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La perception occidentale de la réalité et du temps a-t-elle un avenir?

Publié le 14 août 2010 par Bernard Deson
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How to Get More Done in Less Time ou comment en faire plus en moins de temps, voilà résumé en une maxime le contenu des ouvrages de gestion du temps que tout bon dirigeant se doit d’avoir lus.

Depuis Aristote et son obsession du classement - une place pour chaque chose et chaque chose à sa place - jusqu'à Taylor qui a voulu convaincre ses contemporains que le travail à la chaîne apporterait le bonheur à l'humanité, il existe bien une perception occidentale du temps. Elle consiste à mettre le temps en boîte en planifiant les tâches, puis de les accomplir d’une façon rigoureuse en suivant l’ordre prévu. Prévoir ce qui doit être fait, le préparer sous forme de programme, puis le réaliser conformément au plan, tel est l’idéal recherché en Occident. "La raison va maîtriser l'univers et, pour cela, nous devons travailler. Ne rien faire, c'est gâcher un temps précieux qui pourrait être employé à produire, agir, ou préparer l'action[1]".

La gestion du temps est-elle la même à Pékin qu'à Paris?  Non, le rationalisme n'est pas un remède universel. La culture chinoise prône une approche plus tactique que  volontariste pour composer avec une réalité contingente. Le « che », mot magique qui résume toute une philosophie de vie est l’attention permanente à la réalité du monde dont il s’agit de déduire le comportement à adopter pour n’être jamais pris au dépourvu. C’est donc avec un certain scepticisme que le Chinois découvre les outils de planification utilisés par les occidentaux. Pour lui, ils sont trop rigides et souvent inadaptés. "La manière idéale de diriger les événements est d’employer des méthodes qui ne créent ni résistance ni réactions contre-nature[2]".

Pour le Chinois,  prévoir est inutile, il suffit de laisser le temps suivre son cours  et  puis d'agir en fonction de la disposition que prennent les choses. De toute évidence celui qui adopte une telle attitude risque d’avoir une  approche passive du temps . Retenons que le point fort de cette philosophie est  la patience : savoir attendre le bon moment, lâcher prise, ne pas s’obstiner si les événements sont dévaforables. De leur côté, dans la même situation de résistance, les Occidentaux stressés par une planification trop rigide trépigneront d’impatience.

Attention à la caricature : les universités chinoises ont un enseignement largement ouvert aux concepts occidentaux et les cadres formés depuis une dizaine d’années bénéficient d’une vision métissée. Nous devrions en tirer les mêmes conclusions et considérer que si  "la perception occidentale du temps donne du sens et de la méthode, l’orientale permet de coller à la réalité[3] ".



[1] Question de temps, François Delivré

[2] Le Tao du temps, Diana Hunt & Pamela Hait

[3] Question de temps, François Delivré

Crédit photographique: "Sartre chinois" http://demesuredupossible.joueb.com/news/jean-paul-sartre-la-polemique-rebondit


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