Critique en avant-première : Waking Sleeping Beauty

Synopsis :
Au milieu des années 80, les légendaires studios d’animation de Walt Disney traversent une passe difficile. L’avenir se joue entre les nouveaux artistes avides d’innovation et les anciens qui refusent de céder le contrôle. C’est dans ce contexte que le studio enregistre quelques échecs historiques qui ont pu faire penser que l’âge d’or de l’animation était passé. Ce film retrace la façon dont Disney a retrouvé sa magie sur une période de dix ans avec une série de succès comme « La petite sirène », « La belle et le bête », « Aladdin » et « Le Roi lion ».

Critique :
Présenté en projection unique à Deauville samedi matin dernier, Waking Sleeping Beauty est l’un des rares documentaires traitant de Disney directement réalisé par l'un des membres de son équipe. Plus précisément, le film revient sur la dizaine d’années en 1984 et 1994 durant laquelle la partie animation de la firme a nettement évoluée, pour au final nous présenter des chefs d’œuvres tels que La Petite Sirène, La Belle et la Bête, Aladdin ou encore le Roi Lion. Une période faste sur la seconde moitié qui masquait aux yeux du public une véritable crise interne entre ses dirigeants : Michael Eisner, Jeffrey Katzenberg et Roy Disney (neveu du créateur).
A la barre de ce documentaire, un homme et pas des moindres : Don Hahn, producteur notamment de la Belle et la bête et du Roi Lion. Un « monsieur » qui est venu lui-même présenter longuement  le documentaire devant une salle malheureusement loin d’être pleine au CID mais visiblement constituée de passionnés (voir les photos de la présentation en fin de billet)
Il est entendu que ce travail n’étant pas celui d’une œil tiers aux événements qui sont racontés, le rendu ne peut évidemment pas être objectif toutefois, les nombreuses images d’archives et les témoignages des différentes personnes évoquées laissent à penser que le « soyons franc, il y a prescription maintenant » ait été l'une phrase maîtresse du film. D’autant que pour crédibiliser la véracité des faits exposés, Hahn s’est également attelé les services d’un journaliste indépendant Patrick Pacheco pour mener de très nombreux entretiens.

En se focalisant sur le trio de dirigeants et leurs points de vue sur la manière d’amener l’animation à renaître (les dessins animés Disney n’étaient plus vraiment plébiscites à l’époque), Don Hahn nous emmène au cœur de la création des longs-métrages qui ont fait les beaux jours de notre enfance. Et l’un des points essentiel que met en avant Waking Sleeping Beauty, c’est bien le fait que la magie Disney est avant tout l’œuvre d’artistes, en recherche à une époque certes, mais artistes pour qui la question de finance n’est pas vraiment le problème. Ces gens là dessinent, colorient, peignent, animent. La rentabilité, ne leur en parlez, ce n’est pas leur job. Ils créer, tout simplement. Et finalement, au travers des problèmes qu’a connu l’animation, c’est bien cet amour pour le travail qui prime.
Un travail remis en question à plus d’une fois, notamment par la qualité moindre des films produits jusqu’à la Petite Sirène. Rox et Rouky, Taram et le chaudron Magique ou encore Basile détective privé, s’ils nous amusent encore aujourd'hui sont évidemment bien loin des pièces maîtresses qu’à pu produire le studio avant, et après cette période. Une phase de transition et d’introspection profonde pour un métier qui voyait naître de part et d’autres des concurrents, mais également l’arrivée de l’outil informatique, tant pour les aspects de production des dessins animées traditionnels que part les premiers court-métrage d’une petite startup nommée Pixar. La synthèse de la collaboration des technologies de Pixar et des créateurs / animateurs de Disney donnait naissance à un monument quelques années plus tard, Toy Story.

Don Hahn dresse une fresque non exhaustive de cette période au demeurant noire qui permis de rebondir de plus belle en puisant au plus profond du génie des personnes composant l’équipe d’animation. Si de l’eau a coulé sous les ponts (Jeffrey Katzenberg (présenté un peu comme le méchant de l'histoire) a depuis fondé avec Steven Spielberg Dreamworks SKG), il n’est pas complexe de percevoir toute la tension qui régnait à cette période. Sans le succès de La Petite Sirène, les années 80 auraient pu marquer la fin de l’ère de l’animation traditionnelle chez Disney.
Documentaire orienté mais passionnant, certainement incomplet mais suffisant large pour que le public non initié en comprenne les tenants et aboutissants, Waking Sleeping Beauty est un résumé particulièrement réussi de cette période de remise en question pour le plus grand studio d’animation du monde. Un film qui ravira les fans de la première heure, les petits devenus grands qui continuent de s’émerveiller en regardant Aladdin, la Belle et la Bête et j’en passe.
Découvrez ci-dessous quelques photos de la présentation du film par Don Hahn. La galerie complète du Festival 2010 est visible sur notre album FlickR dédié !






Sortie officielle française : 6 octobre 2010