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Claude Chabrol

Publié le 12 septembre 2010 par Petistspavs

ChabrolIl va se dire bien des bêtises à propos de Claude Chabrol. Tous ceux qui s'ingénient aujourd'hui, en France, à transformer le cinéma en une machine à vendre du pop corn vont s'esbaudir sur sa grandeur passée. En fait, Chabrol n'était pas un cinéaste aussi novateur que Godard, aussi inventif théoricien que Rohmer, aussi universellement humaniste que Truffaut. Mais il a su, avec une modestie parfois excessive, porter à l'écran sa passion du cinéma. C'est quelqu'un qui a comme zappé la Nouvelle Vague, malgré ses premiers films (Le beau Serge, Les cousins) qui ont marqué le genre en imposant au public une nouvelle façon de filmer. Le succès de ces films a permis à Chabrol de financer deux chefs-d'oeuvres incontestables et fondateurs : Les 400 coups pour Truffaut et, surtout, A bout de souffle, pour Godard.
Loin de la Nouvelle Vague, qu'il a contribué à faire connaître, c'est dans un cinéma beaucoup plus conventionnel, presque académique qu'il trouvera sa voie. Bourgeois bouffeur de bourgeois, comme d'autres, élevés sous la Croix sont bouffeurs de curés, il saura édifier avec bonheur et appétit un univers noir, souvent pessimiste, chargé de références (Hitchcock, bien sûr) et formidablement construits.
Lorsque, essayant de lister mes 100 films préférés, j'étais arrivé à Chabrol, j'avais eu un mal fou à citer un film. J'en avais cité trois : La femme infidèle, Le boucher et Que la bête meure. En cherchant les dates de ces films, je m'étais rendu compte qu'ils se suivaient, qu'ils avaient été tournés dans la foulée. Une telle condensation de talent est rare. On parlera de cette période dense de la période Stéphane Audran. Suivra la période Huppert dont je retiens trois films : Violette Nozière (personnage de parenticide qui avait été adopté par les surréalistes comme une des leurs), Une affaire de femme et le film radical sur la lutte des classes, La cérémonie (tuons les patrons, semble nous dire Claude le facétieux parfois grave). Par ailleurs, Claude Chabrol a donné ses plus grands rôles au magnifique Jean Poiret, si mal utilisé par ailleurs : Poulet au vinaigre et L'inspecteur Lavardin. A ce théâtre de la cruauté parfois joyeuse j'ajouterai le film le plus excitant de la période Nouvelle Vague de Chabrol, et c'est un retour à Stéphane Audran : Les bonnes femmes (avec également Bernadette Lafont et Clotilde Joano), autre joyeuse cruauté jubilatoire de 1960.

Depuis quelques années, ce grand cinéaste ne réalisait plus de grands films et s'autorisait même des castings approximatifs, avec Magimel ou Cornillac, par exemple. Mais, découvreur d'actrices, il a donné des rôles à leur mesure pour Marie Trintignant (Betty) et Laura Smet (La demoiselle d'honneur).
On regrettera Claude Chabrol pour tout ce qu'il représentait. Le cinéaste, le critique, le connaisseur encyclopédique du cinéma, le pourfendeur de la petitesse des grands bourgeois, l'homme de cuisine, l'homme de culture, l'homme.
Godard, aujourd'hui, doit se sentir bien seul, là-haut.


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