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Puisque c'est la Rentrée, rentrons !

Publié le 02 septembre 2010 par Jacques Chirac

Mes Chers Compatriotes,

Voilà… ça fait déjà quelques heures que vous vous êtes lâchement débarrassés de vos mongoliens chers bambins en les refilant en douce à une pauvre fille qui ne savait pas que c'était pour ça qu'elle signait quand elle a choisi la carrière d'institutrice de maternelle. De toute façon, c'était ça ou contractuelle, alors… vu qu'elle savait lire…

Ça fait calme d'un coup, hein ? Mais, vous souvenez-vous de la vôtre (mais non ! pas de votre contractuelle ! pffff…) ? De votre première rentrée des classes ! Oh, je vous revois encore… Le Roi n'était pas votre cousin, avec votre beau cartable tout neuf sentant le vrai cuir, plein de cahiers vierges z'et de crayons qui ne vous serviraient à rien puisque vous ne saviez pas encore lire et écrire (à l'époque, à l'école, on vous apprenait à lire. Je sais, ça paraît fou, mais vérifiez...). Vous étiez habillés de neuf pour la circonstance et vous riiez de bonheur parce que Maman vous emmenait faire un tour à l'École. Ah que la vie était belle et douce… il ne pouvait rien vous arriver, Maman était là et sa main - si tiède autour de la vôtre - était la meilleure des assurances… Je suis sûr qu'il faisait beau, ce jour-là. Un de ces jours d'arrière-saison qui sent déjà l'automne, mais où le soleil fait bravement bonne figure.

Vous avez passé une journée passionnante avec vos nouveaux amis, il y avait des tartines de confiture et de pâté de foie en boîte (sur des tartines séparées) pour quatre heures et vous êtes rentrés chez vous contents de votre journée, comme vous avez eu moult fois l'occasion de l'écrire depuis, à la fin de vos rédactions de huitième…

Et puis est venue l'horrible révélation… Ce qu'on avait pris grand soin de vous cacher : il fallait y retourner le lendemain et le surlendemain, et le jour d'après et encore et encore et toujours... Tous les jours : école, école, lycée, fac, bureau… Ah l'affreux complot ! Et tout ça pour finir comment ? Contractuel(le) ! Si vous aviez su, vous auriez choisi l'Éducation Nationale.

Depuis ce jour infâme, le goût amer de la trahison ne vous a jamais quitté, vous vous méfiez de tout et de tous et même, le matin, vous regardez vos tartines d'un œil suspicieux... Vous ne supportez plus que le beurre (celui qui manque cruellement dans vos épinards, étant donné le salaire des contractuel(le)s). La confiture et le pâté de foie vous répugnent. Mais ! le pire c'est que - quand vous aurez abandonné Madame votre Mère dans le mouroir sordide auquel sa duplicité l'a condamnée - vous n'aurez même pas droit à la satisfaction de la vengeance accomplie : elle ne se souviendra pas de la raison pour laquelle vous l'y aurez mise… Merci Docteur Alzheimer.

Je suis sûr que vous regardez vos enfants d'un autre œil,  maintenant... Ces petits Tistet Védène et Edmond Dantès…

Bien à vous,

Jacques


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