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Les super-héros sont des hommes comme les autres - LUDWICK HERNANDEZ - BESSAM ET MUCHO (DIANTRE ! - 2010) par Lazare Bruyant

Publié le 21 septembre 2010 par Fric Frac Club
Les super-héros sont des hommes comme les autres - LUDWICK HERNANDEZ - BESSAM ET MUCHO (DIANTRE ! - 2010) par Lazare Bruyant Besame Mucho a toujours été une chanson ridicule, quelque soit la version... avec le « tcha-tcha boom ! » tout pourri de Paul McCartney en guise d'intro ou la voix traveloche de Dalida. Ça aurait pu, à la rigueur, servir aux italiens qui se frappent quand même une sacrée fanfare en guise d'hymne national. D'ailleurs on se demande encore comment ce pays a pu faire la guerre avec un machin pareil ? Du côté des méchants en plus maisBREF ! C'est une autre histoire que je développerai peut être un de ces jours. J'en profiterai au passage pour essayer de savoir pourquoi (nouvelles plaques minéralogiques oblige) les logos de nos régions ressemblent plus à des enseignes de PME spécialisées dans le tri des ordures qu'à autre chose. Ne ratez pas ce numéro spécial les amis ! Tout ça pour en venir où ? Au ridicule. Car, oui, il y a du ridicule dans ce Bessam & Mucho aussi. Mais pas là où vous le croyez.
Ludwick Hernandez fait partie de ces petits gars (quoique il n'est plus si petit que ça maintenant) qui dessinent pas mal à la feuille volante ou au sketchbook avant de tout scanner & de balancer la sauce sur un site tout mignon où on peut voir de jolis dessins un peu à la Eric Veillé (qui n'a pas encore lu Le sens de la vie & ses frères au fait ?). C'est surtout un graphiste éclectique, cofondateur d'une sorte de Factory sudiste, prof d'art, directeur artistique, illustrateur à la cool qui fait plein de monstres dégueux & classes, enfile les pages organiques faites aux feutres (« drawn session » style Shoboshobo, Nazi Knife, Jon Vaughn) avant de darder ses beaux crayons sur un projet plus long, plus scénarisé. Peut être même que certains d'entre vous portent ses tshirts Mr Poulet sans le savoir. Ludwick Hernandez est dans la place. Les super-héros sont des hommes comme les autres - LUDWICK HERNANDEZ - BESSAM ET MUCHO (DIANTRE ! - 2010) par Lazare Bruyant
Bessam & Mucho ne peut cacher longtemps son ascendance dans la grande famille de ces clins d'œil spirituels pleins d'affection, d'humour, de dérision auxquels on ne prête jamais assez attention. Sorte de Captain Biceps avec une bonne louche de Comment je suis devenu super-héros de Gérald Bronner tendance Soprano dépressif, ce faux comic aux formes libres (ici pas de gaufrier à six cases) est la vraie réappropriation déjantée d'un mythe culturel usé jusqu'à l'os histoire de mieux lui faire les poches tout en se marrant – sous cape évidemment. Bessam & Mucho sont deux super-héros de notre temps à la manière de ces femmes des années 80, fortes, modernes, indépendantes mais qui n'ont jamais eu honte de pleurer un bon coup. Comme vous pouvez le voir ci-dessus Bessam aime prendre deux biscuits avec son lait. Il aime aussi écouter les Black Keys en voiture. Il a surtout un lourd contentieux avec sa mère & entretient une relation homo/ami floutée avec son compagnon d'arme, Mucho le barbu mystérieux. Ce n'est pas sans rappeler l'excellent Robin Hood de Simon Roussin, autre incarnation de biais du Héros, où l'amitié, la dépendance à l'autre est des plus ambiguës (il y a, entre autres points communs, une scène de baignade pratiquement similaire dans les deux livres... avec la même sensualité insouciante). C'est bien sûr ce côté popote , secrets d'alcôve, qui nous intéresse le plus & qui a valu à ce papier une introduction inespérée. Non pas que la baston contre le monstre fait de spaghetti & de boulettes de viandes n'ait pas son petit effet mais la vie d'un super-héros pacsé n'est pas facile surtout lorsque la trahison & la folie guettent. Sans s'aventurer vers le génie naturaliste de Watchmen (hum) Bessam & Mucho nous laissent regarder ce qui se cache derrière leur costume. Les super-héros sont des hommes comme les autres en fait. Une vieille arnaque éditoriale voudrait que je finisse par un truc du genre : « Ce sont toujours les personnages les plus mal menés qui sont le plus attachants » &, au final, je mettrai sans doute dans le mille. On s'attache, c'est vrai, à nos deux couillons mais Hernandez n'y allant pas avec le dos de la cuillère je crois qu'on rigole quand même bien plus. A leur dépend, ça va sans dire.
Générique de fin avec effets spéciaux ---------------------------------------- Illustrations de Ludwick Hernandez

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