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Volcanisme en France : le Pavin encore actif ? #2

Publié le 02 septembre 2010 par Raymond_matabosch

Suite de « Volcanisme en France : le Pavin encore actif...? 1° volet de l'étude. »

Volcanisme en France : le Pavin encore actif... ? 2° Volet de l'Etude.

Le lac Pavin

Son âge, 4.000 ± 150 ans avant J.C., fait, de cet édifice volcanique, la toute dernière-née des bouches adventives du complexe Montchal et, son activité éruptive se combinant à celle du Puy-mère, le tout dernier cratère ayant été en activité dans les Monts d'Auvergne et la Chaîne des Puys.

Le plan d'eau du lac Pavin se situe à une altitude de 1197 mètres. Il occupe une dépression circulaire, aux parois abruptes, - découpant, dit-on, « à l'emporte pièce dans des coulées trachyandésites et pyroclastites montdoriennes, des vieux basaltes du Cézallier et des coulées basaltiques récentes du Puy de Montchal qui le domine -, de 750 mètres de diamètre pour une profondeur approchante de 93 mètres.

Volcanisme en France : le Pavin encore actif... ? 2° Volet de l'Etude.

Il est incontestable que le Maar Pavin, par ses formes non altérées, la présence de strates basaltiques et pyroclastiques du Montchal, la profondeur de son lac et son anneau de fragments de roches magmatiques volcaniques cimentées par des cendres et des lapillis, au différent des maars des Costes et de l'Estivadoux obstrués, est l'expression d'un bâti volcanique récent, laissant sous-entendre que l'activité phréato-magmatique contemporaine de l'explosion n'a pu se produire qu'après 1.250 ± 50 ans avant J.C.

En effet, en regard des diverses coulées basaltiques émises par le Puy du Montchal, si le maar Pavin s'était formé avant 4.550 ± 150 ans avant J.C, datation de la coulée d'Ouest en Nord-Nord-Est du Puy de Montchal, il serait comblé, partiellement ou totalement. Mais ne dit-on pas que 4.000 ± 150 ans avant J.C est son âge de formation ? Qu'en penser, alors, de l'activité du Puy de Montchal n'ayant point été celle d'un volcan monogénique, et de ses coulées basaltiques Est, 2.250 ± 50 ans avant J.C., et Nord-Est, 1.250 ± 50 ans avant J.C. ? Il ne ferait aucun doute que l'édifice Pavin ressemblerait, étrangement, à ceux de l'Estivadoux et des Costes et ne serait qu'une modeste dépression de forme plus ou moins arrondie, de 600 à 750 mètres de diamètre en négatif dans la coulée montchalienne, dont le fond serait occupé par une insignifiante tourbière. Et il n'en est point ainsi.

Volcanisme en France : le Pavin encore actif... ? 2° Volet de l'Etude.

L’explosion hydro ou phréato-magmatique du Pavin, il y a 3.150 ± 50 ans, a découpé le socle, - granites, roches métamorphiques et anciennes coulées basaltiques issues du massif du Mont-Dore et du Cézallier -, et la coulée Nord-Est, - 1.250 ± 50 ans avant J.C. -, du Montchal. Les explosions violentes du fait de la présence d’eau superficielle et de la richesse en gaz du magma trachytique, des traces de cet événement ont été retrouvés jusque dans les sédiments du lac Léman, ont créé un cratère presque parfaitement circulaire avec un diamètre de 700 à 800 mètres, occupé par un lac profond de ± 93 mètres. Les produits, un mélange hétéroclite de blocs arrachés au substrat, de granites et de gneiss, de trachyandésites montdoriens, de vieux basaltes du Cézallier et du Mont Dore et des basaltes récents du Montchal, des lapillis et une matrice cendreuse, ont été rejetés au Sud saupoudrant largement le plateau environnant. Le nuage s’est développé en une succession de déferlantes sur une aire de 15 kilomètres de long sur 7 kilomètres de large, formant une couche assez épaisse pour être conservée. Le volume de l'éruption est estimé à 75 millions de mètres cubes.

Activités récentes du Maar Pavin.

Suite aux découvertes récentes concernant l'activité du système du Pavin, attestées par les configurations et la nature des terrains, d'une part, et, d'autre part, par l'étude des coupes stratigraphiques et la datation de prélévements, réalisées par deux scientifiques, le géologue-volcanologue Pierre Lavina et l'ingénieur hydrogéologue-géotechnicien Thierry del Rosso, le débat, auprès de la communauté scientifique, est relancé sur une éventuelle menace d'éruption volcanique dans la chaîne des Puys.

