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La halle

Par Jlhuss

Pensée légère pour lendemain de fêtes

Un marché c’est toute la terre pour l’Homme, temple de la Mainmise, autel des Oblations, tabernacle de la Voracité : le Sapiens s’avance en majesté parmi les fruits et les légumes, la chair et le poisson, le lait, le beurre, les œufs et le plaisir de vérifier deux fois par semaine que le seigneur a droit de vie et de mort en ses domaines.

Ailes de dinde cherchent cuisses pour tenter de courir encore, mais cette fois pas si bêtes : hors de portée de la fermière, qui ne les choyait que pour les plumer. Homard breton aimerait bien choper de ses pinces sans élastiques la blondasse qui le manipule, et d’un grand coup de queue regagner une mer sans casiers. Tête de veau, se languissant du pis gonflé de sa bouseuse, troquerait volontiers le persil contre l’herbage, mais loin du maquignon avec sa petite tape sur la croupe, mère de toutes les traîtrises.

La tomate et la poire sont ce qu’elles sont : sans âme et sans ressentiment, offertes impassibles à l’étalage comme sur la branche. La dent, qui les guette aussi bien que la mangue ou la frisée, ne leur fait ni chaud ni froid. Vous les pelez, tranchez, ébouillantez sans éprouver la jouissance du barbare. Mais à cette belle âme vous ne gagnerez, végétariens, que le soupçon d’avoir du sang de navet.


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