Magazine Journal intime

Le sauveur de vie

Par Nainfermier
Quand on me demande ce que je fais comme travail, je répond modestement: "Je sauve des vies".
Mais en fait en milieu hospitalier, on ne sauve pas vraiment de vie de manière individuelle. C'est systématiquement un travail d'équipe, il y a toujours une personne qui prépare les médicaments, une autre qui les donne, un autre qui masse, etc... Au final on ne peut pas dire qu'on a sauvé une vie, mais simplement qu'on a participé à sauver une vie, ce qui est nettement moins classe, vous en conviendrez.
Mais cette fois, c'est différent. J'accompagnais une patiente en coronarographie, alors qu'elle était gentiment entrain de faire son infarctus. Je l'installe sur la table et laisse l'opérateur s'amuser avec les coronaires.
Il est 3h du mat, moi je m'installe dans la salle de contrôle avec la technicienne en radiologie médicale, on discute, on regarde les photos de son voyage en Indonésie et on écoute du "I belive i can fly" de R. Kelly. Bref, je suis tranquillement installé, un oeil qui traine sur le scope de temps en temps. Quand tout à coup, je vois le rythme cardiaque se ralentir brutalement et la tension commencer à faire la chute libre sans parachute. Je cours vers la salle (enfin c'est pas vraiment de la course quand on a un tablier de plomb de 25kg sur le dos c'est plutôt une sorte de marche rapide...). J'entend l'opérateur dire, "je suis un peu occupé dans son coeur, tu pourrais faire quelque chose??"
Alors j'ai injecté de l'atropine, mis en route une perf de noradrénaline, mis des remplissage sous pression et injecté des bolus d'anticoagulants. On a évité le pire, mais le médecin à parlé à près coup de situation pré-ACR, donc c'était assez tendu.
Sur le moment, tu te sens drôlement seul, les salles de coronarographie à 3h du matin, c'est comme l'espace, il n'y a personne pour t'entendre crier...
Cest pour ça que cette fois, je peut me dire que c'est moi qui lui ai sauvé la vie, parce que je n'avais personne d'autre pour me préparer les médics, c'est moi qui les ai donc injecté, c'est moi qui est fait la surveillance des paramètres, etc... En gros, je me suis tapé tout le boulot tout seul, alors ce n'est qu'un juste retour des choses, si je m'accapare tout les lauriers, non?
Je suis super fier de moi sur ce coup là...Mais ce qui est pénible, c'est que personne ne voit ça de mon point de vue... L'opérateur en coronarographie me trouve nul parce que j'ai mis trop de temps pour lui préparer ses anticoagulants, mes collègues quand je leur ai raconté, m'ont dit "c'est des choses qui arrive" et la patiente ne s'est rendu compte de rien du tout... En gros, je suis le seul à apprécier ce que j'ai fait...
Je m'en fout, je suis trop fier de moi!!!

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