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Where the oceans end de Cocoon : Itinéraire d'une rencontre

Publié le 30 septembre 2010 par Notsoblonde @BlogDeLaBlonde

cocoon nouvel album

 

 

2007 

 Le premier album de Cocoon "My friends all died in a plane crash" parait. Je l'ai tout de suite beaucoup aimé. Et beaucoup écouté. Sans m'emballer spécialement pour les "tubes" qui ont fait par la suite la renommée du groupe et ont souvent fini en accompagnement sonore de campagnes de promotions de toutes sortes (choix parfois limite selon moi). Ma préférence a toujours été pour leurs morceaux plus sombres, petites pépites de mélancolie (en)chantée.

2007 - 2010

J'assiste comme tout le monde à l'explosion du phénomène Cocoon et à l'euphorie générée par ce duo dont les plus grandes réussites sont à mon sens les morceaux torturés et qui pourtant séduit les foules avec ses titres les plus légers, délicieux il est vrai de suavité et de positivité. J'observe un peu ahurie  tout ce qui se met en place autour de Cocoon, ce délire à base de pandas-gentils et de hordes-de-fans-dégoulinants-d'une-sympathie-particulièrement-démonstrative.

Mai 2010

Le n°14 de Vox Pop parait avec une interview du duo clermontois. Interview particulièrement intéressante puisque Morgane et Mark y livrent leurs sentiments concernant le tour qu'ont pris les évènements pour eux et le fait, justement, que leur image leur ait un peu échappé en route.

Extraits : "La gentillesse, je revendique ça sans honte, mais le côté mièvre, ça me saoule à la longue. On a été dépassés par notre image : embrasser des animaux sur les pochettes,etc...Les vidéos avec les pandas c'est devenu complètement ridicule à la longue (..) Y'a des fois, je me sens comme un gros casimir avec un ukulelé. Il va falloir qu'on bascule vers quelquechose de moins mignon et inoffensif, si l'on ne veut pas devenir aigris. (...) Nous on est les doudous des gens, c'est malsain".

Je prends note de tout ça et me dis au passage que l'album à paraitre réservera sans doute de jolies surprises qui, si elles ne sont pas musicales, devraient trancher côté "image du groupe".

A la même période, Cocoon est annoncé à Paris début juillet dans le cadre du festival Days Off pour deux dates. La première correspond à Let It Be Live, hommage choral à l'album éponyme des Beatles où ils doivent partager l'affiche, entre autres, avec Mathias Malzieu et Camille O'Sullivan. La seconde est un concert où ils sont annoncés seuls pour reprendre le répertoire de Nick Drake. Mon affection pour la musique de ce groupe et mon intérêt pour les deux projets dans lesquels ils se sont engagés me poussent à prendre une place pour chacun d'eux. J'ai alors très hâte de voir ce que peut donner sur scène le virage annoncé dans la presse quelque temps plus tôt.

 

Fin juin 2010 

 Peu de temps avant ces deux concerts, le groupe annule sa participation, pour raisons médicales. Il sera remplacé par Coming Soon sur le projet "Let it be Live" et le concert-hommage à Nick Drake sera simplement ajourné.

Fin de printemps - Début de l'été 2010.

Le nouvel album de Cocoon est annoncé. Des bruits courent selon lesquels il s'agirait de l'histoire d’un garçon qui rencontre une baleine millénaire prénommée Yum Yum (ce qui veut dire Miam Miam), qui avalerait les cauchemars et les problèmes des gens pour recracher du bonheur. Elle l'emmène sur son dos pour faire un voyage à travers les océans du monde entier. A la fin de ce voyage le garçon est devenu adulte et a fait plusieurs choix.

 Ok. J'encaisse la nouvelle comme je peux. En guise de rupture d'image, ça se pose là il me semble. Plus de pandas et de chupa-chups mais une baleine gobe-cauchemar qui vole. Sur le moment, j'esquisse un sourire. Et puis je me ravise. Il y a de la poésie là dedans. Peut être que la présentation laisse entendre qu'il s'agit d'un projet à l'image très lisse et consensuelle mais...tout dépend de la façon dont est traité le sujet après tout.  A ce stade, je n'en peux plus d'attendre la surprise de l'album.

06 septembre 2010. Sortie du single Comets et du clip associé.

Le jour venu je suis prête à me prendre une claque en découvrant le nouvel univers esthétique du groupe. Alors là, les mots me manquent. Les premiers instants me laissent penser qu'il s'agit de second degré et que la découverte fortuite de la carte au trésor et son très ostensible époussettage-désensablage ahurissant d'inutilité me donnent envie d'hurler. Mais je me retiens. Et j'attends la suite. La rencontre des deux naufragés avec la baleine mécanique volante me parait cohérente compte tenu de ce qui est annoncé concernant le contenu de l'album. L'humidification inutile et tout aussi ostensible de l'animal par Morgane, je n'en comprends pas l'utilité. Bon sang, mais qui a réalisé ce clip? Les artistes ont ils eu un droit de regard sur les images et le montage final? J'avoue que je suis perplexe.

D'autant que je trouve les images trop réalistes et froides par rapport à la dimension fantastique de l'aventure, avec des passages franchement désolants comme la restitution de l'escalade du cétacé providentiel par Mark qui est, selon moi, une scène assez ratée.

Je suis déçue parce que j'ai l'impression que ce morceau qui a tout pour faire un tube méritait mieux. Et qu'à la lecture de l'interview de la fin du printemps dans vox pop, j'ai dans l'idée que l'esthétique associée au projet n'est pas forcément en adéquation avec ce que souhaitait le groupe.

15 septembre 2010. 

