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[DVD] Oz - saison 1

Publié le 10 mai 2007 par Heather

L'univers carcéral remis au goût du jour par les évadés de la Fox, un éditeur francophone en zone 2 a soudain pris conscience qu'il avait en stock un véritable chef d'oeuvre de série qui avait la bonne idée d'aborder le thème de la prison. Le parallèle s'arrête là et je ne ferai pas l'injure à Oz d'aller plus loin dans mes comparaisons.

La saison 1, sortie en mars, comporte 8 épisodes. En acheteuse moderne, avant d'investir, je me suis employée à faire jouer les ressorts du capitalisme et les avantages des magasins virtuels : un logiciel de comparaison de prix d'une main, la souris de l'autre, on est forcé de constater (encore une fois) que décidément les variations de prix obéissent à des mécanismes bien mystérieux. On se plaint souvent des prix exhorbitants dans les magasins "réels" que l'on oppose à toutes les promotions et ventes flash de 24h qui pullulent sur le net. Mais même dans le monde virtuel : 43.99 euros sur un site, 18.99 euros sur un autre... Inutile de sortir sa calculette, pour se livrer à de scientifiques équations destinées à prendre en compte les coûts de livraison, le délai de réception annoncé et tout autre facteur pouvant avoir une incidence : le choix s'impose de lui-même. A l'heure du numérique, on se demande encore comment on peut trouver de telles disparités entre les prix proposés (la traversée de la frontière belge serait-elle si périlleuse ?).

Oz est une série à voir, une de ces séries qui a contribué à la révolution de la petite lucarne durant la seconde moitié des années 90 et à la réputation de HBO. Elle se déroule dans la prison d'Oswald, plus précisément dans un quartier expérimental spécifique, Emerald City. Mais toutes ces références au Magicien d'Oz ne doivent pas vous tromper : il s'agit d'une série sans concession, très dure, mettant en scène des personnages et une atmosphère particulièrement sombres.

Cette expérience carcérale, fruit d'une idée du directeur qui aspire à la création d'une "prison idéale", confère un cadre très spécifique à la série. La configuration des lieux avec ces parois de verre et l'organisation de la gestion du temps des prisonniers imposent un sentiment d'autarcie plus accru que dans une prison dite "normale". Elle devient par moment une cité de rééducation quasiment dans la lignée des textes des utopiques modernes. Mais cet idéalisme est contrebalancé par le frein de la réalité, toujours omniprésent, et la tension constante exacerbée et explosive qui règne dans ce quartier à part. Micro-climat de violence et de rapports de force où tous les travers d'une société se retrouvent concentrés entre quatre murs, forcés de cohabiter. L'échec des ambitions initiales du projet est prévisible, accentuant le déterminisme et la fatalité qui paraissent régner. L'approche sensualiste prônée par le directeur se vérifie, seulement ce ne sont pas les facteurs qu'il tentait d'imposer qui l'emportent.

Cette série n'est évidemment pas à mettre entre toutes les mains. Et il convient de savoir où l'on met les pieds. Si Prison Break donne des palpitations au CSA, il reste à espérer que ces sages de l'audiovisuel n'aient jamais à subir un épisode de Oz, sous peine de choc sans rémission possible. Réaliste au sens où la caméra révèle sans tabou violences et brimades, filmant agressions et viols sans se dérober. Mais la série n'aspire pas non plus à une représentation rigoureuse de la réalité. Il y a un effort de condensation de toutes les horreurs possibles que cet environnement peut générer. Insoutenables parfois, mais jamais gratuites, ces scènes finissent par dessensibiliser le téléspectateur, accentuant la distance qu'il prend avec cet univers et rendant le tout beaucoup plus supportable au fil des épisodes.

Mais si elle n'est pas à suivre pour agrémenter son repas, la série exerce sur le téléspectateur une fascination qui ne se dément pas. On s'immerge, presque malgré soi, dans ce reflet des bas fonds d'une société occidentale. Via la voix du narrateur -un prisonnier-, on se laisse guider dans ce qui est finalement une véritable réflexion sur le rôle et les tenants d'une politique pénitentiaire, sur nos sociétés occidentales modernes, et même sur la nature humaine...


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