En attente, photographies de Valérie Jouve

J’avais déjà vu des photos de Valérie Jouve, des gens, des villes, une sorte d’accumulation qui ne me disait rien, du moins l’ai-je pensé alors. Et je viens de visiter, au Centre Pompidou à Paris, cette exposition intitulée En attente.

Des villes palestiniennes, des personnages mis en scène dans ces villes, le regard errant sur les façades. Et je suis touché par la disposition des photos dans l’espace qui leur est réservé, par ce qu’elles évoquent pour moi… Ce n’est pas un hasard. J’ai rendu compte dans ce blog, cette semaine, d’une progression vers cette compréhension (comprendre, c’est prendre avec soi) : exposition Duane Hanson, yeux vides des personnages représentés ; concert Rabih Abou Khalil, musicien libanais qui joue pour les villes qui meurent (et il cite Gaza) ; exposition Willy Ronis, photos de gens ordinaires dans leur vie, leur travail, leurs luttes, leurs joies (et dans le XXe siècle). Ce chemin aboutit à Valérie Jouve.

Dans les yeux vides et baissés des personnages de Duane Hanson, j’ai vu la tristesse d’une vie sans but dans un temps arrêté ; dans ceux des personnages de Valérie Jouve, je vois la tristesse d’une vie, d’une jeunesse dans un temps suspendu. Pourquoi cette différence de perception ? Peut-être parce que Valérie Jouve inscrit ses personnages dans la ville, qu'ils ont un nom, quand ceux de Duane Hanson, sortis de tout contexte, anonymes, semblent extrêmement seuls. Et la ville palestinienne ne ressemble pas du tout aux villes que je connais. Ce ne sont pas les villes de Willy Ronis (en noir et blanc étaient aussi les photos de mon enfance). C’est comme un alphabet que je ne sais pas lire et pourtant dont la calligraphie attire mon regard et la musique attire mon oreille. L’inconnu reste à découvrir.