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Forêts, de Wajdi Mouawad : ces os qui nous font avancer

Par Sijetaisdeboutsurmatete
Entre le dernier ouvrage, de Jean-Baptiste del Amo, Sel, et les pièces de la trilogie de Wajdi Mouawad, la famille hante actuellement notre blog. Dans la critique de Sel (article ci dessous), elle est comparée à cette mer dont on « veut s’éloigner » mais qui nous rattrape malgré nous : « son immensité impose sa présence ». Dans Forêts, dernière pièce de la trilogie de Wajdi Mouawad qui, dimanche 19 septembre, clôturait à Chaillot une tournée internationale de 4 ans, elle est un océan.

Loup voudrait tout faire pour rayer son passé. Sa mère, Aimée, est morte de l’avoir laissée en vie. Comment vivre avec un crime qu’on ne saurait réparer parce qu'on ne l’a pas commis ? Gothique colérique, Loup en veut en monde entier, son adresse mail suffit à en attester : [email protected]. Sa vie d’adolescente canadienne pourrait continuer tranquillement ainsi, entre colère et dégoût, s'il n'y avait pas cet pas cet os dans son histoire, ce petit os que les médecins ont extrait de la tête de sa mère et qui fut cause de sa tumeur. Monsieur Dupontel, archéologue français, tient à en savoir plus sur ce corps étranger : il semble lié à un crâne retrouvé par son père en 1946. Et Dupontel fils a fait une promesse : soulever le mystère de ce crâne sans mâchoire. Cependant, ce serment semble incompatible avec celui que Loup a formulé devant sa mère mourante : laisser sa tête tranquille et l’enterrer telle quelle. Lequel des deux sera parjure ?

L’on retrouve dans Forêts le schéma dramatique à l’œuvre dans Incendies : des jeunes personnes tombent sur des « os » qui vont les obliger à parcourir leurs généalogies. A chaque fois, pour remonter le temps, ils traversent l’océan, trouvant en Europe les racines qui les enchaînaient malgré eux à un mal de vivre mystérieux.

Sur la page d’accueil de son blog, Wajdi Mouawad compare l’artiste à un scarabée qui se nourrit d’excréments pour tirer la substance nécessaire à la production de sa superbe carapace. Cet artiste est sûrement Wajdi Mouawad, ce qui expliquerait sans doute pourquoi Incendies, œuvre la plus intime, la plus libanaise, est aussi la plus émouvante (comparée à Forêt pour le moins). Ce s artistes sont aussi tous les jeunes héros du dramaturge : les excréments, éléments naturels auxquels nous ne pouvons échapper, sont nos tares, nos héritages familiaux qu’ils nous faut sublimer afin que nos carapaces, -dans Forêts le manteau rouge de Loup- réfléchissent la lumière.

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