réalité, il s'agit du début d'un bras de fer politique avec les élections de 2012 et 2014 en ligne de mire. Les deux préfets se laisseront-ils impressionner par les cajoleries ou les gros yeux d'un maire qui ne cherche en réalité, en flattant l'un et menaçant l'autre, qu'à sauver ses projets les plus foireux ? A les observer, aucun n'a l'air particulièrement commode ... Bon préfet, mauvais préfet
Bon préfet, mauvais préfet D'abord, dans le rôle du gentil préfet : Daniel Canepa.

Se réjouissant ouvertement du départ de Christian Blanc, Delanoë a, avec une fausse ingénuité, déclaré qu'il n'était pas nécessaire de remplacer le démissionnaire : "il y a déjà un super-préfet d'Île-de-France, Daniel Canepa et il est très bien".

Venant d'un individu aussi sincère et droit, ce genre de compliments devrait inquiéter Canepa au plus haut point ! En réalité, Delanoë espère reprendre la main progressivement sur le dossier du Grand Paris et étouffer peu à peu toute ambition qui mettrait à mal sa vision d'un petit Paris à taille de politicien où les baronnies et les prébendes pourraient continuer de prospérer, simplement égayées par des opérations de communication (voir en cliquant ici ).

Surtout, la bienveillance de Daniel Canepa, disposant du contrôle de légalité via le déféré préfectoral, sera importante d'ici 2012 pour sauver les nombreux dossiers juridiquement foireux de la mairie. Dans l'affaire des Halles, par exemple, Delanoë aurait rudement besoin que le préfet ne défère pas le marché illégal attribué à Mangin. S'il le fait, et il faut qu'il le fasse, toute la construction véreuse de la mairie s'effondrera. A chaque conseil de Paris ou commission d'appels d'offres, les décisions juridiquement critiquables se succèdent. Dernière en date : la création d'emplois d'"experts de haut niveau" destinés à recaser des agents dans des conditions que l'Etat n'accorde pas à ses agents. Cajoler Canepa (éventuellement en lui suggérant à demi-mots qu'il pourrait résister à tous les aléas politiques de l'après 2012) est le meilleur moyen d'éviter à la mairie ces cruels rappels à la loi.

Le gentil préfet aura-t-il naïveté de croire à ce baratin ?


Bon préfet, mauvais préfet Dans le rôle du méchant : Michel Gaudin, en charge de la police.

Delanoë a fait mine de s'énerver quand Gaudin, à l'occasion de l'opération de communication dite "rendre les voies sur berges aux Parisiens" a fait son travail, à savoir se soucier des conditions de circulation et d'évacuation d'urgence sur cet axe d'intérêt national. Contrairement à ce qu'affirme la mairie, il ne s'agit pas uniquement d'une opération d'aménagement mais également d'une question de circulation sur une voie qui ressortit de la compétence préfectorale et qui est au coeur du Grand Paris.

Ce que demande Gaudin, à savoir une expérimentation du dispositif envisagé par la mairie, relève de la plus élémentaire logique. Du reste, Lepetit avait réclamé haut et fort un même dispositif quand la préfecture a voulu réserver une voie du Périf' nord aux taxis. Ce qui vaut pour le Périf' vaut naturellement pour les berges.

Ajoutons que la place de la République nécessite également que les projets ubuesques de la mairie soient testés avant d'être inscrits dans le bitume. L'association Vigilance-République n'aura de cesse de réclamer cette épreuve de vérité.

Cette question de l'expérimentation est hautement significative. Il est plaisant de constater que Delanoë & Co est tout agité dès qu'on évoque le principe de réalité. Poussée dans ces retranchements, la Voix de son Maire, affirme que, si le tramway avait été expérimenté avant son lancement, on ne l'aurait pas réalisé. Mais ce "raisonnement" est absurde de bout en bout. D'une part, on ne pouvait expérimenter un moyen de transport qui n'existait pas. Alors que pour les berges ou la République, il ne s'agit que de réaménager des espaces. Le test est logiquement possible et peu coûteux.

D'autre part, le bilan réel du tramway est escamoté par la mairie qui ressasse son prétendu succès. Mais il est pitoyable : peu de passagers supplémentaires transportés par rapport à l'ancien bus PC, des reports de circulation polluants et un coût exorbitant ( voir notre dossier tramway ). Enfin, précisément, si l'expérimentation n'est pas concluante, c'est bien qu'il faut renoncer à un mauvais projet !

Face à l'enlisement des Halles, des Batignolles et de tous les grands chantiers parisiens, l'opération "reconquête" des berges n'est en réalité destinée qu'à détourner l'attention des médias et amuser la galerie. Une fois de plus, l'effet à court terme des annonces est privilégié sur les besoins à long terme de la ville et de son agglomération. Et c'est aux deux préfets de défendre l'intérêt général contre une pseudo-légitimité "intra-périphérique" qui n'est que démagogie.




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