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International : Sarko a tout gâché.

Publié le 17 septembre 2010 par Juan
International : Sarko a tout gâché.Il se voyait à nouveau maître du monde : la présidence française du G20, qui débute le 12 novembre prochain, devait être l'occasion, pour Nicolas Sarkozy, de redorer son blason abîmé par les affaires franco-françaises. De grands sujets l'attendaient, comme la régulation de la spéculation et des marchés dérivés, ou les taux de changes. Mais la polémique sur les roms a perturbé le scenario. Acculé par des critiques internationales venant de toutes part, Sarkozy est apparu agité, amaigri, hors de lui, ce jeudi à Bruxelles.
Et pendant ce temps, le gouvernement finalise ses mesures de rigueur. Après les retraites, les niches fiscales, voici l'assurance maladie à son tour attaquée.
Sarkozy a gâché son G20
Les ministres Besson et Lellouche s'étaient pourtant rendu à Bruxelles, justifier la légalité et la légitimité de leurs démarches. La révélation, le weekend dernier, qu'une circulaire du ministère de l'intérieur ciblait explicitement « en priorité les roms » a ravivé l'énervement au sein de la Commission. La surenchère sécuritaire est en passe de planter définitivement la crédibilité, déjà faible, de Nicolas Sarkozy à l'étranger. 
Le conseil européen qui se tenait jeudi 16 septembre à Bruxelles s'est ouvert sur fond de polémiques sur les roms. Viviane Reding a exprimé ses regrets. Nicolas Sarkozy, furieux, avait appelé José-Manuel Barroso pour exiger des excuses. Jeudi, ses échanges avec le président de la Commission furent « très violents », selon le premier ministre bulgare. « On entendait l'engueulade à travers les portes » a complété un haut fonctionnaire européen.
Provocateur comme toujours, Sarkozy s'était déjà permis de publier mercredi soir un communiqué loin d'être apaisant : « La Présidence de la République prend acte des excuses de Mme Viviane Reding , Vice-présidente de la Commission européenne, Commissaire à la Justice, aux droits fondamentaux et à la citoyenneté, pour ses propos outranciers à l'endroit de la France. » On se croirait dans une cour d'école. Lors de sa conférence de presse jeudi à Bruxelles, Sarkozy en rajoute dans la provocation. Il voulait parler d'autre chose, de la stratégie européenne pour peser sur l'économie mondiale. Mais l'attention collective était ailleurs. La première question fut sur les roms, Sarkozy devait se justifier. Il avait le visage dur, la mâchoire prise de crispations involontaires. Il explique donc qu'il ne laissera pas insulter son pays.
Mais qui insulte la France, son image, son histoire ?
Il se rassure, publiquement, du soutien des autres chefs d'Etat: « la totalité des chefs d'Etat et de gouvernement ont été choqués par les propos outranciers tenus par la vice-présidente de la Commission (silence). Je ne souhaite pas polémiquer. Mme Reding s'est excusé pour ses propos gravement injurieux. Restons-en là. Mais la totalité des chefs d'Etat et de gouvernements ont indiqué qu'ils ont trouvé extrêmement choquant qu'on s'adresse comme ceci, avec des raccourcis historiques qui ont profondément blessé l'ensemble de nos compatriotes.»Pour quelqu'un qui entend calmer le jeu, le propos est hors normes. Et Sarkozy, pendant de longues minutes, continua d'enfoncer Viviane Reding, rappelant le soutien de Merkel, Junker, et même Barroso. Tout y passe. Le lionceau est lâché, et il ne veut ni ne peut retirer ses petits crocs du mollet de Mme Reding.
Il ose même mentir, et se fait démentir. Quand il déclare :« Mme Merkel m'a indiqué sa volonté de procéder dans les prochaines semaines à l'évacuation de camps, nous verrons à ce moment là le calme qui règne dans la vie politique allemande »,  le porte-parole du gouvernement allemand, Steffen Seibert lui répond rapidement : « La chancelière Merkel n'a parlé ni lors du Conseil européen, ni lors d'entretiens en marge du Conseil avec le président français Sarkozy de prétendus camps de Roms en Allemagne, et en aucun cas de leur évacuation
Et Paf !
L'image de la France à l'étranger se terni donc un peu plus chaque jour. Viviane Reding a obtenu de nombreux soutiens, directs ou indirects. Angela Merkel, la chancellière allemande, comme Yves Leterme, le premier ministre belge, ont estimé que la Commission européenne devait « veiller » au respect par la France de la règlementation européenne.