Outre la confirmation, par leurs travaux, de la jeunesse du site, pour le Maar d'Estivadoux 5.250 ± 150 ans avant J.C. pour le Puy de Montchal 4.550 ± 150 ans avant J.C., et pour l'explosion phréato-magmatique du Pavin 1.150 ± 50 ans avant J.C., il n'est nullement incompatible d'admettre que des petites éruptions et des activités phréatiques, - geyser, solfatare... -, se soient produites au cours du premier millénaire de l'Ère Chrétienne. En effet, des émanations gazeuses persistent encore de nos jours, au Sud du Puy du Montchal, dans les secteurs de Pisseporc, du Creux de Soucy, de la Liste..., et des coulées de boues, dans la Vallée de la Crouze du Pavin, en amont, et se prolongeant en aval, de Besse en Chandesse, sont datées, pour certaines, de 850 ± 20 ans après J.C. et de 1.050 ± 20 ans après J.C, et, pour les plus récentes, de 1250 ± 20 ans après J.C.

Volcanisme en France : le Pavin encore actif... ? 2° Volet de l'Etude.

Les archives locales, comme un trou noir dans l'histoire, sont muettes à ce sujet. Mais des centaines de villages, au Moyen-âge, ont disparu, pour des raisons inconnues, dans cette région auvergnate, un fait laissant libre cours à toutes hypothèses, - conflits, épidémies, catastrophes naturelles... - , quant à leurs tenants, dont, celle de Thierry del Rosso, « Autour de 1250, une montée des eaux du Pavin aurait ennoyé la ville emportant avec elle des maisons et leurs occupants, ce qui expliquerait pourquoi la plupart des édifices de Besse ont été bâtis après cette époque. »

En grand nombre, des ossements d’hommes et d’animaux que Pierre Boivin, chercheur au Laboratoire Magmas et Volcans de Clermont-Ferrand qualifie « de vestiges provenant d'un ancien cimetière ou d'une fosse », et des céramiques, datés du XIII° Siècle par les experts, ont été retrouvées dans la Vallée de la Crouze du Pavin, et des avantages rares en matière d’impôt, de commerce..., ont accordés, en 1270, par les seigneurs de la Tour d’Auvergne, aux familles qui s’installaient autour du Lac Pavin.

Volcanisme en France : le Pavin encore actif... ? 2° Volet de l'Etude.

A Besse-en-Chandesse, d'une part, de courtes fables occitanes, - des exampla -, témoignent de déchainements des éléments, dans un passé millénaire, et évoquent des « choses rougeoyantes », « des arbres calcinés » et « un ciel couvert de cendre », et, d'autre part, des textes régionaux, écrits sous Henri I°, font référence à « des incendies » et à « des flammes ensevelissant sous une montagne de cendres les montagnes », des écrits qui seraient étayés par la découverte, dans un lit de sable, de cendres volcaniques et de déchets organiques datés, au carbone 14, de l’an 1050.

En Auvergne, depuis les séismes du 25 Juin1477, intensité 7.5, et 01 Mars 1490, intensité 8, qui avaient pas été dévastateurs mais qui avaient fendu le mur de la cathédrale de Clermont Ferrand et détruit Riom, et les tremblements de terre du 18 Octobre 1833 et du 26 Août 1892, tous deux d'intensité 7, il n’y aurait pas eu de secousse très sérieuse. En cela les autorités s'assoient sur les registres tenus par Électricité de France qui entretient et surveille les quelques cinquante barrages de la région. Pour ces autorités considèrent que le plus violent séisme, intensité 4.5, dans les temps présents, de la région, est celui de Riom en 1982. elles en oublient vite les séismes du 9 Octobre 1833, intensité 6, du 10 Février 1839, intensité 5.5, du 4 Juin 1905, intensité 5.0, du 3 Octobre 1920, intensité 5.0, du 14 Août 1935 , intensité 5.0, du 24 Octobre 1981, intensité 4.0, du 25 Mars 1957, intensité 5.5, etc... etc...dont nombre d'entre eux ont occasionné, au cours du dernier millénaire, d'importants glissements de terrain.

Le Puy de Montcineyre.

Le Puy de Montcineyre, situé 4 kilomètres au Sud du Montchal, est un édifice volcanique, de type strombolien, basaltique, aux trois cratères intacts. Il a émis au moins une coulée de lave aa répertoriée, - en Auvergnat, cheyre scoriacée -, et au plus six coulées empilées les unes sur les autres, séparées par des couches de cendres et de pouzzolanes qui se sont toutes épanchées dans la vallée, au Sud-Est du volcan, la plus longue comptant 7 kilomètres et dévalant sur Compains avant de s'étaler dans l'auge glaciaire aux flancs abrupts et à fond plat de la Couze de Valbeleix jusqu'au Verdier.

