Vauban, 1er géopoliticien français ?

Sortant de l'École Militaire, je tombe nez-à-nez avec le professeur Coutau-Bégarie. Au bout de quelques échanges sur nos expériences navigantes estivales, et il m'emmène à son bureau pour, triomphalement, me tendre le dernier numéro de "Stratégique" :

Le croirez vous, il y publie un article que je lui avais envoyé il y a deux ans sur "Vauban, 1er géopoliticien français ?"

1/ Tout d'abord, le lecteur familier d'égéa tiquera forcément sur le mot "géopoliticien" : comment? mais vous nous expliquez sans cesse qu'il faut dire "géopolitologue". Oui, quand on n'est qu'analyste, mais reconnaissez que Vauban est d'abord un praticien de la géopolitique (qui mieux que lui, pour reprend une formule connue des hapy few). Géopoliticien, donc. Et qu'en plus, il est aussi géopolitologue.

2/ C'est ce que j'essaye de montrer en reprenant la lecture du volume des "Oisivetés" qui rassemble tous les textes, mémoires et libelles que Vauban a écrit au long de sa vie : car l'homme était non seulement en déplacement incessant, mais il ne cessait d'écrire, et notamment au roi ou aux ministres pour leur donner des conseils. Géopoliticien peut-être, mais pas politicien pour deux sous.... S'il ne sut pas forcément se faire écouter, il reste que son œuvre couvre des champs extrêmement vastes, qu'il s'agisse de puissance maritime, du rôle des colonies ou de la configuration française.

3/ Je reviens bien évidemment sur le pré carré, à ne surtout pas confondre avec la doctrine des "frontières naturelles" apparue bien plus tard....

4/ Je ne saurai donc trop vous conseiller de vous précipiter sur ce 99° numéro de Stratégique, la revue de l'ISC, dédiée cette fois-ci aux "penseurs militaires". On y notera surtout l'édito de M. Coutau-Bégarie qui présente l'évolution de l'ISC (institut de stratégie comparée) "bien connu de nos lecteurs" (comme disent les revues spécialisées) :il explique que l'ISC, association "sans fonds", est devenu Institut de stratégie des conflit - Commission française d'histoire militaire (ISC-CFHM), qui fusionne l'ISC, l'institut d'histoire des conflits contemporains et la commission française d'histoire militaire, et qui affilie un certain nombre de centres et d'associations savantes de stratégie.

5/ L'ISC CFHD publie six revues : Stratégique, Guerres mondiales et conflits contemporains, Revue internationale d'histoire militaire, Études polémologiques (relancée en 2010), Histoire et défense, les cahiers de Montpellier, enfin Prospective et stratégie dont le premier numéro paraîtra cet automne.

6/ Comparé à des institutions d'Etat (IRSEM ou CSFRS), l'institut est une association privée, animée par des bénévoles avec le dévouement, et donc les résultats de ceux qui déplacent des montagnes. e volume de publication et leur qualité, sont splendides. C'est une saine émulation qu'il propose et qu'il faut soutenir.

Mille bravos et encouragements, surtout que tous ceux que je connais dans l'équipe sont des bons camarades....

réf : l'Amérique solitaire, de H Coutau-Bégarie (fiche de lecture) O. Kempf