Magazine Auto/moto

Autoroutes : des stations-service qui carburent au café

Publié le 26 juillet 2010 par 40millionsdautomobilistes

Autoroutes : des stations-service qui carburent au caféDe la même façon que les socié­tés auto­rou­tières sont des conces­sion­naires ayant une délé­ga­tion de ser­vice public, les stations-service sont des conces­sion­naires des socié­tés auto­rou­tières. Et les sand­wi­che­ries qui occupent les stations-service sont, à leur tour, des conces­sion­naires de ces der­nières. Un véri­table jeu de pou­pées russes qui fait des appels d’offres des enjeux cru­ciaux pour les socié­tés enga­gées, à chaque éche­lon du système.

Et d’ici 2012, les socié­tés auto­rou­tières (Vinci, Sanef, APPR ) renou­vellent plus des deux tiers des conces­sions, soit 267 conces­sions de stations-service.

Vue la com­pé­ti­tion féroce qui oppose dans ce domaine Total, Shell, Esso, BP, Agip, Avia, Car­re­four, Leclerc et Dyneff, on pour­rait pen­ser que le métier de pom­piste est très lucra­tif. Pas du tout, assurent les pétro­liers, qui ren­ta­bi­lisent tout juste la vente d’essence à la pompe. Alors, pour­quoi une telle concur­rence des socié­tés pétro­lières dans la course aux appels d’offre ?

D’abord parce que la pré­sence sur auto­route est une publi­cité indis­pen­sable pour les com­pa­gnies pétro­lières. Mais ensuite, et sur­tout, parce qu’il existe un moyen de ren­ta­bi­li­ser une stations-service : y ins­tal­ler une sandwicherie.

Ces nou­veaux acteurs des stations-service que sont Paul, Brioche dorée, La Crois­san­te­rie, Pomme de Pain ou La Mie câline reversent 5 % de leur chiffre d’affaires à la société pétro­lière. Cela suf­fit à ren­ta­bi­li­ser les stations-service de cette der­nière, appa­rem­ment, puisque de tels contrats se développent.

Et, comme l’a révélé le cabi­net d’études Xerfi, le chiffre d’affaires des ventes des sand­wi­che­ries des stations-service s’est monté à 12 mil­liards d’euros en 2009. La marge est d’ailleurs imbat­table : un pain au cho­co­lat coûte à la sand­wi­che­rie 30 % de ce qu’il lui rap­porte. Tant et si bien que les sand­wi­che­ries des stations-service contri­buent à la moi­tié de leur activité.

À l’origine de ce phé­no­mène, une évo­lu­tion du mode de consom­ma­tion des auto­mo­bi­listes : alors que la station-service était naguère un endroit où l’on pre­nait de l’essence et fai­sait son besoin, elle devient de plus en plus un endroit où l’on se res­taure. Finis les sand­wiches embal­lés dans l’aluminium la veille au soir, et ava­lés assis dans la voi­ture et les pieds posés sur le parking.

Désor­mais, les auto­mo­bi­listes s’arrêtent pour man­ger, et sont prêts à payer un peu plus cher les ser­vices d’une sand­wi­che­rie, pou­vant ainsi s’y asseoir.

Cela fait tour­ner les stations-service, se féli­citent les socié­tés pétro­lières. Ce qu’elles oublient de dire, c’est que si la taxe inté­rieure sur les pro­duits pétro­liers (TIPP) était à un niveau moindre, les auto­mo­bi­listes, moins pres­su­rés par le prix de l’essence, seraient peut-être plus enclins à prendre leur car­bu­rant sur l’autoroute, au lieu de se pré­ci­pi­ter sur les sta­tions de ville pour y faire le plein et ainsi éco­no­mi­ser de pré­cieux euros. Car au final, les taxes qui pèsent sur les socié­tés pétro­lières retombent sur les conducteurs.


Retour à La Une de Logo Paperblog

A propos de l’auteur


40millionsdautomobilistes 197 partages Voir son profil
Voir son blog

l'auteur n'a pas encore renseigné son compte l'auteur n'a pas encore renseigné son compte

Magazines