Venise - La Pologne qui s'enfonce

Le 1er septembre est une date qu’aucun Polonais ne peut oublier. Ce jour là en 1939, la Pologne, qui n’était indépendante que depuis 20 ans, était attaquée par l’Allemagne nazie, avec la complicité de l’URSS. Trois semaines plus tard, le pays était démembré. C’était le début de la Seconde Guerre mondiale. Pour le peuple polonais, c’était aussi l’annonce de décennies de souffrances.

Présenté en compétition mondiale au Festival des Films du Monde de Montréal (photo ici), Wenecja (Venise) raconte une année dans la vie de Marek (Marcin Walewski), du printemps 1939 au printemps 1940. Malgré les événements qui forcent sa famille à se réfugier dans la vieille villa de sa tante Veronica (Grazyna Blecka-Kolska) à l’abri de la guerre, le garçon de 11 ans n’a qu’un rêve: voir Venise comme tous les membres de sa famille avant lui. Venise est une métaphore sur la grande et la petite histoire.

Marek et ses cousines sont d’abord confinés dans la villa, l’instruction ayant été interdite par les nazis qui voulaient faire de la Pologne un pays agricole. Ils attendent dans un confort relatif le retour de leurs parents, ignorant la réalité de l’oppression subie dans leur pays. Impossible dans ces conditions d’aller à Venise.

C’est pourquoi Marek profite d’une inondation dans la cave de la propriété pour construire sa Venise. Peu-à-peu, il parvient à convaincre ses trois tantes, sa mère, sa grand-mère, ses cousines et même son grand frère de s’abandonner à cette fantaisie. Mais dehors il y a la guerre, puis l’occupation nazie dans toute sa barbarie et son arbitraire antisémite.

En dépit de son imagination, Marek comprend bientôt que comme la Cité des Doges, son pays et son mode de vie s’enfoncent peu à peu dans les profondeurs. , Venise est une métaphore sur la grande et la petite histoire, un film sur «l’éveil de l’amour et le manque d’amour. C’est aussi un film sur le passage à l’âge adulte, sur moi-même», a déclaré le cinéaste. À travers plusieurs scènes dramatiques qui vont en crescendo, Kolski nous montre les étapes qui liment la personnalité de Marek jusqu’au moment où il perd presque toute son innocence, l’amenant de la pire façon dans l’âge adulte.

La fin, encore une métaphore, est absolument bouleversante tant elle annonce avec force l’avenir de la Pologne. Œuvre bien maîtrisée, soutenue par une très belle distribution et une musique toute en finesse,  Wenecja est un film à voir.

voici la bande-annonce :

source : www.ruefrontenac.com