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Joies et déceptions de l'été #3 : Bakuman tomes 1 & 2

Par Nemotaku
Joies et déceptions de l'été #3 : Bakuman tomes 1 & 2

Joies et déceptions de l'été #3 : Bakuman tomes 1 & 2 Joies et déceptions de l'été #3 : Bakuman tomes 1 & 2

Bakuman nous conte l'histoire de 2 jeunes collégiens, Mashiro et Takagi, qui ont décidé de devenir mangakas, l'un au scénar', l'autre au dessin ; exactement comme le couple d'auteurs crédité sur les tomes de ce manga ; et rien que ça résume plutôt bien l'histoire. Première bonne nouvelle dès la couverture, c'est Takeshi Obata qui nous avait déjà royalement servi sur Death Note ou Hikaru no go qui est au dessin. Autre bonne nouvelle, l'autre bout du duo c'est Tsugumi Ohba déja à l'oeuvre avec Obata sur Death Note. Et dès le début, nos 2 compères nous montrent qu'ils n'ont pas perdu la main. Et puisqu'on parle de main, Bakuman est encore une fois l'occasion de constater les talents de dessinateur d'un Obata toujours impeccablement bluffant. A l'exception près, cette fois-ci, du design de ses persos féminins que je trouve personnellement pour le coup à la limite du précieux ridicule. On peut d'ailleurs voir ça comme un signe tant ça semble affecter le scénario de Ohba qui nous sort une histoire d'amour principal qui à force de jouer à fond la carte de la romance à l'ancienne passe du sympathique au frustrant voire confine parfois elle aussi au ridicule.

Mais une fois cela mis de côté, Bakuman dispose de forts atouts même si il s'avère être difficile à classer. Si il est très facile de voir l'orientation assez shonen de l'histoire ; 2 jeunes mangakas qui partent du bas pour arriver au sommet de leur catégorie ; le manga contient une dose massive de texte pour le genre. Ainsi, il faut beaucoup de temps pour lire complètement un volume ce qui est assez surprenant pour un médium plus habitué au mouvement voire à l'incisif plutôt qu'à la description. Mais cette dose de texte est nécessaire à l'ensemble car , contrairement à ce qui est reproché à nos héros par leur éditeur, elle ne sert pas à expliciter la narration (les événements sont compréhensibles en eux même) mais au contraire à détailler au maximum tous les mécanismes du milieu prenant pour acquis que le lecteur ne connaît rien. Outre rendre accessible à tout public, y compris international, l'histoire, on retrouve là un procédé narratif qui faisait déjà recette dans Hikaru no go et qui est fort agréable à retrouver.

D'autant que ce côté documentaire n'éclipse pas le travail du scénariste. L'histoire très plaisante à suivre comporte ainsi son lot de rebondissements, de victoires et de défaites. L'identification aux héros n'est certes pas immédiate mais on se prend vite au jeu une fois qu'on est dedans, qu'on est « avec » eux. Qui plus est, l'immersion dans ce monde professionnel consiste en une aventure en soi . Il est grisant de constater que Bakuman nous donne l'impression de briser le 4ème mur tout en restant en fait bien planqué derrière. Toutefois une fois emporté par cette bonne histoire, la réussite de Bakuman dépend aussi de la réponse à une question essentielle : le manga peut il traiter du milieu du manga ?

Joies et déceptions de l'été #3 : Bakuman tomes 1 & 2

Cette question est loin d'être anodine tant il peut être parfois difficile pour un médium de traiter de son propre sujet. On peut imaginer par exemple que les milieux littéraires ne peuvent pas parler franchement des combines des prix littéraires sous peine d'embarrasser leurs éditeurs. Qu'en est-il pour le milieu du manga ? Si Bakuman ne traite pas directement de cette question en tant que tel, il ne peut toutefois pas éviter de l'aborder et se permet parfois même d'être tranchant. Ainsi, dès le départ, on apprend que l'oncle mangaka du héros est mort dû à une surdose de travail car il n'arrivait plus à renouer avec le succès. L'image du monde professionnel du manga apparaît par la suite sans doute tel qu'il souhaite se montrer : impitoyable mais juste. On pourrait résumer l'idée principale véhiculée par tout ça par « l'éditeur ne publie que les bons mangas et qu'un manga est bon s'il obtient des votes du public. » En gros, il n'y aura pas de cadeau mais si c'est bon alors ce sera reconnu. Après tout si Hikaru no go avait réussi à mettre en avant le jeu de go, pourquoi ne pas encourager les vocations de mangaka ?

Bien entendu, cette philosophie est discutable et l'on pourrait alors se demander, ce qui serait plutôt français dans la démarche, si ce système ne laisse pas sur le bord du chemin des approches scénaristiques ou graphiques plus marginales et pourtant artistiquement d'importance. (Oui vous savez à quoi je pense). Mais c'est un débat éternel, comme celui entre salles de cinéma d'art et d'essai et les multiplexes, que Bakuman n'a pas vocation à trancher même si il y apporte sa contribution. Contribution qu'il faut d'ailleurs savoir relativiser en n'oubliant pas que Bakuman reste attaché à un éditeur, à un milieu.

Certes ce n'est qu'un début mais en 2 tomes Bakuman apparaît comme une œuvre suffisamment bien faite pour qu'on puisse passer outre ses faiblesses. La plongée du manga dans le monde du manga ainsi que ses héros plutôt attachants en font une lecture qu'on peut choisir de prendre ou non au sérieux et qui tranche un peu du reste. Une vraie joie que de découvrir pareil œuvre en France et une vraie impatience de voir ce que nous réserve la suite.


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