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Vu au cinéma : Inception de Christopher Nolan.

Publié le 25 juillet 2010 par Alexisp
Vu au cinéma : Inception de Christopher Nolan. Deux ans après l'énorme succès de son Dark Knight, Christopher Nolan revient nous en mettre plein les mirettes avec un grand délire visuel au doux nom d'Inception. Verdict.

Quand on parcourt la filmographie de Christopher Nolan, on est en droit de se demander si ce réalisateur d'à peine 38 ans ne serait pas en voie de devenir un des grands noms du cinéma contemporain. Sa particularité principale, et ce qui lui octroie un succès aussi bien critique que public, réside en sa capacité de concevoir de gros blockbusters parfaitement calibrés pour la période estivale avec en prime une narration alambiquée et fascinante qui le distingue des autres mastodontes du genre comme Emerich et consorts.

Le film se concentre sur le personnage de Dom Cobb (Di Caprio), fugitif recherché pour avoir tué sa femme Mall (Cotillard) et qui ne vit que d'activités illégales, notamment le vol. Mais Cobb n'est pas un voleur comme les autres. Il s'imice dans les rêves de ses victimes afin d'en extraire combinaisons et autres codes qui l'aideront dans son crime. Un beau jour, il rencontre le PDG d'une multinationale qui lui promet un retour vers les Etats-Unis en tant qu'homme libre s'il utilise le processus d'inception (introduire une idée dans le subconscient d'une personne) sur l'un de ses rivaux. Désirant revoir ses enfants au plus vite, Cobb accepte et forme bientôt une équipe d'experts pour réussir sa mission.

C'est en regardant les oeuvres précédentes de Nolan que l'on peut appréhender Inception et l'apprécier à sa juste valeur. La patte du réalisateur - et scénariste - se note dès les premiers plans. Comme à son habitude, il nous propose un prologue déroutant, véritable puzzle que l'on essaie de reconstituer avec le peu qui nous est offert. Mais à quoi bon, chaque film signé Nolan commence ainsi. Memento était basé intégralement sur ce procédé narratif, mêlant analepse et ellipse avec maestria. Et même dans ses oeuvres les plus "grand public", le réalisateur ne délaisse pas la complexité qui lui est propre à l'image de Batman Begins qui nous plonge dès les premières images dans une prison au Tibet. Nolan disperce son mystère avec parcimonie, une réponse appelant une question jusqu'à ce que le puzzle se reconstitue dans les derniers instants. C'est finalement ce qui est le plus captivant chez Nolan, cette importance donnée à la mémoire, à l'oubli et à la logique. Inception transpire cet univers singulier et va bien au-delà en faisant la part belle à une science-fiction déconcertante qui rappelle immanquablement la trilogie des Matrix... en plus intelligible.

Le sujet est forcément difficile d'accès et l'on doit reconnaître que la première demi-heure du film à but explicatif n'est pas passionnante. Au travers du personnage d'Ellen Page, jeune étudiante brillante en architecture recrutée par Cobb, Nolan nous donne accès à toute la dynamique et la mythologie du film. Le parcours initiatique est aussi l'une des composantes essentielles chez Nolan qui permet en quelque sorte de créer des liens entre des bribes narratives et de donner du sens. Et le sens, dans Inception, c'est un luxe. Passé un début un peu poussif, le scénario commence à éblouir dès lors qu'il nous fait entrer dans les différentes strates de rêves. Des rêves emboîtés dans d'autres rêves: de quoi avoir le vertige et de perdre tout sens de la réalité. Et ce vertige scénaristique est parfaitement représenté visuellement. Les différents rêves nous montre des univers où l'apesanteur n'a plus de loi, où les secondes sont des heures et où les villes sont maléables à l'infini de telle sorte que Paris se retrouve manipulé comme de la pâte à modeler. Ce déluge d'effets spéciaux impressionne et sonne le spectateur qui perd pied et se laisse guider dans un grand délire marqué de ralentis et d'instants clefs répétés d'une manière quasi hypnotique. Nolan sait parfaitement manipuler les images et les mots. De fait, chaque dialogue est vital, chaque image essentielle, pour que tout prenne sens.

Ce qui est finalement intéressant dans Inception, c'est de voir que nous sommes quelque part aussi les victimes de Cobb tant il réussit à troubler notre sens de la réalité d'une manière encore plus vicérale que Matrix avant lui. Porté par un casting crédible et imposant, des personnages denses et une musique virevoltante, l'oeuvre de Nolan est une nouvelle fois une réussite dont on regrette simplement que le postulat ne soit pas un peu plus dramatique et ne se limite qu'à des enjeux financiers mineurs. Un film qui devrait faire date en matière de science-fiction.

Inception de Christopher Nolan
Dans les salles.


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