Dans la presse européenne, de gauche comme de droite, Sarkozy est raillé : L'hebdomadaire britannique New Stateman le qualifie de « Napoléon le Faible ». Le Financial Times parle de pratiques « honteuses » et de « discours stigmatisant une minorité ethnique par intérêt politique. »  Un journal catalan espagnol s'inquiète : « Depuis le pape jusqu’aux associations de défense des droits de l’homme, en passant par l’ONU, le Conseil de l’Europe et l’UE, la réprobation est venue de toutes parts ». Le Süddeutsche Zeitung a titré sur la procédure d'infraction européenne qui menace la France.
Le plus grave est à venir : la France est chargée d'organiser et de présider les prochains G8 et G20. Depuis des mois, Sarkozy salive d'avance, et insiste sur l'importance qu'il entend donner à cette présidence française. Quelle sera l'attitude des autres chefs d'Etat participants, face à ce président hyper-agité, incapable de maîtriser ses nerfs, provocateur comme un caïd de seconde zone, décrédibilisé depuis sa polémique sécuritaire estivale ?
Après les retraites, la santé.
En France, la rigueur avance masquée. En matière budgétaire, le débat est pourtant simple : face au déficit, le gouvernement peut augmenter ses recettes (via une hausse des impôts, une réduction des exonérations fiscales, ou l'espoir d'un redressement de l'économie et donc de ses recettes fiscales), et/ou réduire ses dépenses. On a pu juger, mercredi, combien les premières pistes de réduction budgétaire étaient injustes et insuffisantes.
Jeudi, le ministère du budget a dévoilé l'ampleur de la facture du bouclier fiscal l'an passé : 679 millions d'euros, pour 18.764 contribuables bénéficiaires. Plus de la moitié d'entre eux (9.789) n'ont perçu que 559 euros en moyenne. Les 1 169 les plus fortunés ont capté 62% de l'enveloppe totale, soit 423 millions d'euros au total, et 362 126 euros en moyenne chacun. En deux ans, la facture de ce bouclier fiscal a progressé de 116 millions d'euros.
En matière d'assurance maladie, la tartufferie est bien grossière : le gouvernement s'alarme de l'accroissement du déficit de la Sécu (11 milliards d'euros pour la branche maladie prévus cette année). Il faudrait donc réduire la voilure. Pourtant, les prélèvements de cotisations pour financer la Sécurité Sociale ne sont que des transferts de solidarité nationale. Sauf à considérer qu'en réduisant les remboursements, les malades se soigneront moins. En d'autres termes, le coût de la santé ne diminuera pas sous prétexte qu'on réduit le périmètre de l'assurance maladie publique. Le gouvernement réfléchirait certes à ponctionner d'un milliard d'euros les entreprises, par le biais d'une hausse des cotisations, de 0,1 point au titre des accidents du travail et des maladies professionnelles, soit 400 millions d'euros, et de deux points du forfait social sur l'intéressement et la participation (qui passera ainsi de 4 à 6%), soit 600 millions d'euros supplémentaires.
Mais le gros de l'effort est attendu ailleurs.
Après le modeste coup de rabot sur les niches fiscales affectant l'impôt sur le revenu (440 millions d'euros à compter de 2012 seulement), la hausse de la TVA sur les offres triple play (qui entrainera une augmentation des tarifs pour quelques 20 millions de foyers français, une hausse que l'opérateur Free a choisi d'isoler sur ses factures sous le sobre intitulé : « taxe Baroin/Sarkozy »), voici « le plan choc » du gouvernement, comme le qualifie le quotidien Les Echos. François Fillon l'a fait valider auprès de Nicolas Sarkozy. Il ne devait le dévoiler que le 28 septembre prochain. Fillon espère dégager 2,5 milliards d'euros d'économies :
- relèvement de 0,5 point du ticket modérateur à charge des patients pour les consultations (médecins, infirmières, kinésithérapeutes, etc.): 200 millions d'euros
- relèvement de 0,5 point du ticket modérateur à charge des patients pour les consultations à l'hôpital : 95 millions d'euros
- baisse des remboursements de certains actes d'hospitalisation : 355 millions d'euros
- baisse des prix des médicaments : 500 millions d'euros
- réduction des tarifs d'analyse médicale : 100 millions d'euros
- gel des crédits pour maisons de retraites : 300 millions d'euros
- baisse de 35% à 30% du taux de remboursement des médicaments de vignette bleue):  165 millions d'euros
- restriction des prescriptions médicales : 550 millions d'euros
- limitation des remboursements des bandelettes d'autotest de glycémie pour les diabétiques à une par jour et par patient : 35 millions d'euros
- économies sur les Affections longue durée (réduction des remboursements de frais de transports et des traitements pour les cas d'hypertension bégnine) : 40 millions
- baisse des tarifs des radiologues et biologistes : 200 millions
Au final, le gouvernement espère limiter à 2,9% la progression des dépenses de santé en 2011. Près de 700 millions, sur ces 2,5 milliards, sont des déremboursements.
Ami sarkozyste, mais où es-tu donc ?


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