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Anthologie permanente : Jacques Dupin

Par Florence Trocmé

Tentative inédite pour cette anthologie d’été. Poezibao se propose de suivre pendant quelque temps, pour le choix des textes, le fil d’une lecture en cours, celle du livre de Jean-Claude Mathieu, Écrire, inscrire, sous titre ″Images d’inscriptions, mirages d’écriture″ (éditions José Corti 2010). Jean-Claude Mathieu, sur la trace des « inscriptions » cite d’innombrables poètes. Poezibao reprendra certaines de ces citations et tentera de les compléter, chaque fois que possible, par un autre texte du même auteur.   
 
On part de J.-C. Mathieu, in Écrire Inscrire pour aller vers Jacques Dupin qui lui, parle de Reverdy 
•La citation d’Écrire Inscrire 
« Dans le mouvement de son écriture, l’écrivain qui a buté contre l’étrangeté de l’inscription, se la réapproprie. Il pénètre ces signes pétrifiés, leur incorpore son temps, sa subjectivité. Il déchiffre des traces en arrière qui passent en filigrane dans les signes qu’il invente en avant. Pour ce passe-murailles, le mur couvert de lettres est un obstacle qui s’entrouvre : ″le poète, écrit Dupin, c’est-à-dire personne, devant le mur qui nous arrête et qu’il traverse, continue d’écrire sur le sable et la poussière... Il maintient l’espace ouvert″ » 
Jacques Dupin, (cité par Jean Claude Mathieu, in Écrire Inscrire, José Corti, 2010, p.41), M’introduire dans ton histoire, P.O.L., 2007, ″la difficulté du soleil″ (p. 44) 
•deux textes de Jacques Dupin 

A Pierre Reverdy 

j’adhère à cette plaque de foyer 
je rends ton enfant à la vague 
je tourne le dos à la mer. 
reconquise sur le tumulte et le silence 
également hostiles, 
la parole mal équarrie mais assaillante 
brusquement se soulève 
et troue l’air assombri par un vol compact 
de chimères. 
le tirant d’obscurité du poème 
redresse la route effacée. 
il neige au-dessus des mots. 
après tant de voyages violents 
entre la table et la fenêtre ouverte, 
toutes choses et ta soif devinrent transparence 
et profonde allégresse obscure... 
il neige au-dessus de nous : 
ce que tu taisais, je l’entends 
Jacques Dupin, M’introduire dans ton histoire, P.O.L., 2007, p. 45 
• 
  le réel en retour, offre toutes ses faces, 
ensemble, à ta seule étreinte fixe, 
nulle prise tenue, retenue, mais l’excavation blanche, 
la lettre volée, le rapt éclairant, 
  un chavirement de l’étendue dans la lumière, 
seule à répercuter 
  l’embolie du ciel 
à donner espace à ce bleu désuni qui s’allège 
ce bleu de fonte, béant, de substance musicale, 
comme d’un mur de terre et de fleurs 
s’écroulant contre nos genoux 
et resurgissant, lavé, bleu, sans nom 
Jacques Dupin, Contumace, in Ballast, Poésie/Gallimard, 2009, p. 101. 
Jacques Dupin dans Poezibao :  
bio-bibliographie extrait 1, extrait 2, extrait 3, extrait 4, extrait 5, extrait 6, hommage à Claude Esteban, numéro spécial de Faire Part, lecture chez Tschann, extrait 7, extrait 8, extrait 9, extrait 10, note sur la poésie, extrait 11 
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