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Le douanier Rousseau, Alfred Jarry, Albert Mockel, Remy de Gourmont, les frères Magre...

Par Bruno Leclercq

Le douanier Rousseau, Alfred Jarry,
Albert Mockel, Remy de Gourmont,
les frères Magre...


Le douanier Rousseau, Alfred Jarry, Albert Mockel, Remy de Gourmont, les frères Magre...

Henri Rousseau, La Guerre. L'Ymagier II. Janvier 1895.

Louis Lormel : Chronique Beaux-Arts, Aux "Indépendants", L'Idée Moderne, N° 7 et 8, 15 avril 15 mai 1895.

[....] Enfin nous arrivons à M. Henri Rousseau, qui, lui aussi est novateur, puisque l'Ymagier publie ses œuvres. M. Rousseau est, en tout cas, un sincère et un convaincu. Il est primitif parce qu'il ne peut pas faire autrement. Voir de lui le portrait d'un poète (M. Alfred Jarry) que la longueur des cheveux a fait désigner au catalogue : Portrait de Mme A. J. Le poète, vêtu de noir, est assis. Autour de lui figurent les animaux qu'il préfère : hiboux et caméléon. La langue du caméléon, à son oreille, fut prise, par un critique d'art, pour un porte-plume. [...]

Le douanier Rousseau, Alfred Jarry, Albert Mockel, Remy de Gourmont, les frères Magre...
Nicole Chambellan, directrice de L'Idée Moderne, dans le numéro 5 d'octobre 1894, chronique le livre d'Albert Mockel, Propos de Littérature, et donne une analyse assez personnelle du mouvement symboliste. Sans doute s'appuie-t'elle pour cela sur son expérience, elle qui écrivait dans la Lettre-préface débutant le premier numéro de sa revue, qu'elle " connus les bien heureuses fièvres qui animaient ceux d'aujourd'hui - les jeunes d'il y a dix ans ". Alors que Mockel, base son livre sur l'analyse des œuvres de Francis Viélé-Griffin et celle de Henri de Régnier, Nicole Chambellan croit :

[...] que plus que MM. Viélé-Griffin et de Régnier, MM. Mallarmé et Remy de Gourmont furent les principaux acteurs du symbolisme.
Le mouvement symboliste, au sens absolu du mot, c'est-à-dire sans tomber dans toutes ses vaines classifications : romanisme, instrumentisme, magisme, magnificisme, etc., prépara le mouvement idéaliste actuel. A la tête MM. Mallarmé et de Gourmont demeurent qui, il y a quelques années, affirmèrent dans de longs articles (que quelques-uns traitèrent de manifestes) leur esthétique.
Entr'eux, certes, il y a très peu de différences : ils sont les continuateurs immédiats de Villiers de l'Isle Adam. Mais faut-il ne voir dans leurs écrits qu'une recherche continuelle de la suggestion ? Nous pouvons affirmer qu'ils ont rêvé plus haut. La suggestion est insuffisante et ne crée pas une œuvre.
L'un et l'autre se sont élevés jusqu'au sentiment. M. Mallarmé n'eût pas d'autre but que d'initier le lecteur en retraçant les lois générales de l'Univers, régies déjà par la science et peut-être approfondies par la métaphysique d'où jaillira la science future ; et toujours il s'est complu dans une certaine tristesse qui, si elle ne fit pas de l'être un très infiniment petit, ne le magnifiât pas du moins. M. Saint-Pol-Roux rêva le contraire et voulut lui, magnifier l'être.
M. Mallarmé ne créa point de nouveaux états d'âme ; il ne fit que synthétiser tout ce qui affecte les sens ou l'âme et dont la cause est immanente aux lois universelles. Aussi regardons-nous son œuvre, traitant des rapports inhérents à l'objet, comme objectiviste. M. de Gourmont retraça ses visions propres de l'Univers et, rentrant en soi-même, répondit à ses même visions puis, s'écartant de Mallarmé, ne synthétisa plus ses états d'âme, mais synthétisant ses idées créa la poésie qu'il entrevoyait comme idée générale. C'était la poésie subjective, un acheminement vers le synthétisme absolu. [...]
: Eveils. Toulouse, 1895, Imprimerie Vialelle et Perry, 14 x 20,5 cm, 46 pages.


Rubrique livre, l'Idée Moderne, N° 3 et 4 de février 1895 :

Eveils, par André et Maurice Magre.
Livre de jeunes, mais livre révélant une sincérité louable. Les Éveils de MM. A. et M. Magre sont d'une lecture facile et d'une naïveté voulue qui parfois confine à la légende. Est-ce la hantise d'une Ophélie qui leur dicta les sonnet III où se trouvent ces deux tercets :
Ors ce soir, et tandis que bruissent les roseaux
L'âme du saule mort tourne avec son fuseau.
La nuit lente assombrit les ombres violettes...
Attentive aux derniers écheveaux, elle attend
Qu'en l'eau claire un ciel plein d'étoiles se reflète,
Puis elle épousera le saule dans l'étang.
Ou bien encore dans le sonnet II :
Oh ! rêve de rester dans l'ombre du sentier
Pour voir au loin un vieux berger un peu sorcier
Simple et grave, jeter des feuilles aux étoiles.
Ce livre, loin d'être encore une œuvre, dénote d'une certaine élégance dans le vers. C'est déjà beaucoup et cela promet.

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