Quand je découvre que la poste m'a apporté le nouvel album de Cocoon, je manque de défaillir.  Je grimpe les escaliers 4 à 4 et libère l'immense cadeau de son enveloppe grand format.

Oui parce que ce n'est pas juste un CD que je reçois. C'est la version de démonstration de l'album : objet somptueux s'il en est, quelques photos disponibles dans ce billet, pour se faire une petite idée... (Pas de panique : La carte de navigation qui illustre l'intérieur de l'écrin grand format du CD de démo , où chaque île est un des morceaux de l'album, sera disponible avec la version de l'album commercialisée dès le 25 octobre en version pliée-glissée dans le livret ;-)

cocoon-1 copie

Ni une ni deux je glisse le CD sur la platine et j'écoute. Ravie.

Ravie parce que les bouffées de mièvrerie (oui n'ayons pas peur des mots, c'est celui qui me vient en premier) qui émanent du clip sont absentes de l'album. Tant dans son esthétique que dans le contenu musical, le second album de Cocoon me rassure. J'y retrouve ce qui m'avait tant plu chez eux : ces mélodies touchantes  incroyablement efficaces quand il s'agit de plonger l'auditeur dans un état de torpeur mélancolique ou, au contraire, de provoquer chez lui un irrésistible sourire de contentement. Certains passages en rappellent d'ailleurs très directement d'autres, du premier album (l'intro de Yum yum par exemple). Les arrangements sont souvent plus travaillés et donnent une profondeur inédite et bienvenue à certains titres avec des envolées de violons qui envoutent littéralement (Yum Yum) mais on se plait aussi à retrouver le dépouillement qui accompagnait si bien certains textes sur l'album précédent. 

Au bout de cette histoire à rebondissements se trouve ma rencontre avec le dernier album de Cocoon et c'est une bien jolie rencontre. "Where the oceans end " est une invitation au voyage dans l'imaginaire fertile de Cocoon, qui ne surprendra pas ceux qui avaient aimé "My friends all died...." car il s'inscrit dans la continuité du chemin artistique dans lequel le duo s'était engagé, un chemin riche et poétique. Il déçevra peut être un peu ceux qui s'attendaient à voir le groupe opérer un virage net dans son orientation esthétique mais là n'est pas l'essentiel et si l'image est un support qui semble de plus en plus important pour faire connaitre sa musique, la différence se fait à l'écoute attentive des productions et celle-ci ne déçoit pas, au contraire.

Et pour ma part j'avoue que, si le premier clip m'a franchement déçue, le gros travail réalisé sur la conception de l'album me séduit. D'autant plus qu'une éventuelle déclinaison de l'album en film d'animation est envisagée. D'ailleurs je me prends à rêver et j'imagine ce que cette première vidéo aurait pu donner en version tout-en-images-de-synthèse à l'image de certains clips du dernier album de Dionysos (dont l'adaptation du roman-album "La mécanique du coeur" est en cours de réalisation).

 Je regrette peut être un peu le manque d'audace mais s'agit il vraiment de frilosité ou de fidélité à ce qu'est vraiment le groupe, au fond? La question reste entière.

Je ne pense pas que Cocoon tranchera avec l'image de doudou musical qu'il s'est forgé bien malgré lui ces dernières années avec cet album mais le public sera au rendez vous et rassuré. On retrouve dans cet opus à paraitre le 25 octobre tous les ingrédients qui ont fait le succès du duo formé par Morgane et Mark : des comptines mélancoliques soignées (Sushi,Mother) et des morceaux rafraichissants d'une redoutable efficacité (Comets, Dee Doo) qui s'inscrivent directement dans la lignée des tubes qui ont fait leur succès (Chupee, On my way).

Les titres de cet album, à paraitre le 25 octobre 2010, dessinent un ensemble harmonieux qui joue sur la corde sensible de chacun. Si Morgane et Mark semblent si familiers à leur public qui se croit du coup autorisé à se montrer particulièrement envahissant (ils le regrettaient dans l'interview donnée au printemps dernier à VoxPox) c'est aussi un peu à cause de ça sans doute  : leurs textes font échos à nos tourments intimes, leurs mélodies touchent droit au coeur et réveillent l'enfant qui est tapi en chacun. Avec ce dernier album, plutôt que de remettre en question leur statut de groupe chouchou-doudou indétrônable, ils risquent au contraire de le conforter. Pour le plus grand plaisir de tous ceux qui sont tombés amoureux de leur univers  subtil et doux et de leurs mélodies sucrées juste ce qu'il faut. Ce deuxième album devrait permettre à Cocoon de gagner ses galons de groupe-avec-lequel-il-faudra-compter-à-l'avenir et lui permettre d'assumer sans complexe son statut d'icône musicale du moment.

Bon, et puis cet album parait à l'automne, en cette saison où l'on ne rêve tous que de se lover dans un cocon ouaté pour ne pas avoir à affronter les premiers frimas. Un gros pull, un fauteuil moelleux et le sifflement de la bouilloire au loin, Where the oceans end en fond sonore : Vous avez là la panoplie idéale pour remédier à la dépression saisonnière. Vous n'avez qu'à vous laisser emporter!

Tracklist :

Sushi/Comets/Dee Doo/Yum Yum/Mother/ Oh my god/Super Powers/Cathedral/Sea Lion II (I will be gone)/Dolphins/Baby seal/In my boat

Mon top 3 :

1.  Sea Lion (I will be gone) pour ses envolées de violon lyriques

2.Dee Doo pour sa rythmique ravageuse et la belle place faite à la voix de Morgane sur ce titre.

3. Cathedral pour la beauté de son style épuré

(A noter que mes N° 1 et 3 me semblent être marqués de l'empreinte de Sufjan Stevens et ce n'est sans doute pas un hasard s'ils figurent tous deux dans mon top 3)


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