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Le Vieil homme sur la barque, de Fatou Diome

Par Liss
Fatou Diome est un arbre qui produit des fruits juteux et savoureux. J'ai lu Le Ventre de l'Atlantique et Ketala avec un bonheur égal. Alors quand, au hasard de mes commandes de livres sur le site de la fnac, je suis tombée sur ce titre : Le vieil homme sur la barque, je me suis dit : "chouette ! le dernier Diome vient de sortir", et j'ai ajouté ce titre à mon panier. Je trouvais tout de même bizarre qu'il ne coûte que 8 euros, mais bon, je n'ai pas réfléchi davantage, "De quoi te plains-tu ? On te vend un Diome à 8 euros, alors profites-en !", me suis-je dit. J'ai bien essayé d'en savoir un peu plus sur cette dernière parution, mais d'indications, je n'en ai trouvé aucune, nombre de pages, genre etc. Seul était apparent le lien avec Hemingway ainsi que le grand-père de l'auteure, qui fût pêcheur. Hemingway a suscité, ou plutôt suscite beaucoup d'hommages, Sami Tchak par exemple lui en rend un également dans son roman Hermina.*Le Vieil homme sur la barque, de Fatou Diome
J'avoue donc que, lorsque j'ai reçu le livre, j'ai eu l'impression d'avoir été trompée : "Quelle arnaque ! Ce n'est pas le dernier roman de Diome, c'est juste un petit texte !" C'était en effet un texte bref, publié dans une collection "qui se propose de réunir des textes ne relevant d'aucun genre particulier". J'ai failli regretter mes 8 euros que j'aurais préféré investir dans l'acquisition d'Inassouvies nos vies, par exemple ! Mais bon, c'était du Diome, alors je m'attendais à en avoir pour mon compte.
Ainsi je reprends mes propos du début : Avec Diome, longs ou courts, les textes vous rassasient de leur jus. Le Vieil homme sur la barque se lit en un souffle, mais c'est un souffle tout plein de fraîcheur et de beauté, c'est un souffle qui vous fait prendre de la hauteur et vous invite à considérer les choses d'une manière plutôt céleste. Goûtez donc ceci :

Altitude ! Soudain, un texte vous porte et vous hisse au sommet de la nature humaine. Altitude ! Le Kilimandjaro est si minuscule devant nos monts intérieurs. [...]
Lire, c'est oser le vertige. On peut lire, comme on s'incline, révérencieux, ébloui par la fulgurance d'un bel esprit. [...]
Errance ! On peut lire comme on explore [...] Mais que serait mon élan, sans mon antan ? Memoria ! Le mât qui tient la voile a toujours besoin d'un socle solide. On peut donc lire comme on se souvient, car derrière chaque livre on lit d'autres livres, parfois jamais écrits, mais tapis au fond de nous. Jour de lecture, jour de rencontre, jour de réveil. Qu'on nous frotte les yeux ! Parfois, démiurge, un auteur lève un rideau et vous dévoile tout ce que vous ignoriez en croyant connaître un être cher. C'est Hemingway qui m'a tout appris du courage, de la volonté, de l'abnégation, de la dignité, de la condition de mon grand-père, pêcheur niodiorois.
Alors quand on me parle de l'identité d'un écrivain, je réponds : foutaise ! Lire un auteur par et pour ses origines n'est que pure hérésie littéraire. La fragilité de l'humain, les questions existentielles et la vision du monde que les bons auteurs savent nous transmettre rendent toutes les frontières poreuses. [...] Nous sommes dispersés sur le globe, mais la littérature nous tisse des liens. Gens de même lecture, gens de même sensibilité au monde, gens de même révolte, gens de même quête. Par le livre, on se trouve des dénominateurs communs et on se reconnaît, au-delà des petits tiroirs identitaires. Jésus reconnaîtra peut-être les siens à leur bibliothèque"
(Le Viel homme sur la barque, pages 18-22)
Ne soyez pas trop gourmands, je ne vais pas vous servir tout le texte, tout de même, voyons ! Faites comme moi, achetez Le vieil homme sur la barque, une jolie perle, et achetez en plus le vrai dernier roman de l'auteur : Celles qui attendent, dont on m'a dit le plus grand bien. Pas étonnant, c'est du Diome ! (Il y a une video sur le site de la fnac, à la page du livre Celles qui attendent, mais je ne sais comment copier le lien)Fatou Diome, un bel esprit !
Le vieil homme sur la barque, Naïve, Collection Livre d'heures, avril 2010, 48 pages.


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