Volcanisme en France : le Pavin encore actif... ? 2° Volet de l'Etude.

Ces coulées semblent sortir sous la masse vacuolaire du cône sommital. Généralement, elles sont considérées comme étant plus anciennes que l'âge attribué au volcan proprement dit, donc résultant d'émissions laviques basaltiques produites par d'autres édifices volcaniques circonvoisins, dans le cas typique du Puy du Montcineyre, les Monts Dore et Cézallier. En réalité, lors d’une éruption, une séparation naturelle des phases apparaît. Les gaz, légers, entraînant des paquets de lave, montent haut jusqu’à la gueule du cratère et distribuent, aux alentours, les projections et les scories qui construisent le cône. Dans le même temps, la lave liquide, dégazéifiée, plus lourde, s'écoule dès la surface du sol atteinte, sans pouvoir accéder à des parties plus hautes.

L’étude de la succession de ces épanchements, recouverts par des cendres et des ponces du Pavin datées de 1.150 ± 50 ans avant J.C., a été facilitée par une coupe stratigraphique apparaissant au bord d'un chemin forestier tracé dans le bois de Montcineyre, à ± 500 mètres au Sud-Est des cratères jumeaux situés sur le flanc Sud-Sud-est du Puy du Montcineyre. Des ossements de bovidés furent découverts sous une de ces coulées, démontrant leur âge assez récent. Il se peut en convenir que l'activité volcanique du Puy du Montcineyre s'est déroulée, sur une période d'environ 1.000 ans, entre 4.750 ± 150 ans avant J.C., première émission de lave, et 3.550 ± 100 ans avant J.C.

Le complexe volcanique de Montcineyre.

Au différent du complexe Montchal regroupé autour d'un cratère principal, le complexe Montcineyre s'ordonne et s'organise autour du Puy de Montcineyre, de ses trois cratères et de son maar de même nom, excentrés, dans un rayon de 1 à 3 kilomètres de longueur.

Volcanisme en France : le Pavin encore actif... ? 2° Volet de l'Etude.

Trois puys y sont bien définis comme édifices volcaniques monogéniques, les Puys Montcey, de la Vaisse et Ferrand mais nombres d'autres le sont plus difficilement car leurs cratères, comme à la Griffe, au Jansenet, Fontlonges, la Montagnoune, Montasillat..., sont comblés par les nuées de cendres et de lapillis des Puys Montchal et Montcineyre et des maars qui y sont adjoints.

Le lac de Montcineyre

Situé à 1.182 m d'altitude, le lac de Montcineyre, en forme de croissant, d'une profondeur de 18 mètres environ et d'une superficie de 40 hectares, est un lac d’origine volcanique mais tout simplement déclassé en lac de barrage aux motifs que le cône strombolien du Montcineyre aurait barré une large dépression et le cours d'une rivière. Mais comment expliquer la présence, au fond du dit lac, de deux petites cuvettes elliptiques si celles-ci ne soient point être résultante de deux petites explosions phréato-magmatiques ?

Volcanisme en France : le Pavin encore actif... ? 2° Volet de l'Etude.

Un tel indice, deux cratères d'explosion au fond d'un lac, laisse augurer d'un probable maar, en ce lieu, qui aurait fonctionné durant la période d'activité du Puy de Montcineyre et qui aurait été partiellement comblé, lors de la formation et l'élévation du cône, par la dernière éruption du cratère sommital, 3.550 ± 100 ans avant J.C, d'autant que le volcan-mère est doté de trois cratères, un sommital et deux, jumeaux, un peu excentrés sur le flanc Sud-Est de l'édifice volcanique. Il n'en est point, non plus, à en oublier :

- que, d'une part, le Montcineyre, - du moins ses trois cratères -, a émis au moins six coulées, toutes dirigées sur son Sud-Est, et que, d'autre part, le Puy Ferrand se dresse à 500 mètres, à l'Ouest du dit lac ;

- que le Montcineyre, - et pourquoi pas le maar du lac de Montcineyre -, a saupoudré toute la région, dans un rayon de 30 kilomètres, principalement sur son Nord-Est, de fragments de roches magmatiques volcaniques, de lapillis et de cendres, cette nappe atteignant jusqu'à 10 à 12 mètres d'épaisseur au pied du volcan où elle y est, même, sur son Est, exploitée en carrière.

A suivre : 3° volet de l'étude, « Le complexe Montchal-Pavin-Montcineyre ou la menace d'une éruption ? »


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